La Banque TD, la dernière du groupe à afficher ses résultats pour le plus récent trimestre, a indiqué jeudi avoir réalisé un bénéfice de 2,353 milliards de dollars (G$) pour le trimestre clos le 31 janvier, ce qui représentait une baisse de sept pour cent par rapport à la même période un an plus tôt.
Mais après certains ajustements pour exclure les éléments non récurrents, la TD a affiché un bénéfice de 2,946 G$, soit 1,56 $ par action, en hausse de 15 % par rapport à l’année précédente, ce qui surpassait les attentes des analystes.
Ensemble, les cinq plus grandes banques, la Banque Royale, la Banque TD, la Banque de Montréal, la Banque Scotia et la Banque CIBC, ont engrangé des profits de plus de 10 G$ pour leur plus récent trimestre. Cela représentait une baisse de 4,4 % par rapport aux profits d’environ 10,46 G$ du premier trimestre de 2017.
Les profits des prêteurs qui détiennent des activités aux États-Unis ont été frappés au plus récent trimestre par des charges exceptionnelles liées aux baisses d’impôts de la réforme fiscale en vigueur depuis le 1er janvier. Malgré tout, les plus grandes institutions financières canadiennes ont surpassé les attentes des analystes, alimentées par leurs activités internationales.
Sur une base ajustée, ce qui exclut les charges non récurrentes, les prêteurs ont réalisé un bénéfice d’environ 11,3 G$, un chiffre en hausse d’environ 12,59 % par rapport à l’an dernier.
« Nous voyons vraiment une bonne contribution en provenance de l’extérieur du Canada », a noté Shannon Stemm, une analyste pour la firme Edward Jones, à St. Louis.
La Banque Scotia, qui concentre son expansion internationale dans les pays de l’Amérique latine, a vu sa division internationale afficher un bénéfice net de 667 M$ au plus récent trimestre, en hausse de 16 % par rapport à l’an dernier.
La division américaine de services bancaires de détail de la Banque TD, une des 10 plus grandes banques aux États-Unis, a affiché jeudi un bénéfice net de 952 M$, en hausse de 19 % sur un an.
La division américaine des services bancaires personnels et commerciaux de la Banque de Montréal a engrangé un bénéfice net de 310 M$, en hausse de 24 % par rapport à l’an dernier. Entretemps, le profit des activités américaines de la CIBC, qui a racheté l’été dernier PrivateBancorp, de Chicago, a grimpé de 362 % à 134 M$ par rapport à l’an dernier.
La Banque Royale a vu ses divisions de gestion du patrimoine et de marchés des capitaux afficher des croissances de plus de 10 %, aidées par les baisses des impôts des entreprises aux États-Unis. Par exemple, City National, une banque de Los Angeles acquise par la Royale en 2015, a contribué à son bénéfice net à hauteur de 114 M$ US au plus récent trimestre, soit plus du double de l’an dernier.
Inquiétudes au Canada
Pendant ce temps, au Canada, plusieurs s’inquiètent des conséquences que pourrait avoir le resserrement des règles sur les prêts hypothécaires en vigueur depuis le 1er janvier. Mais en attendant, les activités canadiennes des banques restent solides.
Le bénéfice des activités nationales de la Banque TD a progressé de 12 % au premier trimestre, par rapport à l’an dernier, pour atteindre 1,76 G$. Les quatre autres grands prêteurs ont dévoilé des croissances de bénéfices canadiens de 9 à 19 % pour le premier trimestre.
Pour l’instant, les portefeuilles hypothécaires ont montré peu d’impact par rapport aux nouvelles règles du Bureau du surintendant des institutions financières pour ce qui est des prêts hypothécaires non assurés.
En vertu des nouvelles règles, les acheteurs qui allongent une mise de fonds d’au moins 20 % pour une habitation doivent se soumettre à une simulation de crise pour vérifier qu’ils pourront continuer à effectuer leurs paiements même si les taux d’intérêt devaient grimper. En général, les banques ont indiqué qu’il était trop tôt pour évaluer l’incidence de ce changement. Elles s’attendent toutefois à ce que cela représente un vent contraire pour les trimestres à venir.
« Les activités canadiennes restent solides », a observé John Aiken, un analyste pour Barclays, à Toronto. « Elles génèrent argent et capitaux de façon soutenue. Mais nous commençons à voir des signes qui laissent croire que cette solide séquence pourrait commencer à s’essouffler. »
Les banques ont profité de la vigueur de l’économie canadienne en 2017.
Mais le coup de pouce attendu des réformes fiscales du président Donald Trump devrait récompenser les banques avec des profits encore plus grands au sud de la frontière, grâce aux économies d’impôts et à l’augmentation de l’activité économique.
La Scotia n’a pas une grande présence dans le secteur du détail aux États-Unis, mais son chef de la direction, Brian Porter, a indiqué cette semaine qu’il avait bon espoir de voir les marchés du Pérou, du Chili, de la Colombie et du Mexique profiter des retombées positives de cette situation.
« L’environnement macroéconomique au Canada et aux États-Unis reste bon et les développements au cours du dernier trimestre nous ont donné des avantages supplémentaires », a affirmé jeudi le chef de la direction de la Banque TD, Bharat Masrani, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
« Même s’il y a des risques à l’horizon, si ces conditions positives persistent, la croissance du bénéfice ajusté pour l’ensemble de l’exercice pourrait dépasser nos cibles à moyen terme. »
Un de ces risques est le démembrement potentiel de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), dont la dernière ronde officielle de négociations a débuté cette semaine.
Le chef de la direction de la Royale, David McKay, a indiqué cette semaine que l’inquiétude entourant l’avenir de l’accord commercial pesait sur les décisions d’investissement à long terme de ses clients commerciaux.