Des jetons en bois sur lesquels on peut voir plusieurs dessins en vert symbolisant des concepts reliés à la finance durable.
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Les premières données de la saison des procurations aux États-Unis montrent une opposition croissante aux facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les propositions des actionnaires, selon la société de conseil en procurations ISS-Corporate.

Dans un rapport publié le 4 mars, la société indique qu’elle constate une augmentation des propositions d’actionnaires qui critiquent les initiatives environnementales et sociales. Depuis le début de l’année, environ 14,7 % de toutes les propositions sont classées comme anti-ESG, contre 10,2 % en 2024.

« Après avoir atteint un volume record en 2022, les propositions d’actionnaires environnementales et sociales — telles que celles demandant aux entreprises de réduire les émissions [de gaz à effet de serre] ou de rendre compte de l’équité salariale entre les sexes et les races — ont chuté, remplacées par des propositions sceptiques à l’égard de ces initiatives », relève le rapport.

Alors qu’il n’y avait que 13 propositions dites « anti-ESG » soumises en 2020, ce chiffre est passé à plus de 100 en 2024. Avec 62 propositions déposées à ce jour cette année, cette saison est sur la bonne voie pour 150 de ces propositions, rapporte ISS-Corporate.

Malgré l’augmentation des contre-propositions ESG, qui représentent 14,7 % du total des propositions, ce chiffre reste inférieur à celui des propositions concernant les questions environnementales, 27,4 % sur les questions sociales et 40,4 % sur les questions de gouvernance et de rémunération, selon le rapport.

Historiquement, les propositions anti-ESG ont reçu très peu de soutien de la part des actionnaires, attirant généralement environ 2 % des votes des investisseurs, mais cette année, « certaines entreprises sont susceptibles de céder ou de faire des compromis pour parvenir à un accord avant que la question ne soit soumise au vote », selon le rapport.

Dans ce contexte, le rapport indique que la divulgation par les entreprises d’informations sur la diversité et l’utilisation d’indicateurs de diversité dans la rémunération des cadres « devraient diminuer ». Les considérations du conseil d’administration (CA) en matière de diversité devraient également reculer.

« Les normes et les standards évoluent rapidement et de nombreux CA doivent faire face à une multitude de changements tout en essayant de répondre aux attentes complexes et diverses de leurs actionnaires », constate Jun Frank, directeur général et responsable mondial des conseils en matière de rémunération et de gouvernance chez ISS-Corporate.

« Dans ces conditions, il est facile de perdre de vue ce qui compte pour l’entreprise et ses actionnaires. Se concentrer sur les principes fondamentaux de la gouvernance d’entreprise — pertinence économique, CA solides et indépendants, et rémunération alignée sur les performances — peut servir de boussole pour naviguer dans des eaux potentiellement confuses », ajoute-t-il.

En outre, le rapport note qu’un changement de dernière minute dans l’approche de la Securities and Exchange Commission des États-Unis concernant les dépôts d’actionnaires « incite certains investisseurs à faire une pause ou à modifier leur stratégie d’engagement ».

« Cela signifie que les émetteurs pourraient avoir des difficultés à s’engager auprès des investisseurs avant leurs assemblées d’actionnaires », ajoute le rapport.