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Entrer à la Bourse de Toronto a « changé la donne » pour iA Groupe financier. Depuis le début des années 2000, l’assureur de Québec a réalisé près de 70 acquisitions. Avec des réserves de 1,7 milliard de dollars (G$), la société a les moyens de poursuivre sur cette lancée, assure le président et chef de la direction, Denis Ricard, en entrevue.

L’ancienne Industrielle Alliance célèbre le 25e anniversaire de son premier appel public à l’épargne. Denis Ricard a ouvert la séance de lundi de la Bourse de Toronto pour souligner l’événement.

Fondée en 1892, l’entreprise était d’abord une mutuelle d’assurance. En devenant une société cotée en Bourse, Industrielle Alliance a eu un plus grand accès au capital, ce qui lui a permis de poursuivre une stratégie de croissance par acquisition. « Ça a été un accélérateur de croissance pour le groupe », souligne le dirigeant.

À l’époque, Denis Ricard devait élaborer la formule pour déterminer le nombre d’actions remises aux détenteurs de police, qui étaient propriétaires de la mutuelle. « La formule dépendait depuis quand tu étais chez nous, la grosseur de ta police, etc. On était une petite équipe qui avait travaillé intensivement à temps plein sur ce dossier-là. Évidemment, c’est le dossier d’une vie. »

L’action d’iA Groupe financier a généré un rendement annuel composé de près de 15 % depuis ses premiers pas en Bourse. « Si tu avais mis 100 $ en 2000 et que tu avais laissé traîner ça là en réinvestissant le dividende, ça vaudrait 3047 $ aujourd’hui. Si tu avais investi dans le S&P/TSX, tu aurais 278 $. »

Des coffres garnis

Les coffres d’iA Groupe financier sont bien garnis. Elle peut déployer près de 1,7 G$ en capital, sans recourir au financement. Elle génère également près de 650 millions de dollars (M$) de capital excédentaire annuellement.

Pour le patron d’une société cotée en Bourse, avoir autant de capital est « un grand défi », car les actionnaires réclament qu’il soit déployé le plus efficacement possible. « On a fait du rachat d’actions un petit peu plus intensif l’année passée, justement parce qu’on n’a pas réussi à trouver à des prix intéressants suffisamment de cibles pour les 650 M$ qu’on a générés. »

Cette stratégie n’est toutefois pas sans risque, souligne l’analyste Darko Mihelic, de RBC Marchés des capitaux. « Il y a toujours un risque d’erreur lors d’une acquisition, mais il faut reconnaître qu’iA Groupe financier a un historique impressionnant à cet égard, écrit-il dans une note récente. Aussi, le rachat d’actions est devenu coûteux en raison de l’augmentation de la valeur de l’action. »

Denis Ricard croit qu’il y a plus d’occasions d’acquisitions aux États-Unis dans les créneaux de l’assurance-vie individuelle et des garanties distribuées par les concessionnaires automobiles. « Il y a beaucoup, beaucoup de joueurs. Donc, c’est un marché fragmenté. Alors qu’au Canada, c’est extrêmement concentré. »

Les conditions du marché ont été moins favorables aux États-Unis dans le segment des garanties distribuées par les concessionnaires en raison de la hausse des taux d’intérêt et de l’augmentation des prix des automobiles, ce qui a entraîné une hausse des paiements mensuels pour les consommateurs. « Le client a moins de (marge de manœuvre) parce que, quand il atteint son maximum avec la voiture, après ça, c’est plus difficile de vendre l’extra. »

La baisse des taux d’intérêt et la stabilisation du prix des voitures « vont nous aider dans les prochains mois », prévoit le dirigeant.

À plus long terme, iA Groupe financier pourrait choisir d’étendre ses activités à un nouveau créneau aux États-Unis ou de mettre pied dans un autre pays avec un des segments où elle a déjà une expertise.

« C’est le genre de question qu’on se pose. Je ne suis pas là aujourd’hui. J’ai de la place encore aux États-Unis, mais il va arriver à un moment où ça va être le cas (qu’il serait temps d’envisager ce scénario). Est-ce que ça va être d’ici cinq ans ? Je ne le sais pas, mais ça va arriver. »

Des préoccupations sur le télétravail

Avec l’essor du télétravail, iA Groupe financier a significativement réduit ses espaces de bureaux. De 2020 à la fin de l’année 2023, l’assureur a abaissé son parc d’adresses de 177 à 104, ce qui équivaut à une réduction de 24 % de la superficie occupée au Canada, selon son rapport de durabilité 2023.

Questionné sur cette stratégie, Denis Ricard a confié qu’il a des préoccupations sur l’effet du télétravail sur la cohésion des équipes. « Actuellement, je trouve que nos employés, ils sont un peu trop à la maison. »

Il a donné l’exemple du siège social à Québec, qui compte 1500 places pour 4500 employés. Seulement 500 employés par jour se présenteraient au bureau en moyenne. « Pour moi, c’est inacceptable », tranche-t-il.

Même si certains employés s’estiment plus productifs à la maison, il souligne que la présence au bureau est importante pour le mentorat, la cohésion d’équipe et l’innovation.

Il n’est pas question de mettre fin au mode hybride et de forcer un retour au bureau à temps plein, assure-t-il. Pour le moment, l’entreprise n’a pas l’intention d’imposer un nombre de jours obligatoire en présentiel.

« Actuellement, je suis au stade de faire passer ce message-là. Ça fait trois “townhall” (assemblée) que je fais dans les trois derniers mois, où je leur dis aux employés : “S’il vous plaît, faites un effort, revenez. On a des besoins d’organisation”. »