Ce FNB d’Horizons contourne tous ces problèmes : transaction quotidienne comme pour tout FNB, frais de gestion relativement modestes de 0,95 %, pas de commission de transaction, couverture de la monnaie canadienne et, surtout, aucun besoin de qualification particulière. Si l’investisseur achète le fonds par l’entremise d’un planificateur, les frais de gestion passent alors à 1,70 %, de façon à pouvoir payer au conseiller une commission de suivi de 0,75 %.

Vaste panoplie

L’indice MBHFI de Morningstar est composé de 543 fonds de couverture, soit 230 G$ d’actif sous gestion, selon une analyse de Pat Chiefalo, directeur, services financiers, à la Financière Banque Nationale, à Toronto. Y sont représentées une vingtaine de stratégies de couverture : arbitrages divers (acquisitions, dette, convertibles), écarts de monnaies, actions avec vente à découvert, titres en détresse, etc.

Créé en 2003, l’indice de Morningstar présentait à son lancement un rendement annuel moyen de 7,03 %, 77 mois ayant accusé un rendement positif, et 33 mois, un rendement négatif, la chute la plus marquée ayant été de seulement 17 %. Son rendement depuis 2007 est très légèrement inférieur à celui du S&P/TSX 60, mais supérieur à celui du S&P 500. Son principal avantage, fait ressortir Jean-André Le, directeur du développement chez iShares Canada, tient à un rendement comparable à celui du marché des actions, mais avec la moitié de la volatilité. «Sa volatilité est de 8 à 8,5 % par an, alors que celle des actions se situe entre 18 et 20 %», dit-il.

Par ailleurs, la corrélation au marché des actions est passablement élevée. «La comparaison des rendements passés du MBHFI avec les obligations ne révèle pratiquement aucune corrélation, ce qui est souhaité. Celle avec les actions donne des corrélations plus fortes, qui vont de 67 à 82 %. Nous aurions préféré une corrélation moindre avec les actions. Les corrélations plus élevées diluent les avantages de la diversification», fait ressortir le rapport de Pat Chiefalo.

Tout sur l’«instrument»

L’investisseur qui achète le HHF doit comprendre que ce n’est pas tout à fait l’indice de Morningstar qu’il se procure. C’est plutôt un instrument mathématique et statistique de réplication dont la composition assez complexe tente de reproduire le plus fidèlement possible le comportement du MBHFI.

Il faut savoir que le HHF n’investit pas dans des titres de fonds de couverture, contrairement à la majorité des FNB, qui se présentent comme des paniers de titres reproduisant le plus fidèlement possible l’univers de titres de leur indice de référence. Le HHF reflète plutôt les mouvements d’un instrument constitué d’une vingtaine de contrats à terme dans autant de secteurs (pétrole et énergie, monnaies, actions, produits de base, etc.) Et ce sont les mouvements de ces contrats que l’instrument calcule de façon à «répliquer» les rendements généraux de l’indice MBHFI.

Car les positions propres des fonds de couverture à l’intérieur de l’indice MBHFI sont tenues secrètes par leurs gestionnaires respectifs. L’instrument mis au point par la FBN est un proxy, ou un ersatz, pour reprendre l’expression de son créateur, Pierre Laroche. En faisant varier la performance des différents secteurs où s’affairent les fonds de couverture et en faisant varier leur proportion à l’intérieur d’un portefeuille, on parvient à copier assez fidèlement le tracé de l’indice MBHFI. Mais ce n’est pas une science exacte. «En raison d’un ratio de frais de gestion (RFG) de 0,95 %, écrit Pat Chiefalo, des coûts de négociation supplémentaires et de la structure synthétique fondée sur une méthodologie de réplication, nous nous attendons à une erreur de réplication importante par rapport à l’indice MBHFI.»

À cette inexactitude s’ajoute un risque de contrepartie. «Le FNB se procure le rendement de l’indice de réplication Nexus par un contrat à terme avec une banque contrepartiste (Banque Nationale), plutôt que par l’achat direct de l’actif sous-jacent, explique Pat Chiefalo. La contrepartie s’engage à payer au FNB le rendement de l’indice de référence en échange du rendement d’un panier de référence et d’une commission de montage.»

Sauf pour les quelques réserves signalées précédemment, Pat Chiefalo voit d’un oeil favorable le nouveau FNB de Horizons, surtout sur le plan de son rapport risque-rendement, qu’il juge «solide».

Cependant, est-ce le bon instrument pour suivre le monde des fonds de couverture ? Pas sûr, juge Yves Rebetez, président d’ETF Insight, à Toronto. «Je préférerais investir dans un groupe plus concentré qui présente une feuille de route de rendement supérieur et de protection accrue», dit l’analyste. Malheureusement, un tel indice plus sélectif ne semble pas encore exister.