Plus du quart des petites et moyennes entreprises (PME) peinent à réembaucher leurs employés mis à pied temporairement en raison du confinement. Elles arrivent ainsi difficilement à réunir le nombre de travailleurs suffisants pour fonctionner, selon un sondage mené par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
Seul le tiers des propriétaires d’entreprises ont retrouvé tout leur personnel.
« La rareté de la main-d’œuvre est l’un des nombreux défis auxquels font face les entreprises qui souhaitent recommencer à fonctionner normalement et qui veulent contribuer à la relance. Plus de 27 % des propriétaires de PME signalent que certains employés qu’ils ont dû mettre à pied ont refusé de revenir au travail quand ils les ont rappelés », déclare Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI.
Parmi les raisons invoquées par les employés pour justifier leur refus, la Prestation canadienne d’urgence (PCU) est la principale. Ainsi 62 % disent préférer continuer de bénéficier de cette aide gouvernementale plutôt que de retrouver leur emploi. Parmi les autres raisons :
- 47 % s’inquiètent de leur santé physique ou de celle de leurs proches
- 27 % s’inquiètent de leurs obligations en matière de garde d’enfants
- 16 % craignent de ne pas avoir assez de travail ou d’heures de travail
- 11 % préfèrent bénéficier de la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCUE)
- 7 % craignent de prendre les transports en commun
« Il est clair que la Prestation canadienne d’urgence dissuade un certain nombre d’employés à retourner au travail, en particulier dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration et des services personnels. […] Ce programme ne devrait pas servir à ceux qui souhaitent se reposer durant tout l’été. Il est important de modifier la PCU afin que les employés ne puissent plus bénéficier de ce programme lorsqu’ils sont rappelés au travail », explique Jasmin Guénette.
La FCEI demande donc au gouvernement fédéral de repenser ses programmes d’aide pour faciliter la transition des prestataires de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) vers la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC). Il s’agirait selon elle d’une bonne première étape vers le retour à des emplois non subventionnés.
La FCEI estime ainsi qu’il faudrait :
- Offrir la SSUC à davantage de PME en abaissant le critère de perte de revenus de 30 %, ou en introduisant un système à échelon pour que les entreprises qui connaissent une perte de revenus moindre puissent tout de même bénéficier d’une subvention salariale appropriée.
- Continuer d’offrir la PCU aux personnes qui en ont besoin, mais obliger les bénéficiaires à se rendre disponibles pour le travail et à rechercher un emploi, et suspendre les versements lorsque les employés refusent de reprendre leur emploi d’avant la COVID-19 ou d’assumer un nouvel emploi, sauf s’ils sont malades ou qu’un membre de leur famille l’est et qu’ils en prennent soin.
- Permettre aux bénéficiaires de la PCU de gagner plus d’argent tout en continuant de recevoir une partie de leurs prestations afin qu’ils ne soient pas découragés de faire plus d’heures de travail.
« De nombreux salariés ont des raisons valables qui justifient qu’ils ne puissent pas encore reprendre le travail. Cela dit, il faut revoir les principaux programmes d’aide pour permettre aux employeurs de rouvrir leurs portes et de réembaucher leurs employés. De plus, bien que nous soyons ravis que le gouvernement ait prolongé la subvention salariale jusqu’en décembre, il faut absolument qu’il précise les grandes lignes des changements qui y seront apportés. L’économie du Canada pourra reprendre avec bien plus de vigueur lorsque davantage d’employeurs bénéficieront de la subvention salariale et lorsque plus de travailleurs retourneront sur le marché de l’emploi », conclut Jasmin Guénette.