Les mesures exceptionnelles prises par la Banque du Canada pendant la pandémie auraient pu être communiquées avec plus de clarté, selon un examen interne, notamment en expliquant comment les mesures seraient éliminées une fois la crise passée.
Le rapport note également que la banque a considérablement sous-estimé la force et la persistance de l’inflation en 2021 et au début de 2022, ce que le gouverneur Tiff Macklem avait déjà reconnu.
Tiff Macklem a déclaré que l’examen aidera la banque centrale à être mieux préparée et plus efficace si le Canada fait face à une autre crise économique similaire.
« La Banque du Canada apprend sans cesse et doit tirer des leçons de cette expérience sans précédent », a affirmé Tiff Macklem dans un communiqué de presse.
En plus d’avoir réduit son taux d’intérêt directeur à 0,25 % au début de la pandémie, la Banque du Canada a acheté des milliards d’obligations. Au début, ces achats visaient à soutenir le fonctionnement des marchés financiers. Plus tard, l’objectif était de fournir une relance monétaire.
L’étude indique que la banque centrale pourrait être plus claire sur les circonstances limitées dans lesquelles elle procéderait à des achats d’actifs à si grande échelle et mieux distinguer entre le moment où il s’agit de soutenir le fonctionnement des marchés et celui où il s’agit d’une mesure de relance de l’économie.
En réponse à l’examen, le Conseil de direction a également convenu que, si la Banque avait de nouveau recours à des indications prospectives exceptionnelles relativement à la trajectoire des taux d’intérêt, elle devrait communiquer continuellement et expressément dans quelles conditions elle mettrait fin à ces indications.
Les conditions futures des indications prospectives extraordinaires pourraient être plus clairement liées aux perspectives d’inflation et soulignées plus souvent, a-t-elle également noté.
L’étude indique que plusieurs facteurs ont contribué à l’inflation en 2021 et 2022, notamment les impacts uniques liés à la pandémie ainsi qu’à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ainsi que les changements dans les habitudes de consommation des gens et une répercussion plus élevée que d’habitude des coûts sur les prix à la consommation.
La banque n’a pas pleinement anticipé la vitesse du rebond de la demande par rapport à l’offre, selon le rapport.
« La hausse notable de la part des augmentations de coûts que les entreprises ont répercutées sur les prix à la consommation est un autre facteur qui a contribué aux erreurs de prévision », a indiqué le rapport.
« Étant donné la forte demande et l’offre limitée, les entreprises ont peut-être moins craint de perdre des clients, ce qui a entraîné une plus grande transmission », a-t-on ajouté.
La banque a toutefois déclaré que son analyse indiquait que ses mesures de politique monétaire n’avaient pas à elles seules poussé l’inflation considérablement au-dessus de 2 %.
Une évaluation externe du rapport de la banque par un groupe d’experts comprenant l’ancien gouverneur de la Banque d’Espagne Pablo Hernandez de Cos, la professeure Kristin Forbes de la Sloan School of Management du MIT et le professeur Trevor Tombe de l’Université de Calgary a convenu de la nécessité d’améliorer la communication et la transparence, en particulier en ce qui concerne l’utilisation d’outils non conventionnels.
« Dans l’ensemble, la Banque dispose d’un certain nombre de moyens pour continuer à explorer et à peaufiner des méthodes accessibles pour communiquer ses décisions de politique monétaire », a souligné l’évaluation indépendante.
« C’est particulièrement important pour les outils nouveaux et non traditionnels qui ont été introduits dans des circonstances exceptionnelles, et sur lesquels il faudra peut-être s’appuyer à l’avenir. »