D’abord, en règle générale, le client en quête de FNB traditionnels qui reproduisent le rendement de grands indices boursiers comme le S&P 500 ou le S&P/TSX serait mal inspiré de regarder du côté de ces petits acteurs.

«Tout cela est amplement couvert par les iShares, les Vanguard et les BMO de ce monde, dit Dan Hallett, vice-président et associé, gestion d’actifs, chez HighView Financial Group, à Oakville. Il serait insensé pour les petits acteurs de lancer un fonds qui suit le S&P 500. Ils ne peuvent tirer leur épingle du jeu qu’en se distinguant par une offre unique qui répond à des besoins spécifiques des investisseurs.»

Ainsi, la plupart des produits des fournisseurs qui ont une faible part de marché visent des secteurs moins courus (marchés des investissements alternatifs comme l’immobilier et les infrastructures, pétrole, divers secteurs économiques). Ils le font en adoptant des approches plus actives que passives, qui vont de la gestion à base de règles – ou factorielle – à la gestion active discrétionnaire, en passant par la gestion à bêta judicieux.

Ils suivent parfois un indice, mais en y faisant une sélection spécifique de titres, et parfois, ils composent un panier de titres et le modifient en fonction de règles de sélections affichées ou non.

Yves Rebetez, président de ETF Insight, est sceptique quant à la surperformance potentielle des modèles de gestion active. Sur une période de cinq ans, écrit-il sur son site Internet en se référant à une étude récente, «une majorité de gestionnaires dans la plupart des catégories ont moins bien performé que les indices de référence».

Auspice Capital Advisors

Actif sous gestion : 23,4 M$

Part de marché : 0,03 %

Chef : Tim Pickering

Siège social : Calgary, Alberta

Auspice compte pour l’instant un seul FNB, lancé en mai 2015, qui suit un indice du prix du pétrole canadien (CCX) et pour lequel le ratio de frais de gestion (RFG) s’élève à 0,65 %. Un tel mandat est cohérent avec l’expérience du président fondateur, Tim Pickering, anciennement vice-président, négociation, chez Shell North America.

La firme se présente comme un gestionnaire de stratégies alternatives et un créateur d’indices liés surtout aux secteurs des produits de base. «Il s’agit nettement d’un acteur de niche, et il faut vraiment vouloir investir dans les tendances du prix du pétrole canadien», dit Rudy Luukko, rédacteur, Investissement et finances personnelles, chez Morningstar Canada.

Le jugement de Dan Hallett est plus tranché. «C’est un FNB qui a recours à des dérivés financiers, conçu pour spéculer sur le prix du pétrole. Je ne vois pas comment un conseiller en services financiers pourrait ajouter de la valeur en jouant dans un secteur aussi spécialisé.»

First Trust Portfolios Canada

Actif sous gestion : 286,5 M$

Part de marché : 0,34 %

Chef : Fraser Howell

Siège social : Chicago, Illinois

Parmi les petits acteurs, ce fournisseur offre un des choix les plus étoffés : 17 FNB, pour lesquels le RFG oscille entre 0,60 % et 0,85 %. Son approche «combine les bénéfices de la gestion active et de la gestion passive», note le site ETF Insight.

La firme a recours à sa méthode exclusive AlphaDEX, à base de facteurs. Celle-ci sert à faire une sélection de titres, dans l’univers des titres financiers par exemple, et à en extraire un indice maison qu’un FNB suit.

Cette méthode «filtre les titres de façon à en optimiser certains facteurs comme la liquidité, le rendement en dividende, le potentiel de croissance, de façon à surpasser la performance des marchés, indique Rudy Luukko. Mais ils se gardent aussi une marge discrétionnaire, entre autres, le recours à des options d’achat couvertes. C’est un hybride intéressant qui combine une stratégie à bêta judicieux et la gestion active.»

First Trust est un courtier indépendant qui a démarré ses activités aux États-Unis en 1991, inaugurant ses activités au Canada en 1995. Outre sa famille de FNB, la firme gère aussi des FCP, des produits structurés et des sociétés d’investissement à capital fixe.

Lysander Funds

Actif sous gestion : 12,1 M$

Part de marché : 0,014 %

Chef : John P. Carswell

Siège social : Toronto

Lysander Funds offre un seul FNB dont le symbole boursier est PR, qui investit dans une niche de marché peu fréquentée : les actions privilégiées canadiennes. Lancé en août dernier, son RFG est de 0,65 %.

Fondée en 2009, la firme est une filiale de Canso Investment Counsel, de Toronto, et mène des activités à titre de promoteur et de distributeur de fonds gérés par des partenaires indépendants.

