Des jetons en bois sur lesquels on peut voir plusieurs dessins en vert symbolisant des concepts reliés à la finance durable.
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Malgré les défis macroéconomiques actuels, les actifs ESG (environnement, social, gouvernance) devraient atteindre 40 000 milliards de dollars d’ici 2030, représentant plus de 25 % du total des actifs sous gestion, a récemment estimé Bloomberg Intelligence.

Cet engouement s’explique par une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et sociaux. Toutefois, la méthode d’investissement ESG la plus traditionnelle, l’approche d’exclusion, qui consiste à éliminer les entreprises des secteurs jugés nuisibles (comme l’armement, le tabac, ou les énergies fossiles) de nos portefeuilles, montre ses limites, révèle un article publié sur le site de l’Association pour l’investissement responsable (AIR).

Des recherches récentes menées par Kelly Shue de l’École de gestion de Yale et Samuel Hartzmark, du Boston College, ont mis en lumière les failles de cette stratégie. Ils ont démontré que se limiter à détourner les capitaux des entreprises dites « brunes » pour les allouer aux entreprises « vertes » ne suffisait pas et pouvait même aggraver la situation. En effet, privées de ressources, les entreprises polluantes peuvent se retrouver contraintes d’adopter des pratiques encore plus dommageables pour l’environnement afin de rester compétitives.

Les deux auteurs soutiennent qu’une réduction, même minime, des émissions par une entreprise très polluante, peut avoir un impact significatif sur l’environnement, bien supérieur à celui d’une entreprise déjà « verte » devenant neutre en carbone.

Intégrer au lieu d’exclure

En contraste, l’approche d’intégration ESG, qui prend en compte les risques et opportunités ESG dans l’analyse fondamentale, est davantage considérée comme plus efficace. Selon une étude de 2022 par Capital Group, 60 % des investisseurs ont choisi l’intégration ESG comme l’approche prédominante, valorisant ainsi les entreprises qui démontrent un potentiel d’amélioration significatif dans leurs pratiques ESG.

Selon l’auteur de l’article, Megan Lim, de Waratah Capital Advisors, des entreprises traditionnellement jugées « brunes » peuvent jouer un rôle crucial dans la transition vers le zéro émission nette, essentiel pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

Elle donne en exemple la transition énergétique qui nécessite l’exploitation de minéraux critiques comme le cuivre, le lithium, le nickel et le cobalt, indispensables pour développer des technologies propres. Les entreprises du secteur minier, souvent vues comme des acteurs ESG négatifs, peuvent donc contribuer de manière significative à cette transition.

En se concentrant sur les possibilités d’amélioration plutôt que sur l’exclusion, l’intégration ESG offre aux investisseurs une approche plus nuancée et a potentiellement plus d’impact. Elle permet de soutenir des entreprises dans leur transition vers des pratiques plus durables, tout en générant des rendements attrayants pour les portefeuilles d’investissement, conclut-elle.