«Toutefois, jusqu’au début de l’année, peu d’information émanait des assureurs sur la forme que ces changements prendraient et sur les impacts attendus sur leurs différents produits», ajoute-t-elle.
Depuis, les assureurs ont fourni les outils requis pour illustrer les changements prévus. Cependant, déjà, les conseillers avaient été conscientisés à l’importance d’informer leurs clients, de même que les professionnels travaillant avec ces clients, dont les comptables, les fiscalistes et les avocats, qui sont à même d’en apprécier pleinement les répercussions, signale Louis Thibault, vice-président assurances, MICA Services financiers.
«Nous avions produit des listes pour nos représentants afin qu’ils voient lesquels de leurs clients avaient intérêt à apporter des modifications», illustre-t-il.
De multiples initiatives ont été mises en oeuvre afin de soutenir les conseillers, y compris la production de documents d’information et l’envoi régulier d’infolettres. Il est aussi question de l’augmentation des effectifs de centres d’appels.
La tenue de tournées de formation auxquelles participent des représentants de compagnies d’assurance est aussi fréquemment évoquée. «Nous avons même incité les conseillers à inviter des professionnels, tels que des comptables et des fiscalistes, à des séances d’information», confirme Anny Plamondon.
Évolution de la gamme de produits
La mise en oeuvre de cette révision des règles fiscales qui régissent les produits d’assurance fera évoluer la structure de différents produits.
«Des compagnies commencent à annuler des produits et à faire des refontes, alors je m’attends à voir un festival de modifications de produits ou de nouveautés. On a aussi entendu entre les branches qu’il y aurait une hausse de taux dans les contrats d’assurance», indique Louis Thibault.
Selon lui, tous les produits de vie universelle vont subir une refonte, puisque les stratégies de levier reposant sur ce type de produit se trouvent directement touchées par la révision des règles fiscales.
Anny Plamondon s’attend pour sa part à des modifications sur le plan de la tarification, ainsi qu’au déferlement d’une «vague de nouveaux produits ou de nouvelles caractéristiques».
Selon elle, le retrait de produits, même s’il y en aura, ne semble pas être une tendance majeure actuellement. «Il va surtout y avoir des modifications. Peut-être qu’une particularité du produit ne sera plus disponible, mais le produit continuera d’exister. Plusieurs assureurs ont déjà apporté des modifications à des versions précédentes de leurs produits, par exemple en retirant les protections multivie.»
La tendance à l’achat d’assurance, comme option ou caractéristique de base, devient drôlement intéressante, avance Anny Plamondon. «On peut retourner aux sources de la vie entière participante, mais avec des recettes différentes. Ce type de produits existe déjà, mais était un peu marginal. Alors que dorénavant, ces produits risquent de devenir tendance.»
Marché fébrile
«Il y a eu beaucoup d’action au cours de l’été, alors qu’il s’agit habituellement de mois un peu plus tranquilles. Maintenant, j’ai bien peur de voir les choses s’accélérer au cours des prochaines semaines, puisque les assureurs ont fixé des dates limites variant de la fin septembre à la mi-novembre pour recevoir les modifications et les nouvelles propositions», avance Louis Thibault.
Anny Plamondon précise : «Si tout le monde est au fait de l’échéancier du 1er janvier 2017, les conseillers doivent jongler avec toute une série de dates butoirs, puisque l’échéancier qui permet d’établir le contrat et de le mettre en vigueur varie d’un assureur à l’autre, et d’un type de transaction à l’autre».
Chez Manuvie, la date butoir à laquelle le dépôt des documents relatifs aux nouvelles affaires ou aux transformations de police doit être fait afin d’être traité à temps est le 30 octobre.
«Les documents doivent avoir été déposés en bon ordre pour cette date. C’est-à-dire qu’on doit y trouver les réponses à toutes les questions, que les rapports médicaux requis aient été remplis et qu’il n’y ait aucune raison de retourner voir le conseiller pour obtenir plus de détails», précise Guy Couture, vice-président régional, ventes assurances individuelles, chez Manuvie.
C’est pourquoi selon lui, bien que Manuvie ait travaillé en amont au cours des derniers mois afin de moderniser le processus de traitement des nouvelles affaires, il est important que les conseillers fassent une dernière fois le tour de leurs clients visés par les changements «afin de conclure les transactions, ou s’assurer que les clients qui désirent ne rien changer comprennent bien les impacts de leur choix».
Dans le cas des conseillers «qui sont à minuit moins une», la meilleure façon de s’assurer rapidement du traitement d’une proposition, c’est d’utiliser les plates-formes électroniques des assureurs, estime Anny Plamondon.
«L’ordinateur nous force à répondre à toutes les questions. Ça nous assure que le dossier que l’on envoie à l’assureur est en règle et ça sécurise le traitement des affaires, analyse-t-elle. Les conseillers qui n’auraient pas encore intégré ces plates-formes dans leur pratique devraient y jeter un coup d’oeil, surtout dans le cas des assureurs qui évoquent le retrait prochain de certains produits.»
Selon Anny Plamondon, les prochaines semaines seront un beau casse-tête, mais aussi l’occasion de revoir certains mandats avec des clients. «Plusieurs conseillers sont des travailleurs autonomes. On peut les informer et leur fournir plein d’outils, mais le résultat final est entre leurs mains.»