L’IFIC a récemment publié son Report on Responsible Investment, un rapport qui donne une vue d’ensemble de l’investissement responsable (IR) au Canada et à travers le monde, abordant entre autres les thèmes du rendement financier et de l’avenir de l’investissement responsable.
« L’IFIC s’efforce de comprendre les préférences et besoins changeants des investisseurs canadiens, a déclaré Paul Bourque, président et chef de la direction de l’IFIC. Alors que l’investissement responsable suscite un intérêt croissant, nous avons rédigé ce rapport afin de sensibiliser les investisseurs et de plaider en faveur d’une meilleure transparence dans les différentes approches du secteur. »
Des facteurs de croissance
Évidemment, le rapport commence par noter l’essor incroyable de l’IR auprès des investisseurs traditionnels. Cette croissance serait ainsi due à trois motivations principales, à savoir :
- La performance financière
- La demande des clients
- Les résultats positifs pour la société
Si la performance financière de ce type d’investissement a longtemps été discutée, aujourd’hui la plupart des gestionnaires en investissement et des chercheurs reconnaissent que les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont pertinents pour les entreprises.
Les investisseurs estiment de plus en plus que les entreprises qui ne prennent pas en compte ces facteurs s’exposent à des risques physiques, réglementaires, concurrentiels, de litiges et de réputation pour n’en citer que quelques-uns, ce qui pourrait avoir un effet sur la valeur du marché.
Désormais, la surperformance financière à long terme est souvent citée par les gestionnaires d’investissement comme l’un des principaux facteurs de motivation pour adopter l’IR.
Le deuxième facteur d’adoption de ce type de fonds est la demande des clients. Ces derniers s’informent de plus en plus sur l’IR, sont conscients que les facteurs ESG sont pertinents pour la performance future d’une entreprise et veulent que leurs investissements aient des effets positifs au-delà des retours sur investissement.
Les clients veulent également faire pression sur les décideurs en matière d’investissement pour qu’ils adoptent les approches de l’IR comme une attente de meilleures pratiques et exigent une plus grande transparence sur la manière dont leur argent est investi et sur l’endroit où il l’est.
L’évolution démographique renforce encore ce facteur, car une plus grande partie des richesses est maintenant entre les mains des femmes et des jeunes investisseurs qui sont plus susceptibles de considérer l’intégration des facteurs ESG comme une composante essentielle de leurs propres investissements.
Finalement, le troisième facteur est également le fondement du mouvement de l’IR. L’idée que les individus peuvent contribuer à un meilleur avenir en fournissant des capitaux aux entreprises ayant de bonnes performances ESG ou en améliorant les performances par l’engagement est toujours d’actualité pour de nombreux investisseurs.
Un marché en essor
L’IFIC rapporte qu’à la fin de 2019, il y avait un total de 12 milliards de dollars en fonds communs de placement et 654 millions de dollars en actifs de fonds négociés en Bourse (FNB) d’investissement responsable. Cela représente 0,7 % du total des actifs des fonds communs de placement et 0,3 % des actifs des FNB.
Malgré ce faible pourcentage, 16 entreprises proposent 69 fonds communs de placement en investissement responsable et dix entreprises proposent 23 FNB en investissement responsable. Ainsi, des éléments indiquent que l’on pourrait assister à une croissance de l’IR de détails.
Selon une enquête d’opinion menée par l’Association pour l’IR (AIR) en 2019, 72 % des répondants se disent intéressés par l’IR contre 60 % en 2018 et près des quatre cinquièmes (79 %) aimeraient que leur fournisseur de services financiers les informe sur les possibilités offertes par l’IR.
Ces chiffres concernent les fonds investis par les particuliers qui sont présentés comme des fonds d’IR. Si l’on considère l’ensemble des actifs des particuliers et des institutions qui correspondent à une définition large de l’investissement responsable, les actifs d’IR au Canada s’élèvent à 2,1 billions de dollars, selon les chiffres de l’AIR. La grande majorité de ces actifs sont ainsi détenus et gérés par de grands investisseurs institutionnels, y compris de grands régimes de retraite publics.
Un autre indicateur de la croissance de l’IR est le nombre toujours plus grands de signataires des principes PRI (Principles for Responsible Investment). Lancés en 2016, ces principes comptaient alors 63 signataires avec 6000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. À la fin de 2019, ils comptaient 2 372 signataires avec 86,3 billions de dollars d’actifs sous gestion.
Une notation complexe
Alors que les sociétés cotées en bourse sont tenues par les régulateurs de communiquer des données détaillées concernant, entre autres, les performances environnementales, la santé et la sécurité et la gouvernance, ces données ne répondent pas entièrement aux besoins des gestionnaires d’investissement qui intègrent des données ESG dans leurs processus d’investissement.
Les principales sources de données ESG sont les autodéclarations des entreprises et les fournisseurs de données ESG, qui recueillent et analysent des données provenant de diverses sources pour produire des scores et des notations ESG pour les entreprises. Selon la Global Initiative for Sustainability Ratings, il existe plus de 125 fournisseurs de données ESG.
De nombreux investisseurs responsables utilisent les scores et les notations des fournisseurs de données tiers pour prendre des décisions d’investissement, tandis que les investisseurs plus avertis intègrent les données ESG de diverses sources dans leurs propres modèles d’évaluation.
Malgré la contribution de ces fournisseurs de données à l’avancement de l’IR, les investisseurs s’inquiètent toujours de ses limites. Ainsi certains rapports d’entreprise sont constitués de données personnalisées. Le caractère volontaire des rapports de durabilité des entreprises signifie que les mesures utilisées sont incohérentes, ce qui limite la comparabilité entre les entreprises. De plus, les données disponibles sont souvent incomplètes.
Le changement climatique et les objectifs de développement durable des Nations unies (adoptés en 2015) sont deux catalyseurs des améliorations futures en matière de reporting et d’analyse. Enfin, les plateformes de recherche et de reporting basées sur l’apprentissage machine et les données volumineuses (big data) gagnent déjà du terrain sur le marché et ont le potentiel d’accélérer les progrès déjà réalisés.
Des normes en évolution
Les normes d’IR, également appelées cadres, lignes directrices, principes ou conventions, sont de plus en plus nombreuses et importantes. On peut ainsi penser :
- Principes pour l’investissement responsable (PRI) : les signataires doivent rendre compte chaque année du respect des six principes des PRI.
- The Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) Responsible Business Conduct for Institutional Investors: les Principes directeurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’appliquent également aux investisseurs en relation avec leurs avoirs, ce qui signifie que les gestionnaires d’investissement sont responsables du comportement des entreprises dans leurs portefeuilles.
- Financial Stability Board’s Task Force on ClimateRelated Financial Disclosures (TCFD): un cadre de divulgation des risques financiers liés au climat à utiliser par les entreprises pour fournir des informations aux investisseurs, prêteurs, assureurs et autres parties prenantes
- UN Sustainable Development Goals (SDGs): un cadre mondial qui comprend sept objectifs conçus pour être un « plan directeur pour un avenir meilleur et plus durable pour tous ».
Parmi les certifications et label, on peut en noter trois importants :
- Australia / New Zealand: RIAA Responsible Investment Certification
- Europe: Luxflag ESG Label
- France: AFNOR Label Investissement Socialement Responsable