«Cette innovation est un autre exemple de la pression à la baisse exercée sur les frais dans le secteur des fonds», a déclaré Rudy Luukko, rédacteur, investissements et finances personnelles à Morningstar Canada.
Invesco a lancé une gamme de 22 fonds négociés sur plateforme (FNP), tirés de ses fonds communs existants, et d’autres FNP sont prévus. «Les produits s’adressent à des clients qui possèdent des comptes discrétionnaires ou non discrétionnaires auprès de conseillers en services financiers à commission. Les frais liés aux fonds négociés sur plateforme sont nettement inférieurs à ceux des fonds de catégorie F», a souligné Peter Intraligi, président et chef de l’exploitation, Invesco Canada.
Pour l’instant, les FNP ne sont offerts qu’aux firmes membres de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM). Si la réglementation et la technologie sont modifiées pour permettre aux courtiers en fonds communs d’avoir accès aux fonds négociés en Bourse (FNB), ces firmes pourraient aussi avoir accès aux FNP, a ajouté Rudy Luukko.
Les FNP utilisent les mêmes systèmes de négociation de titres que ceux que les courtiers utilisent déjà pour la négociation de titres et de FNB. À l’instar des titres et des FNB, chaque FNP d’Invesco a son propre symbole. Les opérations de FNP sont réglées comme celles des titres, mais les FNP ne sont pas inscrits à une Bourse.
Les ordres d’achat et de vente sont entrés dans le système de négociation de titres de chaque courtier tout au long de la journée par des conseillers au nom de leurs clients. Le montant net du total de toutes les opérations de fonds n’est réglé qu’une fois, à la fin de la séance de négociation, en fonction de la valeur liquidative de chaque fonds.
Plutôt que de transmettre des ordres multiples par l’intermédiaire du système de FundSERV au nom de chacun des clients, Invesco considère chaque courtier en titres participant comme un seul compte consolidé, ce qui se traduit par une hausse de l’efficience et une diminution des coûts de négociation.
Invesco agit à titre de «contrepartie qui garantit» et travaille avec l’arrière-guichet de chaque firme membre de l’OCRCVM, a expliqué Peter Intraligi. Cette relation directe permet d’éviter la myriade de coûts liés à l’inscription publique de titres à une Bourse. Les ordres sont directement acheminés du pupitre de négociation au détail de la firme au système de gestion des ordres d’Invesco.
PROCÉDÉ BREVETÉ
Par conséquent, nous avons constaté une «croissance stupéfiante» des comptes à honoraires au Canada, dit Peter Intraligi, alors que l’actif sous gestion est passé de 120 G$ à 300 G$ au cours des cinq dernières années.
Les FNP offrent aux clients l’accès à une «gestion active de grande qualité», et à un prix qui les rend plus concurrentiels que les stratégies indicielles à coûts peu élevés offertes par les FNB, ajoute Peter Intraligi.
Les représentants à commission peuvent combiner les FNP et les FNB dans les comptes clients, en utilisant les FNP lorsqu’il convient de payer pour une stratégie active supérieure, et les FNB lorsqu’une exposition à un indice élargi à bas prix est plus appropriée.
«Ce processus plus simple et rationalisé élimine les superpositions de coûts non nécessaires», affirme Peter Intraligi.
Puisque les FNP ne sont pas négociés pendant le jour, il n’y a pas d’opérations au cours acheteur ou vendeur représentant une prime ou un escompte sur la valeur liquidative. Invesco consolide chaque jour ouvrable tous les ordres au nom de chaque firme. Elle dispose ensuite de trois jours ouvrables pour acheminer le paiement ou les parts du fonds au compte de la firme qui a placé l’ordre.
«La plateforme de FNP présente quelques désavantages, notamment le fait qu’Invesco ne verra qu’un seul ordre pour chaque firme au terme de chaque séance de négociation, et qu’elle n’aura aucune information à l’égard des opérations individuelles, mentionne Rudy Luukko. Elle ne recueillera pas de renseignements sur l’identité des clients, l’importance de l’ordre ou le type de compte dans lequel les fonds seront détenus, par exemple un compte enregistré comme un REER. Il y aura une perte de connaissance du marché quant à l’identité du client final.»
La plateforme des FNP pourra s’étendre pour y englober les produits de concurrents. Un intérêt à cet égard a déjà été exprimé, selon Peter Intraligi.
Invesco a déposé une demande de brevet pour le concept de FNP et a enregistré l’appellation «Fonds négociés sur plateforme», ce qui pourrait rendre difficile la copie du système par des concurrents, affirme Peter Intraligi. L’élaboration du processus de FNP a duré 18 mois et a été une surprise pour de nombreux intervenants de l’industrie, y compris des dirigeants de FundSERV, qui traite la majorité des opérations de fonds au Canada.
RFG PLUS FAIBLE
En moyenne, le ratio de frais de gestion (RFG) des FNP est environ de 28 % moins élevé que celui des fonds communs de série F comparables, qui sont utilisés par les conseillers à commission. Les économies se situent dans une fourchette allant de 10 points de base (pb) pour deux fonds à revenu fixe, jusqu’à 45 pb pour certains titres et fonds équilibrés. Toutefois, les économies se situent en général entre 30 pb et 35 pb.
Par exemple, le fonds de dividendes mondial Trimark négocié sur plateforme, dont Invesco est le promoteur, a un RFG de 0,9 % par rapport à 1,34 % pour le RFG moyen de la catégorie, selon l’évaluation de Morningstar Canada. Chacun des porteurs de parts bénéficiera du même RFG moins élevé.
Il n’y a aucune exigence de placement minimum pour les FNP, et la négociation en gros est possible. Les FNP sont disponibles uniquement par l’intermédiaire des courtiers qui ont signé une entente avec Invesco.
«Nous devrions être en mesure d’offrir les FNP à tous les courtiers d’ici la mi-novembre», a ajouté Peter Intraligi.