Lorsqu’il s’agit de revenu, par exemple des intérêts, des dividendes ou des revenus de location, le gain ou la perte sur devise peuvent être calculés à partir des taux change moyens de l’année ou du mois où ils ont été générés.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’un gain ou d’une perte en capital, il faut prendre le taux de change de la journée de la transaction. Le taux alors utilisé peut être celui de midi ou celui de la fermeture de la journée. Si un investisseur effectue plusieurs transactions pendant l’année, on recommande qu’il utilise toujours la même heure pour le taux de change afin d’éviter des questions de la part des autorités fiscales.
Par exemple, voici comment calculer le gain ou la perte en capital d’un investissement en dollars américains avec les données suivantes :
Taux
Rendementde change
$ US / ($ US/$ CA)
Achats.o. / 1,250
Vente10 % / 1,300
Le gain ou la perte en capital en dollars américains sont faciles à calculer, il s’agit simplement du rendement. Dans cet exemple, il est donc de 10 %.
Le gain en capital canadien, toutefois, nécessite un petit calcul. Avec des taux de change exprimés selon le nombre de dollars canadiens nécessaires à l’achat d’un dollar américain, la formule de calcul est la suivante :
Taux de change à la vente
GC = Rendement ×
Taux de change à l’achat
Dans notre exemple, le gain en capital canadien serait donc égal à 14,4 %, soit 10 % × 1,300 / 1,250. Intuitivement, on voit que la devise américaine s’est appréciée par rapport au dollar canadien, alors il est normal que le gain en capital qui en résulte soit supérieur au gain calculé précédemment.
Si l’on décortique cette formule pour en montrer les différentes étapes, on obtient le cheminement suivant :
Un montant initialement investi en dollars canadiens est converti en dollars américains avec le taux de change en vigueur au moment de l’achat, soit 1,250. Cela signifie que si un montant de 1 000 $ CA est investi, il en résulte un investissement en dollars américains de 800 $ US, soit 1 000 / 1,250. On doit faire ici une division, car 1,250 signifie que chaque dollar américain coûte 1,250 $ CA.
En poursuivant la démarche avec un montant de 800 $ US, la valeur du placement à la vente sera de 880 $ US, car le rendement réalisé est de 10 %.
Ces 880 $ US doivent à leur tour être convertis en dollars canadiens à l’aide du taux de change en vigueur au moment de la vente, soit 1,300. Pour réaliser cette conversion, on doit multiplier le montant par le taux de change. Le résultat est ainsi de 1 144,00 $ CA, soit 880 × 1,300.
Finalement, il ne reste qu’à diviser le résultat final en dollars canadiens par l’investissement initial de 1 000 $ CA. Le résultat est donc de 14,4 %, soit 1 144 / 1 000 – 1.
On constate que la devise peut nuire au taux de rendement du portefeuille ainsi qu’au gain fiscal. Si la devise canadienne s’apprécie entre l’achat et la vente, le gain diminuera, et inversement.
Par ailleurs, lorsque le gain est imposable aux États-Unis, par exemple lors de la vente d’un bien immobilier, l’investisseur doit déclarer un gain en capital différent aux États-Unis de celui qu’il déclare au Canada. Le crédit d’impôt pour impôt étranger sera ainsi touché et pourrait être défavorable ou favorable à l’investisseur, selon que la devise canadienne s’est appréciée ou non entre le moment de l’achat et celui de la vente.
Dans certains cas, la variation du taux de change peut mener à des résultats pas très intuitifs. Par exemple, si vous aviez eu l’idée d’investir le 18 janvier 2002 et de vous retirer le 7 novembre 2007 chez un gestionnaire qui reproduisait l’indice S&P 500, le gain de votre portefeuille, en dollars américains, aurait été de 45,21 %, soit un rendement annuel composé de 6,64 %. Pas si mal, me direz-vous ? Sauf qu’en raison de l’effet de devise, le gain de 45 % devient une perte de 17,46 % !
Par contre, les investisseurs qui auraient décidé de rentrer sur le marché américain le 7 novembre 2007, toujours en réalisant le rendement de l’indice S&P 500, auraient vu leur gain cumulatif de 71,75 %, en dollars américains passer à 143,66 % en dollars canadiens au 30 juin dernier, soit un rendement annuel composé de 10,85 % au lieu de l’apparent 6,46 % en dollars américains !
Il est évidemment possible de se prémunir contre ces variations, en partie ou en totalité, en investissant dans des outils qui utilisent des produits dérivés afin d’annuler cet effet. En tant qu’investisseurs canadiens, plus on pense que le dollar canadien va s’affaiblir par rapport au dollar américain, plus on devrait éviter cette protection de la devise, ce hedge, dans le jargon. Cependant, la fluctuation de la devise constitue un élément supplémentaire qui ne devrait pas être négligé dans l’évaluation du risque de placement.