Le dollar américain, monnaie refuge, a bénéficié de la liquidation du mois de mars, mais a depuis renoncé à ses gains. L’indice du dollar se négocie actuellement à son plus bas niveau depuis plus de deux ans.
Alors que le dollar pourrait à nouveau être stimulé par une deuxième vague d’infections, de nombreux vents contraires pèsent sur cette monnaie.
« D’un point de vue cyclique […], nous constatons un certain degré de pessimisme autour du dollar américain », commente Luc de la Durantaye, chef de la stratégie d’investissement et directeur informatique de CIBC Asset Management, dans une entrevue en juillet.
Un facteur qui pèse sur le dollar est sa valeur relative.
« Après la pandémie, la hausse du dollar américain l’a amené à un niveau assez élevé dans une perspective plus large – non seulement par rapport au dollar canadien mais aussi par rapport à un panier de devises étrangères », explique Luc de la Durantaye.
Un autre facteur est l’absence de prime de taux d’intérêt.
« Les États-Unis avaient un avantage sur de nombreux pays en matière de taux d’intérêt », constate Luc de la Durantaye. Avec la Réserve fédérale qui maintient son taux de référence de prêt au jour le jour proche de zéro depuis la mi-mars, « le taux d’intérêt relatif ne soutient plus le dollar américain ».
Il a également noté que le dollar est une monnaie anticyclique qui a tendance à se redresser en période de stress. Au contraire, lorsque l’économie mondiale se redresse, le dollar a tendance à se déprécier.
La hausse potentielle de l’inflation serait également un facteur négatif.
« Du point de vue de l’inflation relative, la Réserve fédérale maintiendra des taux d’intérêt très bas et tentera de stimuler l’inflation et son économie, ce qui n’est généralement pas positif pour une monnaie », explique Luc de la Durantaye.
Parmi les autres facteurs qui pèsent sur le dollar, on peut citer les élections américaines de cette année et les difficultés du pays à lutter contre le coronavirus.
« Pour toutes ces raisons, nous pensons que nous avons la capacité de maintenir la faiblesse du dollar américain », déclare Luc de la Durantaye.
Un dollar américain plus faible présente un risque pour les investisseurs canadiens, qui ont généralement une exposition importante au marché américain, prévient-il. Un huard relativement plus fort aurait un impact négatif sur le rendement des investissements étrangers si la devise n’est pas couverte.
Dans le même temps, Luc de la Durantaye ne prévoit guère de hausse pour le huard, compte tenu des difficultés de l’économie et du secteur énergétique du Canada.
La force récente du huard, stimulée par de meilleurs prix du pétrole brut, devrait s’inverser, « alors que les fondamentaux [commerciaux] relativement faibles sont révélés, et que la reprise économique mondiale s’arrête », selon un rapport sur les devises étrangères publié la semaine dernière de CIBC Capital Markets.
Alors que le taux de change USD/CAD a été d’environ 1,34 $, CIBC Economics prévoit qu’il atteindra 1,37 $ au troisième trimestre et 1,38 $ au quatrième trimestre. Pour 2021, ses prévisions vont de 1,37 $ au premier trimestre à 1,41 $ au quatrième trimestre.
Une monnaie qui s’est appréciée par rapport au dollar ces dernières semaines est l’euro.
Compte tenu des facteurs négatifs pour le dollar, « nous avons un biais positif avec l’euro », dit Luc de la Durantaye. Par rapport aux États-Unis, les pays de l’Union européenne ont mieux géré la COVID-19, ce qui permet une meilleure reprise, note-t-il. La réponse budgétaire a également été favorable.
Dans son rapport, CIBC dit s’attendre à ce que l’euro rende une partie de ses gains récents au cours du prochain trimestre, étant donné les attentes d’un environnement sans risque. Néanmoins, le taux de change EUR/USD conserverait un objectif à plus long terme de 1,19 $ US, précise-t-il.
Certaines devises des marchés émergents peuvent également être attrayantes par rapport au dollar, à condition que les investisseurs fassent preuve de discrimination. « La sélection est le mot clé », souligne Luc de la Durantaye.
Le rapport de la CIBC note aussi des opportunités tactiques à court terme pour les monnaies du Mexique, de la Colombie et du Chili. Celles-ci devraient se dissiper vers la fin de l’année, au milieu de divers défis intrinsèques dans ces pays.
Pour des perspectives complètes sur les devises jusqu’en 2022, voir le rapport sur les devises de la CIBC Capital Markets.
Cet article fait partie du programme AdvisorToGo, mis en place par la CIBC. Il a été écrit sans la contribution du commanditaire.