Les petits pays d’Europe orientale se trouvent dans cette dernière catégorie.

Parmi les 10 premiers pays figurant dans le classement de Bloomberg (voir le tableau), on retrouve des marchés comme l’Estonie (au 2e rang derrière l’Arabie Saoudite), la Slovaquie, la Lituanie, la Bulgarie et la Roumanie. Il s’agit d’anciennes républiques de l’URSS ou d’anciens pays satellites du bloc communiste.

Bloomberg les classe en fonction d’un pointage établi à partir de 19 indicateurs, tels que la prévision de croissance de leur PIB en 2015 et la facilité d’y faire des affaires.

«Ce sont des économies assez dynamiques, parce qu’elles sont maintenant bien intégrées dans l’Union européenne», souligne Ekaterina Turkina, professeure adjointe en affaires internationales à HEC Montréal, et spécialiste de l’Europe orientale et de la Russie.

L’Estonie, par exemple, est dotée de grappes technologiques, notamment dans la capitale Tallinn. «La technologie Skype a d’ailleurs été inventée à Tallinn, remarque-t-elle. L’Estonie compte beaucoup de travailleurs qualifiés, notamment en génie mathématique.»

Plus dynamique que les géants européens

Les économies d’Europe orientale sont actuellement plus dynamiques que celles d’Europe de l’Ouest.

Par exemple, dans ses prévisions annuelles publiées en octobre dernier, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait que la Lituanie et la Pologne afficheraient respectivement une croissance économique de 3,5 % et de 3,3 % en 2015. Cette croissance est bien supérieure à celle du Royaume-Uni (2,7 %), de l’Allemagne (1,3 %), de la France (0,9 %) et de la zone euro (1,2 %), selon la mise à jour des prévisions pour ces régions publiée par le FMI en janvier.

Précisons que le FMI prévoit que l’économie mondiale croîtra de 3,5 % cette année.

Malgré le dynanisme de l’Europe orientale, très peu d’institutions financières ou de sociétés de gestion de portefeuille canadiennes y investissent. D’ailleurs, sur la dizaine de demandes d’entrevues que nous avons faites auprès d’organisations, seules BMO Groupe financier et sa filiale LGM Investments ont répondu positivement à notre appel.

Cette filiale établie à Londres offre le fonds F&C Eastern European, qui investit dans six secteurs : les matériaux de base, la consommation de base (comme l’alimentation), les services publics, les services de communication, l’énergie et les services financiers.

Dans cette dernière catégorie, le fonds a par exemple des placements en Pologne dans deux banques : Bank Pekao et PKO Bank Polski.

LGM Investments vise à investir dans des entreprises de grande qualité. «Nous recherchons des entreprises dont les gestionnaires investissent efficacement et génèrent des rendements», dit Gareth Morgan, gestionnaire de portefeuille spécialisé dans les marchés émergents chez LGM Investments et gestionnaire du fonds F&C Eastern European.

Ce fonds achète les titres des entreprises d’Europe orientale à la Bourse de Londres (où sont inscrites les principales sociétés publiques européennes) ou dans les marchés boursiers locaux, comme à la Bourse de Bucarest, en Roumanie.

Le fonds n’investit pas en fonction de la répartition géographique de ses actifs, mais en fonction de la qualité des entreprises actives dans les six secteurs visés en Europe orientale.

Cela dit, le fonds n’investit pas directement dans les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), car leurs marchés boursiers ne sont pas suffisamment liquides et diversifiés, explique Gareth Morgan.

«Si vous avez une position et que, pour une raison ou pour une autre, vous devez la vendre, il peut y avoir un enjeu de liquidité», affirme le gestionnaire de portefeuille.

Malgré certaines contraintes, les pays d’Europe orientale attirent des investissements étrangers.

Au cours des deux décennies qui ont suivi la chute du bloc soviétique, les investisseurs provenaient surtout des pays de l’Union européenne.

Cependant, depuis la crise économique mondiale de 2008, les économies d’Europe orientale ont commencé à se tourner vers d’autres types de pays investisseurs tels que la Chine, le Qatar et Israël, souligne une analyse de PWC (http://tinyurl.com/kwanzsj).

Corruption toujours présente

Cela dit, les pays d’Europe orientale font face à plusieurs défis pour soutenir leur croissance économique à long terme, selon une étude du groupe de réflexion belge Bruegel (http://tinyurl.com/kyvg3no).

Par exemple, ces pays font face à un déclin de leur population active. Ils doivent aussi poursuivre les réformes pour libéraliser davantage leur économie, et ce, du climat d’investissement à la bonne gouvernance des organisations et des gouvernements.

«La corruption persiste dans tous ces pays, surtout en Bulgarie», insiste pour sa part Ekaterina Turkina, de HEC Montréal.

En décembre, Transparency International a d’ailleurs publié un rapport dans lequel elle dénonçait le manque d’encadrement du lobbying en Bulgarie, un pays où les décisions se prennent derrière des portes closes, sans surveillance du public.