«Les gens répètent qu’“un marché haussier ne meurt pas de ses vieux jours”. Oui, je le sais, mais, vous savez quoi, ils meurent tous un jour. Les cycles meurent. Et voulez-vous savoir comment? La Fed lui tirera une balle dans la tête. », a déclaré le stratège devant les participants d’Inside ETFs Canada, une conférence sur les Fonds négociés en Bourse (FNB), qui pour la première fois avait lieu au Canada.
M. Rosenberg prédit que c’est la banque centrale qui provoquera le retournement du cycle économique. «Parce que la Fed assouplit trop ses politiques, puis les resserre trop, ainsi de suite, précise-t-il. Même si cela attire l’attention des médias aujourd’hui, ce ne sont pas les politiques commerciales qui prédominent. La plus importante chose à regarder est la politique monétaire de la Fed.»
Un discours pessimiste
L’idée qu’une hausse des taux d’intérêt représente un vent de face pour les marchés boursiers et l’économie reste une opinion consensuelle parmi les experts. M. Rosenberg, pour sa part, se démarque par sa perception de l’imminence du danger.
L’idée en vogue est que le stimulus fiscal, la robustesse du marché de l’emploi et le fait que la politique monétaire demeure accommodante (même si la Fed resserre la vis) repousseront la prochaine récession à 2020 ou 2021. M. Rosenberg pense que l’échéance est beaucoup plus rapprochée, soit d’ici 12 mois. À la Bourse, le plus récent sommet du S&P 500 à New York, atteint en janvier, serait le dernier du cycle, selon M.Rosenberg. «Il faut voir ce que l’histoire nous enseigne», met-il en garde.
Pour démontrer son propos, le conférencier pointe vers la comparaison entre le dividende du S&P 500 et la distribution des obligations. «Il y a un an, je vous aurais dit qu’il n’y avait pas de solution de rechange (aux actions), affirme-t-il. Le taux d’intérêt des obligations de deux ans du gouvernement américain était à 1,3% et le rendement du dividende du S&P 500 était à 1,9%. Aujourd’hui, le rendement du dividende est le même pour le S&P 500, mais la distribution du deux ans a doublé à 2,6%. On n’a pas vu cela depuis une décennie!»
Peu importe si la croissance des bénéfices par actions est vigoureuse. Ce sont les multiples qui détermineront la suite des choses, poursuit l’économiste. Il note que la variation des multiples a un plus grand impact que l’accroissement des bénéfices. Au prix actuel, il croit que le potentiel de rendement sur dix ans avoisinera «zéro».
En regardant les précédents cycles, M. Rosenberg en arrive à la conclusion que la Fed a joué un rôle crucial dans l’appréciation des actions américaines. En comparant le lien précédent entre la croissance économique et les multiples, il juge que le S&P 500 aurait dû toucher un sommet à 1800 points. Mercredi, il fermait à 2767 points. «Ça veut dire que la Fed a donné un gain de près de 1000 points à l’indice. Ça soulève des inquiétudes quand le vent tournera. »