Pertes de clients, fléchissement des dépôts, augmentation du taux de roulement des employés et retard technologique, la Banque Laurentienne devra exécuter avec doigté sa nouvelle stratégie si elle veut corriger le tir, a reconnu Rania Llewellyn, sa présidente et chef de la direction, qui présentait son plan aux investisseurs, vendredi.
Embauchée en octobre 2020 pour redonner un élan à la banque montréalaise en perte de vitesse, Rania Llewellyn n’a pas mis de gants blancs pour décrire le plan de transformation de sept ans adopté par son prédécesseur, François Desjardins, en 2015.
« Qu’est-ce que je veux dire par stratégie sans exécution? a-t-elle dit durant la visioconférence qui a duré deux heures. Je veux dire adopter un modèle de succursales sans argent comptant sans avoir les infrastructures technologiques pour supporter ce genre de changement. Par exemple, ne pas avoir d’application mobile. »
Les retards technologiques de la banque sont une source d’irritants pour les clients, déplore la dirigeante. Elle a donné en exemple les délais d’activation d’une carte de crédit qui peut prendre jusqu’à 25 jours ou l’activation manuelle des comptes bancaires qui prend de deux à trois jours.
Rania Llewellyn a promis de simplifier et d’accélérer la livraison des différents services bancaires destinés aux particuliers. La Laurentienne a d’ailleurs lancé le même jour son application mobile bancaire.
La banque régionale montréalaise a pris du retard par rapport aux grandes banques canadiennes et au Mouvement Desjardins, qui ont déjà leurs applications mobiles. La difficulté pour une institution financière de taille plus modeste, comme la Banque Laurentienne, est que les investissements technologiques sont souvent aussi importants que pour une grande institution, mais ils sont répartis sur un plus petit bassin de clientèle.
Or, Rania Llewellyn ne veut plus que la taille de la Laurentienne soit considérée comme un frein, mais comme une occasion de se montrer « plus agile ». Elle mise sur les partenariats externes pour développer certains projets technologiques. Grâce à ce type de partenariat, l’application mobile, qui vient d’être lancée, a été conçue en sept mois tandis que ce genre de projet prend généralement plus de temps, a-t-elle dit. « Nous avons des discussions avec des partenaires clés dans différents domaines, mais nous n’avons rien à annoncer pour le moment. »
Au cours de l’exercice 2021(terminé le 31 octobre), le portefeuille de prêts aux particuliers a décliné de 5 %. L’objectif est de le stabiliser en 2022 et de renouer avec une croissance « au bas de la fourchette à un décimal » à moyen terme. La chef des Services bancaires aux particuliers, Karine Abgrall-Teslyk, a mentionné que la moitié des clients n’ont qu’un seul produit bancaire avec la Laurentienne et qu’elle voit des occasions de ventes croisées.
Dans le segment des services aux entreprises, qui affiche une meilleure performance, la Laurentienne veut augmenter sa présence aux États-Unis où elle veut faire passer la part de son portefeuille de prêts de 14 % à 18 % d’ici 2024.
Les principes ESG feront aussi partie intégrante de la stratégie de la Laurentienne, que ce soit pour saisir de nouvelles occasions d’affaires dans les services aux entreprises et les marchés des capitaux ou pour augmenter son attractivité auprès des professionnels milléniaux.
Avec son plan stratégique, la Laurentienne veut générer une croissance de son bénéfice ajusté par action de plus de 5 % au cours de l’exercice 2022. Elle espère atteindre un rythme de 7 % à 10 % à moyen terme.