Sans surprise, le gouvernement québécois a rapidement indiqué qu’il n’avait aucunement l’intention d’emboîter le pas. Le contraire aurait été assez illogique dans le contexte de rigueur budgétaire du gouvernement québécois.
Puis, le gouvernement Couillard a annoncé qu’il irait de l’avant avec la modulation des frais de garde en fonction du revenu. Le coût quotidien immédiat ne changera pas, c’est lors de la déclaration de revenus que la modulation sera appliquée : les familles mieux nanties paieront davantage : la «garderie à 7 $» coûtera jusqu’à 20 $ par jour.
Si la première annonce a suscité une réaction que je pourrais qualifier de proportionnelle à son importance, la seconde a créé une véritable onde de choc. Je ne me souviens pas d’avoir lu autant d’articles traitant de fiscalité dans la presse grand public. Et je pense que ce nouveau modèle de tarification sera un sujet de discussions animées lors des repas familiaux durant la période des fêtes.
Plus de place pour le conseiller
Peut-être tendrez-vous à croire, comme moi, qu’en raison de la complexité accrue du système fiscal, observée depuis quelques années, la valeur du conseiller est renforcée.
Pourtant, à plusieurs reprises cet automne j’ai eu des échanges au cours desquels mon interlocuteur m’annonçait que les conseillers étaient en voie d’extinction. Il s’appuyait sur des arguments comme «les jeunes préfèrent investir seuls sur Internet» ou les «Robo-advisor auront le dessus sur les conseillers en raison des frais».
Chaque fois, je répondais à quel point je croyais qu’il était important que les familles soient bien conseillées, et par un être humain avec qui une relation de confiance est établie.
Or, je n’ai pas la prétention de connaître l’avenir, mais les deux récents changements fiscaux illustrent bien à mon avis à quel point avoir un conseiller est aussi important aujourd’hui que cela l’était il y a dix ans.
La raison est toute simple : quelle que soit la taille de la bande passante de leur connexion Internet, les familles ont besoin de conseils personnalisés
De meilleures connaissances, mais un intérêt mitigé
On sait que novembre est le Mois de la littératie financière. BMO Groupe financier a publié les résultats de son 4e sondage annuel sur la littératie financière. On constate que 94 % des répondants se sont accordé la note de passage et que 56 % d’entre eux se sont donné une note de A ou B pour ce sujet (un bond de 11 % par rapport à l’an dernier).
Ces mêmes répondants sont d’avis qu’ils auront besoin de près de un million de dollars pour leur retraite, mais seulement 43 % d’entre eux disposent d’un plan financier…
Bref, ils estiment que leurs connaissances sont bonnes, mais ils ont besoin d’encadrement pour passer à l’action.
Or, les répondants à un autre sondage, celui-là réalisé par l’Institut Québécois de planification financière dans le cadre de la Semaine de la planification financière (du 16 au 22 novembre), donnent un portrait qui, sans être contradictoire, est un peu différent.
Ainsi, 72 % des répondants jugent ne pas avoir les connaissances nécessaires pour planifier adéquatement leur avenir financier. Fait à souligner, près des deux tiers (64 %) considèrent avoir besoin d’aide à ce sujet.
La littératie financière, ça ne fait pas courir les foules. Évidemment, le terme choisi est peu attrayant à mon avis. Je ne suis pas un expert en marketing, mais il me semble qu’il faudrait lui donner un aspect plus «style de vie» pour attirer une plus grande attention du public.
En effet, en ce moment, même les produits Apple peinent à y parvenir. Sur la page Facebook du Mois de la littératie financière, par exemple, un tirage permet de gagner trois produits Apple : un iPod Touch, un Mac Mini et un MacBook Pro.
Pour participer, il suffit simplement d’envoyer une photo montrant comment on met en pratique nos compétences financières. Eh bien, à une semaine de la fin du concours, seulement 32 photos avaient été soumises pour ce concours national. Vous me direz avec raison que c’est anecdotique, mais quand même…
Quoi qu’il en soit, pour relever le grand défi de la retraite, il faudra parvenir à mobiliser les futurs retraités. Je pense que les efforts investis depuis quelques années commencent à porter leurs fruits, mais il y a encore beaucoup à faire.
Des nouvelles comme celles mentionnées au début de ce billet montrent à quel point il est important que la population ait un niveau de connaissances financières adéquates. Pour y arriver, la matière doit revenir dans le programme scolaire régulier, les institutions financières, le gouvernement et les médias doivent continuer à faire des efforts, mais surtout, les conseillers doivent continuer à épauler et à éduquer leurs clients sur ces affaires qui ont une si grande importance pour leur style de vie. Les robots peuvent bien attendre.