C’est en se basant sur les données d’octobre du Fonds monétaire international (FMI) que le site financier MarketWatch a annoncé, début décembre, que le PIB de la Chine était maintenant supérieur – de 200 G$ US – à celui des États-Unis. Il atteignait alors 17 632 G$ US, soit 11 fois plus que celui du Canada (1 579 G$ US) (http://tinyurl.com/nok4gb4).

Ces données sont exprimées en parité de pouvoir d’achat, une mesure que la plupart des économistes jugent plus appropriée pour mesurer la puissance économique de chaque nation.

Autrement dit, ces chiffres tiennent compte de ce que permettent d’acheter localement les devises de chaque pays à partir d’un panier de plus de 3 000 biens et services. Ainsi, en faisant abstraction de la valeur des devises, tel type de café servi dans un Starbucks de Beijing a le même poids économique qu’un café semblable servi à San Francisco, explique MarketWatch.

Si le calcul avait été nominal – donc établi à partir des taux de change officiels – la Chine aurait été loin derrière les États-Unis avec un PIB de 10 350 G$ US.

Qu’importe le calcul, c’est la tendance de fond qui compte, a souligné au quotidien français Le Monde Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management.

«Cela montre que tant l’économie américaine que celle des pays développés ne sont plus à des tailles [sic] qui leur permettent de faire la pluie et le beau temps et qu’il leur faut compter avec la Chine», affirme-t-il (http://tinyurl.com/omx3mcj).

Nouvel équilibre mondial

Dans l’article de MarketWatch intitulé «C’est officiel : les États-Unis sont numéro 2», le chroniqueur Brett Arends présente ce changement de garde comme «un tremblement de terre géopolitique».

Il rappelle que deux États démocratiques – le Royaume-Uni, puis les États-Unis – ont dominé l’échiquier mondial depuis la bataille de Waterloo, en 1815.

L’histoire nous apprend que «les pouvoirs politiques et militaires ont toujours été dépendants du pouvoir économique». Brett Arends cite les exemples de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Espagne, qui ont connu leurs heures de gloire économique.

Selon lui, un nouvel équilibre économique et politique se dessine.

Le chroniqueur de MarketWatch souligne que la montée de la Chine touchera toutes les sphères d’activité. «Cela ne changera rien demain ou la semaine prochaine, mais cela changera presque tout au fil du temps.»

La qualité plutôt que la quantité

Pour sa part, George Chen, chef de la section financière du quotidien chinois South China Morning Post, a noté que le gouvernement chinois n’a pas souligné outre mesure l’accession du pays au rang de première puissance économique (http://tinyurl.com/ks9yc8o).

À cette occasion, l’agence de presse nationale Xinhua a plutôt publié «une série d’articles rappelant à la population l’importance de mettre l’accent sur la qualité de l’économie au lieu de se prêter au jeu des chiffres et des positions», précise George Chen.

Ce dernier avance que Beijing sait bien qu’elle ne pourra maintenir une croissance de plus de 7 % au cours de la prochaine décennie sans qu’il y ait des réformes sur les plans économique et politique.

«Beijing essaie de passer d’une économie qui s’appuie sur la quantité à une économie de qualité. Le gouvernement se montre aussi de plus en plus intéressé à exercer une puissance douce [soft power] sur le reste du monde», écrit George Chen.

Poids lourd de la finance

Par ailleurs, la Chine a également pris du poids sur le marché financier mondial en 2014.

En effet, la Chine a dépassé le Japon sur le plan de la capitalisation boursière à la fin de novembre et se classe bonne deuxième, après les États-Unis.

La capitalisation boursière de l’empire du Milieu a fait un bond de 33 % au cours des 11 premiers mois de 2014 et a atteint 4 480 G$ US le 27 novembre. Pendant ce temps, celle du Japon déclinait de 3,2 %, à 4 460 G$ US, selon les données de Bloomberg (http://tinyurl.com/k65qxtg). La capitalisation boursière des États-Unis s’élevait quant à elle à 24 400 G$ US.