« On est très content de l’évolution de Neo. C’est quelque chose de très novateur, de très différent et je crois qu’après deux ans et demi d’activités, nous avons démontré que notre bourse a sa place dans le marché canadien et qu’elle est là pour rester. On a livré tout ce que nous avions prévu faire, tout en respectant notre vision de départ », a confirmé Jos Schmitt dans une entrevue à Finance et Investissement.
Jos Schmitt pense d’ailleurs avoir atteint son objectif numéro un : devenir une Bourse complète qui traite non seulement les titres inscrits à la cote d’autres Bourses, mais qui possède également ses propres inscriptions à la cote. Des sociétés telles que AGF, BlackRock Canada, BMO Gestion mondiale d’actifs Purpose Investment, Invesco Canada, par exemple, ont inscrit des fonds à la cote de la Neo Bourse.
« Nous désirions devenir une alternative à 100 % de la Bourse de Toronto au niveau des fonds négociés en Bourse (FNB), et je dois avouer que je suis content du développement effectué en ce sen jusqu’ici », affirme Jos Schmitt. Selon lui, il se trouve maintenant sur un pied d’égalité avec la Bourse de Toronto lorsqu’un émetteur de FNB veut lancer de nouveaux produits.
Jos Schmitt souligne aussi avec fierté le pourcentage très faible de courtiers à haute vitesse actifs au sein de la Bourse NEO. Il évalue entre 30 et 40 % la proportion de courtiers ayant recours aux opérations à haute vitesse au sein des Bourses classiques, alors qu’il y en a moins de 5 % opérant sur la Neo Bourse.
Il estime que les investisseurs traditionnels sont désavantagés par rapport aux courtiers qui transigent à haute vitesse et c’est pourquoi le choix de limiter l’accès aux firmes ayant recours à ce genre de stratégie « prédatrice » a été fait. Afin de décourager le courtage à haute vitesse, la Bourse Aequitas impose dans certains cas des délais aléatoires et des « frais de transactions non économiques ».
Jos Schmitt affirme que la Neo Bourse génère 9 % de tous les volumes de négociation au Canada. Ce pourcentage correspond à ses espérances initiales.
« J’espérais atteindre au moins 20 % des parts du marché en quatre ans et quand on regarde l’activité des parts de marché aujourd’hui, il y a toujours cet effet de développement et d’accélération. Le débit est un peu plus grand et ça commence à s’accélérer, alors je crois que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs », explique-t-il.
Défis à surmonter
Depuis sa création, la Neo Bourse Aequitas a dû faire face à un certain nombre de défis. S’il s’était préparé en conséquence, Jos Schmitt avoue qu’il ne s’attendait pas à ce qu’ils soient aussi difficiles à relever.
Ainsi, s’il s’attendait à la difficulté d’attirer des manufacturiers, il ne pensait pas que ceux-ci seraient aussi frileux face au changement. Selon lui, les manufacturiers ont d’abord fait preuve d’une peur disproportionnée par rapport aux risques limités d’un tel mouvement.
« Certaines sociétés nous ont par exemple affirmé qu’ils aimaient ce qu’on faisait pour les FNB, mais qu’ils préféraient attendre que cinq autres manufacturiers entrent chez nous afin de valider le bon fonctionnement de la Bourse NEO. Je peux comprendre pour le premier manufacturier, peut-être le second, mais vouloir attendre jusqu’au cinquième, c’est véritablement une résistance au changement », déplore-t-il.
Il ne s’attendait pas non plus à ce que les investisseurs et les manufacturiers leur fassent si peu confiance. Il avoue avoir fait face à un cynisme auquel il ne s’attendait pas. Malgré, tout, bien que ce fut difficile de convaincre les gens au début, la Neo Bourse a fini par démontrer qu’elle ne mentait pas car elle a toujours respecté sa vision.
Plainte au bureau de la concurrence
Un seul « échec » est à déplorer sur le tableau positif de la Neo Bourse Aequitas, estime Jos Schmitt, et il affirme qu’il ne compte abandonner sur ce point.
En décembre 2015, Aequitas a déposé une plainte officielle au Bureau de la concurrence, estimant que le groupe TMX utilise sa position dominante sur le marché pour contrôler les tarifs des données sur les marchés de capitaux canadiens. Une pratique qui entrave le déploiement de Aequitas CMV Connect, puisque le prix excessif des données sur le marché contraindrait les courtiers à en limiter l’accès à leurs conseillers en placements et clients de détail.
Si le Bureau de la concurrence a compris le problème soulevé par Aequitas, il a déclaré ne rien pouvoir faire, compte tenu de la nature de l’alternative que représente CMV Connect. Aequitas a toutefois relancé le débat auprès des régulateurs, mais ils n’ont pas davantage approuvé la solution de rechange proposée par Aequitas.
Selon Jos Schmitt, la situation dénoncée mérite d’être réglée et même si pour l’instant aucune des solutions proposées par Aequitas n’a été retenue, il compte bien poursuivre avec d’autres pistes de solutions.
« La résolution du problème ne nous apporterait pas grand-chose, mais serait bénéfique pour beaucoup d’investisseurs. Nous restons convaincus que c’est un point qui doit être réglé. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres pays qui aient un problème similaire. »