Intitulée Beyond the Rubicon : Asset management in an era of unrelenting change, l’enquête porte sur l’état de l’industrie nord-américaine de la gestion d’actifs en l’année 2018.
On y trouve un portrait saisissant d’un domaine en pleine transformation.
Signalant « l’émergence d’un nouveau paradigme de tarification », l’étude montre que les frais deviennent un facteur de plus en plus important dans les décisions d’achats. « En 2018, seuls les fonds les plus performants ont capté de nouveaux actifs. Et parmi ceux-ci, les clients ont opté pour les options à bas prix », observent les consultants.
Il se trouve aussi que les grands manufacturiers raflent la mise. En 2018, les dix plus grands manufacturiers nord-américains de fonds ont canalisé 89 % des entrées nettes.
Les auteurs de l’étude notent également que la pression sur les marges s’accentue.
En 2018, les actifs sous gestion en Amérique du Nord ont totalisé 43 T$, en hausse de 7 % par rapport à 2017. En revanche, les bénéfices du secteur nord-américain de la gestion d’actifs – en excluant les investissements alternatifs – ont chuté de 3,7 %.
Trois facteurs explicatifs entrent en jeu : les frais de gestion, les entrées nettes et la composition de l’actif. Entre 2013 et 2018, les frais de gestion ont baissé d’en moyenne 6 % dans le secteur individuel et de 9 % dans le secteur institutionnel. Qualifiées « d’anémiques », les entrées nettes n’ont atteint que 0,3 G$ en 2018. Les investisseurs individuels et institutionnels ont également déplacé leurs actifs vers des secteurs et stratégies moins coûteux (gestion passive, revenu fixe…).
Les auteurs de l’enquête rapportent que des acteurs de l’industrie caractérisent le nouveau monde de la gestion d’actifs en des termes darwiniens; comme un jeu à somme nulle où la croissance sera le fait des forts qui prendront la part des faibles.
Le marché semble d’ailleurs avoir intégré cette nouvelle donne puisque la valeur boursière des gestionnaires d’actifs se situe dans une très large fourchette comprise entre 5 à 22 fois les bénéfices, « la capacité à capter durablement la croissance organique étant le meilleur prédicteur des évaluations », comme le signale McKinsey.