Finance et Investissement (FI) : Alors que vous étiez premier vice-président et directeur général de la Financière Banque Nationale, c’est vous qui avez mis sur pied Gestion privée 1859.
Éric Bujold (EB) : Nous avons lancé Gestion privée 1859 en 2008-2009, en marge du 150e anniversaire de la Banque National. Depuis, nous avons connu un assez grand succès, principalement au Québec, où nous avons jusqu’ici investi le plus gros de notre énergie. Maintenant, nous sommes plus de 250 employés et nous sommes implantés dans plusieurs des régions importantes du Québec. En fait, nous couvrons très bien le marché des services de gestion privée.
Nous avons également un petit bureau-satellite à Toronto qui relève de Montréal. Nous n’avons pas encore mis beaucoup d’emphase sur Toronto, même si nous y desservons déjà une bonne clientèle qui cadre très bien avec notre clientèle type, mais nous avons l’intention de remédier à la situation incessamment. Notre choix en matière d’expansion s’est plutôt porté sur l’Ouest canadien et c’est la stratégie que nous mettons de l’avant depuis deux ans.
(FI) : Avec le lancement de votre projet WOW (West of Winnipeg), vous avez fait part de votre objectif d’ouvrir, à terme, une dizaine de succursales. Comment la mise en œuvre de votre plan se déroule-t-elle jusqu’ici ?
(EB) : Nous avons jusqu’ici ouvert deux grandes succursales phares, une à Calgary et une à Vancouver.
Notre stratégie consistait au départ à proposer une offre qui soit extrêmement compétitive. Nous avons donc travaillé très fort pour nous assurer que l’offre que nous avions déjà au Québec, et qui nous a fait connaître un immense succès, soit encore plus raffinée et aussi hautement compétitive dans le contexte des différentes réalités régionales du marché de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Nous avons également revu toute notre image pour bien marquer le fait que nous passions à une deuxième étape de notre développement.
Par la suite, nous avons cherché à recruter sur place, dans l’Ouest, des candidats possédant une bonne expertise et une bonne expérience, c’est-à-dire les meilleurs candidats de l’industrie. Aujourd’hui, nous comptons là-bas à 31 employés, soit une vingtaine à Calgary et une dizaine à Vancouver.
Finalement, nous voulions occuper les bons emplacements physiques. Ça, c’est le volet du modèle qui est différent de celui du Québec, puisqu’ici la gestion privée n’a pas pignon sur rue. À Calgary, nous avons déniché un emplacement iconique, stratégique et significatif, car c’était extrêmement important de démontrer que nous étions séreux. Ce fut la même chose à Vancouver, où nous avons trouvé un emplacement dans le secteur regroupant les magasins haut de gamme et là encore, notre design fait vraiment gestion privée.
(FI) : Est-ce que la situation économique touchant l’Alberta a eu un impact sur votre stratégie ?
(EB) : C’est un peu l’histoire qui se répète, car lorsque nous avons lancé Gestion privée 1859 en 2008-2009, l’économie se trouvait dans une situation difficile. Cette fois encore, nous observons une situation économique difficile. Pour ma part, je crois que c’est dans de telles situations que l’on peut créer le plus d’opportunités et se démarquer. Parfois, en temps de crise, certains clients vivent des relations plus difficiles avec leur institution financière, et c’est là qu’il devient possible de créer des opportunités.
(FI) : Vous aviez initialement évoqué un objectif d’accroitre votre actif sous gestion de 10 à 15% par année pour les cinq prochaines années. Qu’en est-il aujourd’hui ?
(EB) : En effet, nous avons des ambitions assez élevées et je dois dire que nous sommes en ligne avec nos objectifs. Nous sommes jusqu’ici extrêmement satisfaits de notre succès et de la réaction très positive du marché face à notre approche. En matière d’actif sous gestion, le marché ne nous a pas aidés avec les rendements, mais nous avons atteint les 18 milliards de dollars. Nous avons une croissance à faire envier tous nos compétiteurs et nous voulons poursuivre avec le même élan.
(FI) : Vous avez évoqué l’embauche d’une trentaine d’employés. Quel rôle réservez-vous aux experts de Montréal dans votre plan ?
(EB) : Nous avons choisi d’embaucher des spécialistes locaux, sur place, dans l’ouest, parce que nous voulons nous assurer d’avoir une présence locale forte. Ce n’est donc pas les employés du Québec qui vont desservir les clientèles de l’Ouest. Je veux toutefois que les gens de Montréal voyagent dans l’Ouest afin que tout le monde, d’un océan à l’autre, partage la même vision, la même culture, la même philosophie et les mêmes valeurs. Le but c’est que nous partagions les meilleures pratiques afin que tout le monde devienne meilleur.
(FI) : Que prévoyez-vous pour la suite des choses ?
(EB) : Il est certain que nous n’allons pas nous arrêter à Calgary et Vancouver. Nous avons l’ambition d’être les numéros un au Canada en matière de gestion privée, et de l’être d’un océan à l’autre. Nous avons connu une croissance assez rapide au Québec, nous avons maintenant une stratégie importante visant l’ouest du Canada et nous allons poursuivre son implantation avec de nouvelles ouvertures. Quant à l’Ontario, je ne cacherai pas qu’il s’agit dont marché dont le potentiel est important, alors il est certain qu’on ne se limitera pas à l’Ouest canadien. Pour le reste, je vais garder les détails en suspends afin de réserver l’effet de surprise auprès de nos compétiteurs.