Depuis 2014, les portefeuilles de revenus fixes ont «constamment» été à la baisse et «ce n’est pas quelque chose qui va changer», a prévenu M. Sabia. Le rendement du portefeuille de revenu fixe s’est établi à 2,9%, comparativement à 8,4% en 2014. C’est un peu mieux que les 2,4% de l’indice de RBC Services aux investisseurs et de trésorerie. «C’est la raison pour laquelle nous allons restructurer le portefeuille de manière importante afin de diminuer les investissements dans les obligations, mais augmenter ceux dans le crédit», a-t-il précisé en conférence de presse.
La Caisse doit tout de même conserver un portefeuille obligataire pour des raisons actuariel et d’accès aux liquidités, poursuit le pdg. En augmentant la part du crédit aux entreprises et des investissements dans la dette immobilière, la Caisse serait en mesure d’obtenir de «meilleurs rendements» avec un «risque faible», a-t-il dit.
Outre le contexte des taux d’intérêt incertain, Roland Lescure, le chef des placements, a reconnu que l’environnement boursier avec une volatilité au plus bas, la confiance des investisseurs au sommet et une multiplication des risques géopolitique était «du jamais vu». Les risques baissiers ne sont pas à écarter.
Sur le même sujet, Michael Sabia a cependant que la Caisse était en mesure de profiter d’une baisse des marchés, contrairement à ce qui était survenu en 2009 quand l’institution était empêtrée dans les papiers commerciaux. «Cette fois-ci si quelque chose arrive, nous avons la flexibilité de profiter pleinement d’une reprise des marchés, assure le pdg. Oui, il y aura une baisse si cela survient, mais maintenant nous sommes bien positionnés pour faire des investissements pour chercher des actifs.»
M. Sabia a d’ailleurs confié avoir été surpris par la hausse des marchés suite à l’élection de Donald Trump. «Oui, j’étais surpris, répond-il. Je pense maintenant qu’il y a une tendance à mettre l’accent sur les éléments positifs du programme et de ne pas comprendre en profondeur le programme. On se demande si le marché est un peu complaisant. Encore une fois, je ne peux pas donner une réponse simple, il est possible qu’une vague d’investissement va débuter, c’est loin d’être évident.
Résultats
En 2016, la Caisse a généré un rendement supérieur à la moyenne des caisses de retraite canadiennes. L’ensemble de ses portefeuilles a généré un rendement de 7,6%.
Elle fait ainsi mieux que les 6,8% obtenus par les fonds de pension canadiens en 2016, selon les données compilées par RBC. Comme la répartition des actifs diffère d’une caisse de retraite à l’autre, la Caisse de dépôt estime plutôt qu’elle devrait être comparée à son propre indice de référence, qui aurait généré un rendement de 5,8%.
Plus en détail, le portefeuille d’actions a généré un rendement de 9,4%, toujours en 2016. Les actions canadiennes ont progressé de 22,7%. Durant la même période, l’indice RBC et le S&P/TSX ont progressé de 21,9% et 21,2%, respectivement. Cette surperformance s’explique par le biais de la Caisse en faveur des sociétés canadiennes qui ont des activités importantes à l’étranger, a expliqué Roland Lescure, chef des placements, en conférence de presse.
Le Mandat Qualité Mondiale, une stratégie lancée en 2013 afin de concilier rendement à long terme et diminution de la volatilité, a obtenu un rendement de 4%.
Les actifs réels, soit les infrastructures et l’immobilier, progressent, pour leur part, de 10,6%. Les placements privés ont généré un rendement de 14%. La Caisse mise sur ses investissements à l’extérieur de la Bourse pour faire mieux que la Bourse. M. Sabia a admis que la diversification vers ses investissements «n’était pas assez rapide à son goût»
Actifs au Québec
La taille des actifs au Québec a reculé de 1,5% en 2016 pour s’établir à 58,8 G$ par rapport à l’année précédente. En 2014, cet actif s’établit à un seuil de 60 G$ en 2014. Cette baisse s’explique cependant par une diminution des investissements dans le secteur public, comme les obligations gouvernementales. Cela fait partie de la stratégie de désinvestissement obligataire de la Caisse. Les investissements dans le secteur privé, qui inclut les entreprises en Bourse et fermées, sont toutefois en hausse. Ils s’établissent à 36,9 G$. M. Sabia a réitéré son objectif d’accompagner les entreprises québécoises à l’étranger.