L’annonce a surpris tout le monde.
«Je ne m’attendais pas à une transaction aussi importante, lance Carl Laflamme, premier vice-président, assurance collective, chez SSQ Groupe financier. AGA est un des courtiers les plus importants du Québec, qui gère plus de 100 M$ de primes d’assurance collective en vigueur.»
Marc Patry, associé principal chez PPTA assurance-conseils, s’est lui aussi dit étonné, mais pour d’autres raisons.
«Je venais d’apprendre qu’AGA était à vendre et je commençais à étudier l’entreprise plus à fond lorsque j’ai appris la nouvelle, dit-il. J’ai l’impression que l’entente a été conclue rapidement, qu’AGA ne cadrait plus dans les plans de La Capitale.»
Martin Papillon, nouveau PDG du groupe, le confirme : la Capitale s’est rapidement montrée ouverte à leur proposition, dont les termes n’ont pas été dévoilés.
Lors de l’annonce, Steven Ross, président et chef de l’exploitation de La Capitale assurance et gestion du patrimoine, a expliqué que cette offre des trois partenaires, reçue l’été dernier, l’a poussé à réfléchir sur l’avenir d’AGA au sein du groupe.
«Nous avons conclu que nous désirons concentrer nos efforts dans le marché de l’assurance collective et non comme distributeur», dit-il.
Problème de structure
Cette volonté de changement n’est pas un hasard. Depuis l’acquisition d’AGA en 2005, La Capitale avait un problème d’image au sein de l’industrie. «Il est rare de voir une entreprise se positionner à la fois comme assureur et comme distributeur», explique Carl Laflamme.
Pour montrer aux différents acteurs que la Capitale ne s’ingérait pas dans les affaires d’AGA et vice versa, la compagnie n’a jamais été intégrée au groupe. «Aucun incident n’a jamais été rapporté, dit Carl Laflamme. Cependant, les doutes demeuraient.» La cession d’AGA clarifie donc les choses et améliore l’image de La Capitale.
Quant à AGA, c’est une nouvelle aventure qui débute. Les trois nouveaux actionnaires sont connus du milieu des assurances et des services financiers au Québec. Et ils ont bonne réputation.
«Monsieur Papillon a une bonne feuille de route, remarque Carl Laflamme. Il est très crédible et a obtenu de bons résultats par le passé.»
De plus, le trio bénéficie d’une expertise complémentaire. Le spécialiste des avantages sociaux s’est en effet associé à un homme d’affaires aguerri qui est responsable de la stratégie, et à une comptable qui supervise les finances et l’administration. Tous trois rêvaient de se lancer en affaires…
«Nous avons examiné plusieurs possibilités, dit Martin Papillon, et nous avons choisi cette organisation bien structurée dont les forces sur les plans humain, financier et technologique restent indéniables.»
Toutefois, cette acquisition a tout de même fait quelques sceptiques dans l’industrie. C’est le cas notamment de Marc Patry, qui remet en question le congédiement de Clément St-Laurent, remplacé par Martin Papillon. «Je m’explique mal cette décision, dit-il, car c’est lui qui détient la relation avec les conseillers. Il est l’acteur clé d’AGA…»
Pour sa part, Martin Papillon reconnaît les qualités de l’ancien directeur général, de même que le bon travail accompli. «Mais je ne suis pas un investisseur passif, explique-t-il. J’aime participer aux activités.»
D’autres acquisitions
D’ailleurs, le nouvel état-major de l’organisation est déjà à pied d’oeuvre. Et le mot qui revient le plus souvent est «croissance».
«Nous voulons voir le chiffre d’affaires progresser, dit Martin Papillon. Pour ce faire, nous serons innovants, nous veillerons à offrir les meilleurs produits et nous continuerons de nous entourer des meilleures ressources.»
«Le marché de l’assurance collective et des régimes collectifs de retraite croît de 6 à 8 % par an, poursuit-il. Donc, pour croître de 10 %, il faut simplement performer un peu mieux que les concurrents.»
Avec un tel objectif, la rationalisation des effectifs n’est évidemment pas à l’ordre du jour. Au contraire, AGA espère être en mode embauche à partir de 2014 afin de soutenir la croissance.
Les trois propriétaires ont aussi l’intention de faire d’autres acquisitions. «Le marché québécois de l’assurance collective est fragmenté, dit Martin Papillon. Il y a beaucoup de petits acteurs. Cela ouvre la voie à la consolidation.»
Des changements s’annoncent donc dans le secteur de la distribution de l’assurance collective et des régimes collectifs de retraite, où une poignée d’acteurs cherchent à croître par acquisition.