La faiblesse des taux d’intérêt très bas et son effet sur les rendements des obligations à long terme accentuent le défi de l’épargne-retraite pour les investisseurs. De quoi bouleverser les modèles traditionnels de répartition des actifs, selon un nouveau rapport publié par CIBC World Markets.
Le rapport examine la situation des investisseurs et des gestionnaires de portefeuille canadiens dans le contexte actuel de taux d’intérêt bas. Il note ainsi qu’« une catégorie d’actifs, soit les obligations du gouvernement fédéral, n’est plus un bon moyen de gagner de l’argent ».
On y indique que les obligations souveraines de haute qualité sont presque devenues équivalentes à des liquidités, car elles « n’offriront probablement pas grand-chose en retour dans la prochaine décennie, et comme les liquidités, [elles sont] évaluées principalement pour leur sécurité et leur liquidité ».
Le rapport estime qu’un portefeuille d’obligations du gouvernement canadien pondéré en fonction du marché (2, 5, 10 et 30) produira un rendement annuel composé de seulement 0,6 % au cours des dix prochaines années.
« Si, comme nous le prévoyons, l’inflation se rapproche en moyenne de 2 % sur cet horizon, cela représente un rendement réel négatif pour une décennie entière », commente-t-il.
Ce point de vue est repris dans un autre rapport de Mackenzie Investments, dans lequel on peut lire: « Nous pensons que les faibles rendements sont le nouveau paradigme pour les investisseurs à long terme, plutôt qu’un obstacle cyclique sur la route. La crise actuelle a simplement accéléré le changement en cours vers un environnement de rendement « plus bas pour plus longtemps » ».
Pour les investisseurs et les gestionnaires de portefeuille, la réalité des faibles rendements signifie un risque supplémentaire pour répondre aux attentes de rendement à long terme, ou une augmentation de l’épargne pour compenser des rendements plus faibles.
« Un taux sans risque plus faible implique que les épargnants à long terme ont besoin de plus d’actifs pour financer un niveau cible de revenu de retraite, car l’épargne accumulée grossit à un taux de croissance plus lent », explique le rapport Mackenzie.
Par exemple, lorsque les rendements à long terme sont en moyenne de 3 %, un investisseur doit épargner environ 1,8 million de dollars (M$) pour financer 100 000$ de dépenses annuelles pendant 25 ans. Avec des rendements obligataires à long terme de 1 %, cela monte à 2,2 M$ ; et « si les taux baissent jusqu’à zéro, les actifs nécessaires à la retraite augmentent à 2,5 M$ ».
Face à des besoins d’épargne pré-retraite plus importants, de nombreux investisseurs seront peut-être amenés à prendre davantage de risques pour financer leur retraite afin d’espérer obtenir des rendements plus élevés.
« Si des rendements attendus plus élevés réduisent l’épargne nécessaire à la retraite, les portefeuilles à risque plus élevé présentent également un plus grand « risque de ruine » si les évaluations chutent fortement après la retraite, met en garde le rapport Mackenzie. Cela pourrait laisser les retraités avec des actifs insuffisants pour financer leurs besoins de dépenses. »
En outre, la CIBC souligne que les obligations d’État n’ont probablement pas un grand potentiel de hausse – ce qui mine leur rôle traditionnel de source de diversification.
« Si les actions devaient inverser leur récente tendance à la hausse, il n’y aurait tout simplement que peu de place pour que les prix des obligations se redressent en compensation, sauf peut-être à l’extrémité très longue de la courbe », constate le rapport de la CIBC.
En conséquence, les investisseurs risquent de devoir se tourner vers d’autres alternatives pour équilibrer leur portefeuille.
« Les stratégies d’investissement alternatives avec des objectifs de rendement absolu et une faible corrélation avec les rendements des marchés boursiers traditionnels ainsi que les stratégies d’allocation d’actifs axées sur les résultats avec une protection contre la baisse en utilisant des options pourraient jouer un rôle utile », note le rapport de Mackenzie.