Le gouvernement chinois freine la production de cryptomonnaies sur son territoire en interdisant cette pratique dans le Sichuan, rapporte l’Agence France-Presse. Cette province était la deuxième province productrice de cryptomonnaies après le Xinjiang, mais elle compterait, selon Global Times, 90 % des capacités de minage de bitcoin du pays.
L’interdiction qui a mené à la fermeture de 26 entreprises la semaine dernière, selon d’anciens producteurs de cryptomonnaies, risque d’avoir un impact sur la production entière du pays qui est, rappelons-le, le premier producteur mondial de monnaie numérique.
Selon ces derniers, les fournisseurs d’énergie ont reçu l’ordre d’arrêter de fournir de l’électricité à ces entreprises.
Le cours du bitcoin, connu pour être volatil, a évidemment souffert de cette annonce. Il était ainsi en recul de plus de 8,91 % lundi.
De multiples raisons
Cette décision a été motivée pour plusieurs raisons. La première étant que la Chine tente de réduire l’importance des cryptomonnaies dans le pays, en raison de la spéculation entourant ces actifs.
L’interdiction est également motivée par des questions environnementales. Cette industrie particulièrement énergivore pourrait ainsi détruire les efforts du pays en matière environnementale et l’atteinte des objectifs climatiques qu’il s’est fixés. Sans actions des autorités, l’industrie du minage pourrait produire l’équivalent des émissions carbone de l’Italie ou de l’Arabie saoudite d’ici 2024, d’après une récente étude publiée dans Nature.
Malgré cette interdiction, la Chine continue de travailler sur sa propre monnaie numérique qu’elle compte bien mettre en circulation pour les Jeux olympiques de Pékin en 2022. Contrairement aux cryptomonnaies, les monnaies numériques sont émises et garanties par les banques centrales. Elles permettent de simplifier les transactions et d’en diminuer les coûts puisque les intermédiaires ne sont plus nécessaires.
Les Bahamas remportent la palme
Les Bahamas doublent la Chine et lancent le Sand Dollar, la première monnaie numérique émise par une banque centrale dans le monde, rapporte La Presse.
Bien qu’il s’agisse d’une première mondiale, difficile de comparer ce lancement au projet chinois, un fait que le gouverneur de la banque centrale du pays, John Rolle, est le premier à reconnaître.
Il faut ainsi savoir que l’archipel est mal desservi par le système financier traditionnel, explique-t-il. Cela peut se comparer ainsi au passage des populations du réseau téléphonique filaire au cellulaire. Les Bahamas profitent de l’évolution de la technologie pour sauter des étapes dans la modernisation de son système de paiement, ajoute-t-il.
Sans compter que les Bahamas comptent environ 380 000 habitants, soit bien moins que la Chine et ses 1,4 milliard de personnes
Une bonne nouvelle? Pas sûr…
Si les cryptomonnaies garantissent l’anonymat, la monnaie numérique émise par une banque centrale permet de suivre le comportement des consommateurs. Les gouvernements veulent ainsi les instaurer pour nombre de raisons.
Les Bahamas disent vouloir donner accès au système financier à ceux qui ne l’ont pas et ainsi, simplifier la vie de la population.
Mais la traçabilité de cette monnaie permet également d’espionner le comportement des consommateurs et de surveiller la population, une possibilité qui motiverait le gouvernement chinois pour adopter rapidement une telle monnaie.
Grâce au yuan numérique, le gouvernement pourrait suivre les transactions financières de ses citoyens et les bloquer au besoin.
Une autre motivation pour la Chine est qu’une telle monnaie lui offrirait une plus grande influence économique. Sur le plan international, le pays est freiné par le fait que le dollar américain règne en maître sur l’économie mondiale. Ce dernier serait ainsi utilisé dans 88 % des transactions internationales, contre seulement 4 % pour le yuan, selon la Banque des règlements internationaux.
Cette domination permet aux États-Unis d’imposer des sanctions financières aux entreprises chinoises et de paralyser leurs activités, même à l’extérieur du territoire américain. Avec un yuan numérique, le pays compte bien renverser la situation.