Couple organisant ses finances. La femme est transgenre et l'autre membre est non binaire.
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Les couples où la femme gagne davantage que son partenaire sont plus susceptibles de se séparer, révèle une étude récente de l’Institut national d’études démographiques (INED).

Lorsque la femme est la principale source de revenus, c’est-à-dire qu’elle contribue à plus de 55 % des revenus du ménage, le risque de rupture augmente d’au moins 11 % par rapport aux couples aux revenus équilibrés. Ce risque peut même grimper jusqu’à 40 % selon l’importance de la contribution financière de la femme, d’après cette étude parue en juin dans la revue European Journal of Population.

L’étude menée par les chercheures Giulia Ferrari, Anne Solaz et Agnese Vitali s’appuie sur les données de plus de 100 000 séparations en France sur une période de six ans. Parmi les couples étudiés, le revenu le plus important est apporté par l’homme dans 49,3 % des cas, 20,5 % ont des revenus égaux et dans 13,7 % la femme est la principale contributrice. Les revenus du couple sont assurés entièrement par la femme dans deux couples sur 100 et par l’homme dans 14,5% des cas.

Cette recherche souligne une réalité de plus en plus courante : en 2017, dans un quart des couples hétérosexuels français en âge de travailler, la femme gagnait plus que son partenaire, contre un sur cinq en 2002. Cette évolution s’explique notamment par l’augmentation du niveau d’éducation des femmes et leur accès à des postes mieux rémunérés.

Cependant, ce bouleversement des rôles traditionnels semble provoquer des tensions. Le fait qu’une femme gagne plus que son conjoint peut être perçu comme un défi aux normes de genre classiques, où l’homme est souvent vu comme le soutien financier principal. Cela pourrait exacerber des tensions dans la dynamique du couple, conduisant à un risque plus élevé de séparation, signalent les chercheures.

Une autre explication avancée est que les femmes, devenues plus indépendantes financièrement, se sentent plus à l’aise à l’idée de quitter leur conjoint si elles ne se sentent plus épanouies dans la relation.

Le phénomène touche toutes les tranches d’âge et catégories socio-professionnelles. Contrairement à certaines études internationales, qui montrent une diminution de cet effet chez les jeunes générations, cette tendance reste bien présente en France.

Les jeunes couples, qu’ils soient mariés, en union libre ou en partenariat enregistré (Pacs), semblent cependant plus stables lorsqu’ils travaillent tous les deux et contribuent de manière égale aux revenus du ménage.