« L’industrie financière change très rapidement et, lorsqu’une femme termine son congé de maternité, il peut être difficile pour elle de réintégrer ses fonctions. Certains pays exigent que les hommes prennent leur congé de paternité », souligne Florence Narine, vice-présidente senior et chef des produits chez Placements AGF, une des conférencières réunies dans le cadre du déjeuner de Women in ETFs, une organisation qui compte près de 300 membres au Canada.
Cette pratique, mise en place dans des pays comme la Finlande, la Norvège, la Suède et l’Allemagne, permet de réduire les biais inconscients qui désavantagent les femmes au moment de l’embauche.
« Lorsqu’elles pensent à engager une femme, certaines entreprises peuvent être tentées de se demander tout de suite combien de congés de maternité la candidate prendra. En obligeant tout le monde à quitter le travail temporairement pour élever leurs enfants, on réduit l’influence des biais inconscients », ajoute Florence Narine.
Selon une étude commandée par la Banque de Montréal, les femmes sont six fois plus susceptibles que les hommes de s’absenter du travail pour prendre soin de quelqu’un, de dire non à une promotion ou d’emménager avec la personne de qui elles doivent prendre soin.
« Ça peut avoir une influence incroyable sur la carrière d’une femme. Elles ont besoin d’avoir un réseau pour les supporter, indique Erika Toth, vice-présidente chez FNB BMO. Je me rappelle, lorsque j’étudiais pour obtenir mon titre de CFA tout en travaillant 60 heures par semaine, je n’aurais jamais réussi sans l’aide de mon conjoint pour cuisiner, faire le ménage et s’occuper du chien! »
Pour progresser dans leur carrière, les femmes ont donc non seulement besoin de pouvoir concilier travail et famille dans leurs propres fonctions professionnelles, mais également que leur conjoint ait, de son côté, la marge de manœuvre nécessaire au travail afin de les aider.
« Lorsque ma femme a eu notre deuxième enfant, j’ai décidé de ne pas aller au travail avant 10h00 chaque matin afin de l’aider pendant six semaines pour lui permettre de récupérer de sa césarienne, raconte Atul Tiwari, directeur général et chef de Placement Vanguard Canada. Elle pouvait se reposer alors que je préparais notre fils aîné pour l’école. Pendant six semaines, je n’ai pas eu de réunion le matin avant 10h00. »
Les femmes elles-mêmes ont aussi un rôle à jouer dans leur progression dans le secteur, rappelle Florence Narine : « Les hommes ont tendance à dire oui sur-le-champ et à trouver par la suite comment ils vont y arriver. C’est quelque chose que les femmes doivent apprendre à faire. On ne peut pas jouer à la loterie après que le billet gagnant ait été tiré. Il peut arriver qu’elles hésitent et, le temps qu’elles se décident, l’opportunité a disparu.»