La Banque s’attend à ce que l’économie mondiale progresse d’environ 3,75 % en 2018 et 3.5 % en 2019, conformément au Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril. L’économie américaine s’avère plus vigoureuse que prévu, ce qui renforce les attentes des marchés quant à un relèvement des taux directeurs et pousse le dollar américain à la hausse.
Cette situation contribue aux tensions financières dans certaines économies de marché émergentes. Parallèlement, les prix du pétrole ont augmenté. Le cours du dollar canadien a néanmoins baissé, ce qui reflète la vigueur généralisée du dollar américain et les préoccupations au sujet des mesures commerciales. La possibilité d’un accroissement du protectionnisme commercial représente la principale menace pour les perspectives mondiales.
L’économie canadienne continue de tourner presque à plein régime et la composition de la croissance est en train de se modifier. Des facteurs temporaires causent de la volatilité dans les taux de croissance trimestriels : la Banque prévoit une remontée à 2,8 % au deuxième trimestre et un ralentissement à 1,5 % au troisième. Les dépenses des ménages sont freinées par les taux d’intérêt plus élevés et le resserrement des lignes directrices sur les prêts hypothécaires.
Les données récentes portent à croire que les marchés du logement commencent à se stabiliser après la faiblesse observée au début de 2018. Parallèlement, les exportations sont soutenues par la forte demande mondiale et les prix plus élevés des produits de base. Les investissements des entreprises augmentent en réponse à la solide croissance de la demande et aux pressions sur la capacité de production, bien que les tensions commerciales pèsent sur les investissements dans certains secteurs. Dans l’ensemble, la Banque s’attend encore à ce que la croissance au Canada avoisine 2 % en moyenne sur la période 2018-2020.
L’inflation mesurée par l’IPC et les mesures de l’inflation fondamentale utilisées par la Banque restent près de 2 %, ce qui cadre avec une économie tournant presque à plein régime. L’inflation mesurée par l’IPC devrait augmenter encore légèrement pour atteindre environ 2,5 %, avant de redescendre à 2 % vers le second semestre de 2019. La Banque estime que la croissance sous-jacente des salaires est d’à peu près 2,3 %, ce qui est plus lent qu’on pourrait s’y attendre sur un marché du travail sans ressources inutilisées.
Comme en avril, la projection incorpore une estimation de l’incidence de l’incertitude concernant le commerce extérieur sur les investissements et les exportations du Canada. Cet effet est maintenant jugé plus important, étant donné les tensions commerciales grandissantes. La projection de juillet incorpore aussi l’incidence estimée des droits de douane imposés récemment par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium, ainsi que des contre-mesures adoptées par le Canada. Bien qu’il y ait des ajustements difficiles à venir pour certains secteurs et leurs travailleurs, l’effet de ces mesures sur la croissance et l’inflation au Canada devrait être modeste.
Le Conseil de direction estime que des taux d’intérêt plus élevés seront justifiés pour maintenir l’inflation près de la cible, et il continuera d’appliquer une approche graduelle, guidé par les nouvelles données. En particulier, la Banque surveille l’ajustement de l’économie aux taux d’intérêt plus élevés et l’évolution des pressions sur la capacité et les salaires, ainsi que la réaction des entreprises et des consommateurs aux mesures commerciales.