Les technologies financières canadiennes ont enregistré des investissements records au cours des six premiers mois de 2024, atteignant 7,8 milliards de dollars américains (G$ US), soit sept fois plus que pour l’exercice précédent, selon un rapport de KPMG International.
Les investissements se concentrent principalement dans deux entreprises montréalaises : Nuvei et Plusgrade. À elles seules, elles représentent jusqu’à 94 % de la valeur totale des investissements dans les fintechs au Canada.
Nuvei, une entreprise de technologie de paiement, a été acquise en avril pour 6,3 G$ par un consortium incluant Advent International, Novacap Management, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Philip Fayer, président et chef de la direction de Nuvei.
Plusgrade, spécialisée dans les logiciels pour l’industrie du voyage, a levé 1 G$ en mars auprès de General Atlantic.
Ces transactions témoignent de la vitalité de l’écosystème fintech à Montréal et au Québec, soutenu par des investisseurs institutionnels et des talents issus des universités de renom, affirme Georges Pigeon, associé pour la pratique de services-conseils transactionnels au Canada chez KPMG à Montréal.
Au-delà de ces deux transactions, les investissements dans les fintechs canadiennes se sont élevés à 516,8 millions de dollars (M$) au cours du premier semestre. Ce chiffre marque une baisse de 26 % par rapport au deuxième semestre 2023, mais une hausse de près de 20 % par rapport au premier semestre de la même année.
Les investissements dans les technologies financières canadiennes ont été relativement modestes au cours des deux dernières années. Cependant, Georges Pigeon prévoit un potentiel rebond dans les six prochains mois, en raison de l’augmentation des investissements significatifs et des activités de fusions et acquisitions au Canada. L’environnement du marché transactionnel pourrait bientôt se normaliser, bien qu’il ne retrouve pas le niveau record d’investissement atteint en 2021, selon l’expert.
Malgré une performance faible au cours des deux dernières années, une reprise des investissements est attendue pour les six mois à venir, en grande partie en raison de l’augmentation des fusions et acquisitions. Toutefois, Georges Pigeon, associé chez KPMG, estime que le marché ne retrouvera pas le niveau record de 2021.
Les entreprises fintechs bien financées devraient tirer parti de cette situation en acquérant des sociétés de services financiers traditionnels, ce qui leur permettrait d’intégrer rapidement des technologies de pointe. « Dans ce scénario, l’entreprise cible peut se transformer en mettant à niveau sa technologie plus rapidement qu’une situation où elle doit trouver comment absorber et intégrer la technologie financière », affirme le spécialiste.
Les investissements en capital de risque d’entreprise représentent le quart des activités de capital de risque réalisées au Canada au premier semestre, avec 12 transactions totalisant 143 M$. Le secteur des paiements domine pour la valeur des investissements, avec 6,4 G$ dans neuf transactions, selon des données de PitchBook.
Les fintechs spécialisées dans l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique attirent également de plus en plus d’investisseurs. Le secteur des cryptoactifs et de la chaîne de blocs a été particulièrement dynamique. Il affiche le plus grand nombre de transactions, avec 19 transactions totalisant 110 M$, suivi par les paiements, l’IA, les technologies réglementaires et les technologies en assurance.
Les institutions canadiennes ont été plus nombreuses à investir dans les cryptoactifs l’an dernier, encouragées par un marché plus solide, une clarté réglementaire accrue et des innovations en matière d’actifs numériques, ce qui a stimulé l’intérêt pour les technologies financières axées sur les cryptoactifs au premier semestre de 2024, selon KPMG.
À l’échelle mondiale, les investissements dans les technologies financières ont atteint 51,9 milliards de dollars au cours des six premiers mois de 2024, soit une baisse de 17 % par au deuxième semestre de 2023. L’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMOA) ont connu la baisse la plus marquée.
D’après le rapport, au deuxième semestre 2024, les investissements devraient demeurer modérés, en raison du coût élevé du capital et de l’incertitude géopolitique, notamment liée aux taux d’intérêt et aux élections présidentielles américaines.