«Les caractéristiques du marché des actions privilégiées sont propices à une gestion active, car c’est un marché mû surtout par les investisseurs individuels où l’on trouve beaucoup d’inefficacités», fait ressortir Dan Hallett.

Toutefois, la présence d’un seul fonds le met sur ses gardes à l’endroit de ce fournisseur, car il n’y a pas d’autre fonds d’une même famille vers lequel l’investisseur puisse se déplacer.

Purpose Investments

Actif sous gestion : 756,1 M$

Part de marché : 0,9 %

Président : Som Seif

Location : Toronto

Fort de ses 20 FNB, Purpose est le plus important des petits fournisseurs canadiens de FNB. Dans son offre très variée, trois aspects ressortent : ses stratégies alternatives axées sur les actifs physiques, un FNB investi dans les titres immobiliers, et enfin, les cinq premiers FNB constitués en société au Canada, une structure plus avantageuse sur le plan fiscal. Purpose exerce une gestion à base de règles, et non une gestion active. À l’aide de filtres de sélection, certains de ses FNB «visent une performance absolue affichant une faible corrélation avec les autres actifs d’un portefeuille», indique Daniel Straus, expert en FNB à la Financière Banque Nationale.

De création récente, Purpose s’appuie sur une équipe de 16 gestionnaires d’envergure, dont le président fondateur, Som Seif. Ce dernier avait créé la firme Claymore Investments Canada en 2005, recueillant un actif sous gestion de 8 G$ réparti entre 34 FNB, avant de la vendre à BlackRock en 2012, l’année où il a fondé Purpose.

Questrade Wealth

Management

Actif sous gestion : 18,9 M$

Part de marché : 0,022 %

Chef : Edward Kholodenko

Siège social : Toronto

Malgré ses huit FNB sectoriels, Questrade gère un des actifs les plus faibles parmi les petits manufacturiers. Ses fonds ne sont disponibles que depuis mars dernier. Leur RFG est de 0,70 % et de 0,75 %, selon les fonds.

Deux de ses FNB sont des composés spécifiques à Questrade, activement gérés, dans les secteurs des actions globales et des titres à revenu fixe canadiens. Les quatre autres sont basés sur divers indices Russell : Russell Midcap Value Index, ou Russell 1000 Technology Index, etc. La firme est donc la seule à arrimer la majorité de ses FNB à des indices généraux de marché. «Ce n’est pas la façon traditionnelle de suivre un indice, mais cela reste une approche passive», souligne Rudy Luukko. À noter : dans un de ses fonds, Questrade a recours aux conseils de Jarislowsky Fraser.

Questrade est une filiale à part entière de Questrade Financial Group, propriétaire aussi du courtier à escompte en ligne Questrade, en activité depuis 1999 et que plusieurs observateurs considèrent comme un robot-conseiller. Edward Kholodenko a été nommé Entrepreneur de l’année 2014 en Ontario par EY.

Sprott ETFs

Actif sous gestion : n.d.

Part de marché : n.d.

Chef : Eric Sprott

Siège social : Toronto

Le spécialiste canadien des métaux précieux a lancé en juillet 2014 deux FNB axés sur les titres de sociétés aurifères, le Sprott Gold Miners ETF (SGDM) et le Sprott Junior Gold Miners ETF (SGDJ). Les deux fonds ne sont disponibles que sur le parquet du New York Stock Exchange (NYSE), ce qui explique l’absence de données quant à leur actif sous gestion. Le RFG du SGDM s’établit à 0,57 %, et celui du SGDJ n’est pas disponible sur le site Internet.

La société mère, Sprott Asset Management, très présente dans les métaux précieux, compte également des FCP dans d’autres secteurs : actions canadiennes, infrastructures, énergie, agriculture. Certains de ces FCP ont particulièrement souffert ces dernières années. L’actif sous gestion de Sprott est passé de 9,9 G$ en décembre 2012 à 7,8 G$ au 30 juin 2015.

En collaboration avec Zack Index Services, Sprott a mis au point un indice spécifique à chaque FNB. Les 30 à 40 titres qui composent ces indices sont répartis selon un jeu de règles qui privilégient la croissance des revenus et le momentum des prix.

La performance de ces deux FNB depuis leur création n’est guère brillante. Par exemple, le SGDM accuse un rendement de – 49,35 % depuis sa création. Et le verdict de Dan Hallett à leur égard est le même que pour les fonds d’Auspice : c’est une chasse gardée pour les spécialistes qui veulent spéculer sur le prix de l’or, et ces FNB sont peu susceptibles d’apporter de la valeur à l’offre d’un conseiller.