Ces résultats sont tirés de la dernière étude en cours sur la Zone de confort financier, un sondage pancanadien mené auprès des consommateurs par Credo en partenariat avec le Groupe Finance de TC Media, qui publie Finance et Investissement.
«Il ne fait aucun doute que la proportion d’investisseurs qui ignorent qu’ils paient vraiment pour le conseil qu’ils reçoivent a diminué de façon significative [depuis la mise en oeuvre du MRCC 2]», affirme Hugh Murphy, directeur général chez Credo Consulting.
Depuis juillet 2016, les courtiers sont tenus de fournir aux investisseurs des rapports conformes au MRCC 2, qui comprennent les frais reliés au conseil indiqués en dollars ainsi que les données de rendement. Toutefois, la plupart des firmes ont commencé à fournir des rapports conformes au MRCC 2 au début de l’année 2017 de façon à pouvoir fournir aux investisseurs les données des frais et de rendement sur une base annuelle.
La mise en oeuvre du MRCC 2 semble également avoir fait prendre conscience aux investisseurs de ce qu’ils paient pour le conseil qu’ils reçoivent. Les investisseurs canadiens sondés par Credo entre juillet et septembre ont donné une note moyenne de 6,42 sur 10 à l’énoncé : «Je sais exactement combien mon conseiller est rémunéré». En comparaison, les investisseurs canadiens sondés entre mai et décembre 2016 ont donné au même énoncé une note moyenne de 6,13.
D’autres améliorations attendues
Cependant, le sondage montre que de nombreux investisseurs ignorent toujours combien ils paient exactement pour le conseil qu’ils reçoivent. Par exemple, lorsqu’on a demandé aux investisseurs s’ils payaient des commissions de suivi, 26 % des participants du sondage ont dit qu’ils n’en étaient pas sûrs. Quand on leur a demandé s’ils rémunéraient le conseil selon un pourcentage de l’actif, 14 % ont répondu qu’ils n’en étaient pas sûrs.
Même si la mise en oeuvre du MRCC 2 semble avoir eu un effet positif sur la prise de conscience des frais par les investisseurs, globalement, les résultats montrent aussi qu’«il reste des problèmes sérieux qui doivent être réglés» sur le plan de l’amélioration de la prise de conscience et de la compréhension de la rémunération des conseillers, suggère Hugh Murphy.
Néanmoins, la mise en oeuvre complète du MRCC 2 n’en est qu’à ses débuts, et tous les effets des nouvelles exigences de divulgation des frais ne se feront pas sentir avant un certain temps, affirme Paul Bourque, président et chef de la direction de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC), à Toronto.
«Personne ne pensait qu’il y aurait une amélioration significative en six mois», dit-il. À ce stade, l’industrie «est davantage en mode de surveillance, elle fait régulièrement des études, puis ajuste la divulgation en fonction».
L’IFIC entreprend actuellement ses propres premières recherches pour mesurer l’impact du MRCC 2 sur les connaissances et le comportement de l’investisseur.
Le faible effet du MRCC 2 peut être dû en partie au calme relatif des marchés des actions, suggère Sara Gilbert, fondatrice de Strategist(e) Développement des affaires, de Montréal.
«Quand les gens font de l’argent, ils acceptent de payer des frais, dit-elle. Mais quand ils perdent de l’argent, c’est là qu’ils se mettent à comparer les frais, à les contester et à poser des questions à ce sujet.»
Pourtant, l’industrie du placement aussi a beaucoup fait pour se préparer et préparer les investisseurs à une époque de plus grande divulgation.
«Je ne m’attendais pas à une révolution ou à un soulèvement [avec la mise en oeuvre du MRCC 2], dit Paul Bourque, mais une partie de tout cela est reliée aux fortes tendances que nous avons constatées comme l’adoption des comptes à honoraires, le fait que de nombreuses firmes ont fourni ce type d’information depuis un certain temps [avant le MRCC 2], et que les marchés sont positifs.»
En effet, les résultats du sondage de Credo n’ont pas mis en évidence que la mise en oeuvre du MRCC 2 aurait eu pour effet que les investisseurs auraient quitté leurs conseillers pour se tourner vers une gestion autonome. Selon Hugh Murphy, «il n’y a eu aucun changement dans le nombre de personnes affirmant qu’elles recevaient des conseils financiers».
John DeGoey, gestionnaire de portefeuille chez Industrielle Alliance Valeurs mobilières, à Toronto, dit ne pas être surpris que le MRCC 2 semble n’avoir eu qu’un faible effet sur la prise de conscience des honoraires par l’investisseur. Il considère que cela vient de ce qu’aux yeux des investisseurs, pour bien faire, il ne s’agit pas de faire plus de divulgation mais d’éliminer certaines structures d’honoraires, en particulier les commissions intégrées. Les autorités canadiennes en valeurs mobilières étudient actuellement une telle interdiction.
«La divulgation est seulement une autre tactique de diversion utilisée par les défenseurs du statu quo comme un supposé correctif, affirme John DeGoey. Les faits sont éloquents : est-ce que [le MRCC 2] modifie les comportements ? S’il ne le fait pas, nous devons faire quelque chose d’autre.»
Toutefois, Paul Bourque est d’avis que l’accent devrait être mis sur la nécessité de fournir aux investisseurs toute l’information et tous les outils nécessaires pour faire des choix adéquats, et non sur l’élimination d’un type de structure d’honoraires en particulier.
«Il faut donner aux investisseurs la meilleure information pour qu’ils puissent prendre les meilleures décisions dans leur propre intérêt, dit-il, plutôt que d’adopter une approche intrusive ou de prescrire des règles normatives pour enlever le choix.»
L’étude en ligne sur la Zone de confort financier a sondé jusqu’ici 25 000 Canadiens. Le sondage vise à explorer les relations entre le conseil financier, le bien-être financier et la satisfaction globale de la vie dans la société canadienne. Les Canadiens sont sondés tous les mois, et le nombre de personnes sondées augmentera chaque mois.