Sur son site Invescap.ch, la firme indique que ses produits représentent «une solution de rechange aux investissements directs tels qu’actions, obligations, devises, etc.», et «qu’en règle générale, les produits financiers européens sont des obligations au porteur, dont l’émetteur répond sur toute sa fortune».

Marc-André Pépin, d’origine québécoise, mentionne que son équipe travaille actuellement à combler des besoins spécifiques aux institutions financières nord-américaines. «Par exemple, nous avons un projet qui vise à améliorer les rendements sur les dépôts à terme pour une banque canadienne», explique-t-il.

Quant aux sociétés de gestion, leurs besoins sont très semblables à ceux des investisseurs européens, selon lui.

Encadrement trop lourd

Invescap prépare son entrée au Canada depuis deux ans. À Montréal, un employé s’occupe du développement des affaires.

En parallèle, Invescap voit encore de nombreuses occasions d’affaires en Europe et en Asie. Alors, pourquoi s’aventurer en Amérique du Nord, où selon Marc-André Pépin, la lourdeur de la réglementation rebute la plupart des distributeurs de produits européens depuis la crise de 2008 ?

«Pour ma part, je trouve que la réglementation est une chose très importante. Si d’autres ne sont pas prêts à investir et à prendre le temps de bien se préparer pour développer ce marché, alors à nous d’en profiter», soutient-il.

Cela dit, l’implantation d’Invescap au Canada aurait été plus simple si le secteur des valeurs mobilières était supervisé par un organisme de réglementation unique, dit Marc-André Pépin.

«Cela dissuade les étrangers de venir s’implanter au pays. Les autres institutions européennes peuvent être découragées par le poids de la législation. D’un autre côté, c’est un avantage pour nous en ce moment.» Invescap compte aussi attaquer le marché américain d’ici trois ou quatre ans.

Marché convoité

Invescap n’est pas la première firme à vouloir exploiter le créneau de la vente de produits européens spécialisés en Amérique du Nord. En outre, une autre société helvétique, Unigestion, a fait ses premiers pas au Canada il y a un an.

En novembre dernier, l’actif sous gestion d’Unigestion, spécialisée dans la clientèle institutionnelle, s’élevait à 850 M$ au pays. «Notre but au Canada est d’avoir de 10 à 20 relations privilégiées avec des investisseurs sophistiqués. Nous en avons aujourd’hui six ou sept», précisait alors la présidente d’Unigestion, Fiona Frick, en entrevue avec Finance et Investissement.

«Nous avons une perspective à long terme et nous nous donnerons le temps de nous développer afin de travailler avec des gens dont les valeurs d’investissements sont semblables aux nôtres», ajoutait-elle.

Pour sa part, le président d’Invescap préfère ne pas spécifier le montant de l’actif sous gestion.

«Nous avons dû réorganiser nos activités. Nous gérons et distribuons en ce moment les billets par l’intermédiaire d’une autre de nos entreprises pour la clientèle internationale. Cela nous permet de répartir les risques», dit-il.

«Nous avons en quelque sorte isolé le marché canadien des autres, ce qui nous paraît sensé sur le plan de la gestion du risque», explique-t-il.

Produits évolués

L’ingénierie financière européenne devrait être attrayante pour les Québécois puisqu’elle est efficace et évoluée, souligne Marc-André Pépin. Le type de produits offerts par Invescap existe depuis 30 ans en Europe.

L’investisseur cible de son entreprise souhaite une participation dans un actif risqué, mais a par contre une faible tolérance au risque. Il exige que la duration de ses investissements demeure relativement courte.

Invescap lui offre notamment «un billet à capital protégé» à 95 % sur le S&P 500 avec certificat d’un an.

Ce produit de placement se divise en deux parties. La première est un placement qui sert à garantir le remboursement du capital investi. Cette garantie est offerte par un tiers, appelé le garant. La deuxième est investie dans un produit de placement qui, habituellement, est lié à un indice boursier.

«La qualité d’un produit financier de type européen dépend de la solvabilité du débiteur, soit de l’émetteur. Si un émetteur fait faillite, tant l’obligation classique que le produit financier de type européen font partie de la masse. En conséquence, les investisseurs qui veulent réduire le risque au minimum feront bien, d’une part, de ne choisir que des émetteurs de confiance, et d’autre part, de répartir leurs placements sur plusieurs émetteurs», explique le site Web de l’entreprise.