Plus de cinq ans après des fuites massives de renseignements personnels chez Desjardins, la Sûreté du Québec (SQ) a annoncé jeudi l’arrestation du principal suspect dans cette affaire, Sébastien Boulanger-Dorval, âgé de 42 ans, qui travaillait au département de marketing de la coopérative jusqu’en 2019.
Quatre autres suspects ont été arrêtés, a annoncé la SQ jeudi. Il s’agit de Jean-Loup Masse-Leullier, 32 ans, François Baillargeon-Bouchard, 35 ans, Laurence Bernier, 29 ans, et Charles Bernier, 31 ans.
Ils font face à des accusations, notamment de fraude, de vol d’identité et de trafic de renseignements identificateurs.
Ces arrestations, dans le cadre de l’enquête Portier, sont liées au « vol et la revente de renseignements personnels des 9,7 millions de membres et clients du Mouvement Desjardins ».
« Amorcé en juin 2019, le projet Portier visait à retracer les individus ayant volé, utilisé et distribué à des fins frauduleuses les listes de données nominatives », peut-on lire dans le communiqué de la SQ.
Trois suspects n’ont pas encore été localisés. Des mandats d’arrestation ont été émis contre eux.
« Le projet Portier a permis de mettre en lumière la manière dont les suspects ont obtenu les renseignements personnels, de quelles façons ces renseignements personnels ont ensuite été transigés entre les suspects et comment ces listes ont été vendues à des individus malveillants opérant plusieurs stratagèmes de fraude », a expliqué un porte-parole de la SQ, Benoît Richard, jeudi à Québec.
« Le projet Portier a aussi emmené la SQ à travailler sur plusieurs autres projets d’enquête. Certains de ces projets d’enquête sont déjà devant les tribunaux alors que d’autres sont toujours en cours », a-t-il ajouté.
Mercredi, le Service de police de Laval (SPL) a annoncé l’arrestation de trois autres suspects également liés à ce vol de données.
Deux rapports accablants
En décembre 2020, deux rapports accablants au sujet de la fuite de données qui avait touché plus de 9,7 millions de personnes au Canada et à l’étranger en 2019, dont près de 7 millions de Québécois, concluaient que Desjardins n’avait pas respecté plusieurs obligations que lui imposait la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé.
Le rapport de la Commission d’accès à l’information du Québec soulignait que la coopérative avait « manqué à son obligation de limiter l’accès aux renseignements personnels, notamment ceux qui sont sauvegardés dans les répertoires partagés ».
Sébastien Boulanger-Dorval, qui est à l’origine de la fuite, travaillait au sein de l’équipe marketing au siège social de Desjardins.
Celui-ci a eu accès à des renseignements personnels que ses droits d’accès aux bases de données ne lui permettaient pas d’obtenir, soulignait le rapport de la Commission d’accès à l’information.
Contrairement aux directives, ces renseignements confidentiels se trouvaient dans des répertoires partagés par l’ensemble des employés de l’équipe marketing.