Après une tentative manquée de se mettre en vente et une panne informatique qui s’est étirée sur plusieurs jours, la Banque Laurentienne est la banque canadienne qui a vu ses dépôts bancaires fondre le plus rapidement en août et septembre.
La taille des dépôts bancaires à la Laurentienne a reculé de 3,3 % en août et septembre pour s’établir à 8,7 milliards de dollars (G$), selon des données du Bureau du surintendant des institutions financières.
C’est la plus importante baisse relative d’un échantillon qui comprend les six grandes banques canadiennes et les deux plus importantes banques régionales (la Canadian Western Bank et la Banque Laurentienne).
La Laurentienne assure que ses assises financières sont solides. « La Banque Laurentienne est dans une position solide en termes de capital et de liquidités, a répondu son porte-parole, Merick Séguin, dans une déclaration envoyée par courriel. Ses sources de financement et sa base de dépôts sont stables et diversifiées. »
L’institution financière est dans une période de silence et doit publier ses prochains résultats financiers le 7 décembre.
En moyenne, la taille des sommes déposées dans les comptes d’épargne bancaires canadiens a reculé de 1,5 % durant les mois d’août et septembre. La Canadian Western Bank, la Banque Laurentienne et la Banque Nationale affichent une baisse. Les dépôts sont stables à la Banque de Montréal, tandis que les quatre autres institutions financières affichent une modeste progression.
Un exode des dépôts est le « plus grand risque » sur le chemin de la Banque Laurentienne, qui affronte de nombreux vents de face, juge l’analyste Gabriel Dechaine, de Financière Banque Nationale, qui émet une recommandation de « sousperformance ».
L’analyste juge que la panne informatique qui a paralysé la banque pendant plusieurs jours à la fin septembre et a conduit au départ de sa cheffe de la direction, Rania Llewellyn, n’est pas en cause dans le mouvement observé en août et septembre. « C’est difficile de conclure que le déclin est attribuable à la panne informatique qui a frappé la banque à la fin septembre alors que la Canadian Western Bank a connu un recul d’une ampleur comparable », note Gabriel Dechaine.
Des vents contraires
Rania Llewellyn était arrivée en poste en 2020 pour redresser la Laurentienne au moment où elle avait un important retard technologique. Sous sa gouverne, la banque a rattrapé une partie de ce retard, notamment avec le lancement de son application mobile. Elle est aussi parvenue à atteindre certaines cibles de rentabilité.
Ces efforts ont toutefois été ralentis par le récent contexte difficile pour l’industrie bancaire. La Banque Laurentienne a lancé en juillet un processus d’examen stratégique qui aurait pu aboutir sur la vente de l’institution. La banque n’a pas été en mesure de trouver un acheteur.
La panne informatique de plusieurs jours à la fin septembre a forcé le départ de Rania Llewellyn au début du mois d’octobre. Elle a été remplacée par Éric Provost. Sa priorité « immédiate » « sera de rétablir la confiance avec les clients de la Banque et de traiter les conséquences de la panne du système central qui s’est produit la semaine dernière », avait-il déclaré le jour de son entrée en poste.
Les dépôts bancaires sont la source de financement la plus abordable pour une institution financière tandis qu’elle doit verser des intérêts plus élevés sur les dépôts fixes comme les certificats de placement garanti (CPG) et sur ses obligations d’entreprise.
Si des clients mécontents de la Laurentienne transfèrent leurs comptes d’épargne, ses marges s’en trouveront sous pression, prévient Gabriel Dechaine. Il souligne que la banque montréalaise est plus généreuse que les six grandes banques canadiennes avec les intérêts qu’elle verse sur les CPG afin de rester « concurrentielle ».
Il ajoute que le coût de financement sur les marchés financiers est aussi plus élevé au moment même où les agences de notation évoquent des perspectives plus négatives pour l’institution financière.
Les investissements liés à la panne informatique pourraient aussi exercer une pression sur les marges, ajoute-t-il. « Le remède pourrait inclure des investissements en technologie, mais aussi des dépenses pour retenir les clients. »