«Au départ, c’était une idée ; par la suite, c’est devenu une passion. Je voyais le besoin d’éducation financière, notamment chez les jeunes. J’avais envie de créer quelque chose en finance. D’une idée à une passion, c’est aujourd’hui devenu une mission : former le plus grand nombre de jeunes possible», dit le planificateur financier.
Des cours adaptés
En 2010, avec son épouse, comptable, et une poignée de bénévoles, Dominique Asselin met en place des cours de finance pour le primaire, le secondaire et le collégial.
Les thèmes abordés dans les cours sont toujours les mêmes : faire un budget, bien gérer son crédit, et enfin, apprendre à investir ; de plus, le contenu est adapté à l’âge des enfants.
Au primaire, les élèves suivent l’aventure d’Alex, un petit lion qui veut acheter un vélo et doit donc épargner pour atteindre son objectif.
Au secondaire, ils sont sensibilisés à l’idée de mettre en place leur régime enregistré d’épargne-études (REEE), puis à celle de l’épargne et de l’investissement en prévision de l’achat d’une voiture ou d’un appartement.
Au collégial, l’Académie du trésor (academiedutresor.com) met l’accent sur l’achat d’une première maison, sur le compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et sur le Régime d’accession à la propriété (RAP), qui permet d’utiliser comme mise de fonds l’argent accumulé dans le régime enregistré d’épargne retraite (REER), ou encore sur la saine gestion des dettes à court terme.
L’aventure a commencé dans trois établissements scolaires : le premier, l’école primaire des enfants de Dominique Asselin ; le deuxième, l’école Montcalm, au secondaire cinq ; et le troisième, le Cégep de Sherbrooke, dans le programme de techniques policières. Il s’agissait de créer une continuité entre les différents groupes d’âge.
«Au départ, nous nous posions des questions sur la réception des cours auprès des jeunes. Grâce au matériel pédagogique coloré, aux exercices vivants et aux professeurs dynamiques, les jeunes suivent les cours et en redemandent. Dans la plupart des écoles, nous sommes obligés de tirer les noms au sort, car nous avons trop de demandes», dit le fondateur.
Dans la plupart des écoles, les cours sont proposés sous forme d’activité parascolaire. Au secondaire, deux établissements les ont intégrés au programme.
À Montréal, les commissions scolaires ont donné leur accord pour un projet-pilote. Les écoles secondaires Saint-Louis, Père-Marquette et Saint-Laurent (pavillon Cardinal) intégreront la formation financière au programme.
À la prochaine rentrée scolaire, l’Académie du trésor sera présente dans 15 écoles québécoises. «En trois ans, nous sommes passés de trois écoles à 15, de trois bénévoles à 35, de la Ville de Sherbrooke à quatre régions géographiques, dans lesquelles la formule se décline désormais. Ça a été très vite», constate Dominique Asselin.
Une récompense à investir
Outre la formation dispensée, qui dure de 15 à 25 heures selon le niveau scolaire, l’Académie du trésor remet à chaque élève qui réussit l’examen final des jetons de bronze, d’argent ou d’or, d’une valeur de 40 à 60 $.
Cet argent gagné par l’élève est converti et placé dans le portefeuille d’investissement de l’Académie du trésor. Chaque promotion a son fonds, avec des placements à revenu fixe et quelques actions en Bourse.
C’est un outil pédagogique. Les jeunes peuvent voir leurs placements fluctuer à la Bourse, sur le site Web de l’Académie. Les placements sont détenus pendant cinq ans, ou jusqu’à la majorité de l’élève (18 ans). Le jeune reçoit alors un chèque.
Une mesure incitative pour les jeunes, même si cet outil exerce également une certaine pression financière sur l’association.
«Par exemple, si nous devions former 5 000 jeunes dans deux ou trois ans, cela représenterait 250 000 $ de placement par an», calcule Dominique Asselin.
Malgré l’engagement de donateurs importants, le partenariat développé avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) ou celui avec la Banque du Canada pour la Trousse de prévention de la fraude, les fonds seront insuffisants.
Le conseil d’administration de l’Académie compte amorcer une réflexion à ce sujet pour éviter que cette pression financière ne soit un frein à la mission de former le plus grand nombre de jeunes possible.
«Nous pourrions peut-être offrir des bourses d’études aux meilleurs étudiants, ne donner les jetons qu’aux plus jeunes, ou encore négocier plus de partenariats avec les écoles pour la prise en charge du matériel pédagogique. Nous savons qu’au ministère de l’Éducation, il y a des choses qui progressent pour que l’économie fasse peut-être de nouveau partie du programme scolaire. Ce sont des pistes de réflexion», souligne le fondateur.
Vers plus d’indépendance financière
L’Académie envisage également de proposer des cours pour adultes. «Si nous sommes admissibles, l’année prochaine, au Fonds pour l’éducation et la saine gouvernance de l’AMF, nous pourrions créer des cours pour les adultes grâce aux 95 sujets de formation que nous avons déjà. Chaque cours durerait une heure et demie pour les jeunes adultes et les adultes», précise le fondateur.
Ces cours pourraient être proposés dès mars-avril 2014 pour les étudiants du collégial qui veulent poursuivre la formation ou pour de jeunes adultes.
Selon Dominique Asselin, des entrepreneurs souhaiteraient également proposer ce type de formation à leurs employés. Il s’agirait, par exemple, de séances d’information sur les avantages sociaux, sur l’emploi du REER collectif en entreprise, sur divers types de comptes de placement. L’offre pourrait être faite sur mesure et comprendre différents cours.
«Nous considérons ce projet avec grand intérêt. Si nous faisons payer les entreprises pour les cours que nous donnons, nous pourrons utiliser cet argent pour la fondation, pour le financement des jetons et pour tout ce qui concerne le volet jeunesse.»
«Imaginez, si chaque adulte peut financer six ou sept jetons ou autant de jeunes, nous pourrons répondre favorablement aux écoles qui veulent proposer les cours de l’Académie. Ces adultes qui suivraient la formation pourraient devenir des formateurs par la suite. Cette initiative, si elle aboutit, pourrait aussi créer une forme de parrainage et permettre de conserver la gratuité pour les jeunes !» conclut Dominique Asselin.