« Aujourd’hui, les frais d’exploitation d’une équipe de gestion performante en revenu fixe, par exemple, sont trois fois plus importants qu’en 2001 », a-t-il affirmé, lundi, lors d’une conférence du Cercle canadien de Montréal intitulée « Fiera Capital : pourquoi devenir un chef de file nord-américain ? ».
À cela s’ajoute la hausse des coûts d’une technologie de plus en plus sophistiquée et une compression des frais de gestion, ajoute Jean-Guy Desjardins : « Les frais de gestion sur les véhicules de placements traditionnels variaient autour de 35 ou 40 points de base au début des années 2 000. De nos jours, les frais pour la gestion d’un portefeuille obligataire traditionnel pour un client qui possède 150 millions de dollars (M$) sont d’environ 20 points de base. »
Le PDG mentionne aussi comme obstacle la place importante que les institutions financières canadiennes veulent prendre dans le marché de la gestion de fortune. « Elles sont bien positionnées pour le faire et je vous garantis qu’elles vont réussir! », a-t-il lancé.
Planche de salut
Jean-Guy Desjardins estime donc que l’avenir s’annonce difficile pour les petits gestionnaires de portefeuilles qui ont des dizaines de milliards d’actifs sous gestion, ce qui s’illustre par la consolidation du marché canadien. Pour Fiera, la croissance aux États-Unis n’est pas seulement qu’une question de croissance, mais de pérennité.
Les visées américaines du gestionnaire montréalais ont d’ailleurs été confirmées par l’acquisition de deux firmes, une à New York, une à Los Angeles (L.A.), en 2013. Fiera Capital a également rapporté avoir récolté près de 2 milliards de dollars (G$) en nouveaux actifs auprès de clients institutionnels américains en 2014.
Sylvain Brosseau, président et chef d’exploitation de l’entreprise a mentionné récemment qu’il allait être plus présent à L.A., au cours des prochains mois.
Objectif 150
Néanmoins, Fiera aurait encore des croûtes à manger pour faire partie de la cour des grands dans le marché de la gestion de fortune aux États-Unis. « Pour être sur le radar des clients potentiels, il faut au moins avoir 150 G$ de dollars d’actifs sous gestion. Avec 85 G$, nous ne représentons encore qu’un point dans le marché », rapporte Jean-Guy Desjardins.
En 2013, Fiera Capital statuait dans son plan quinquennal vouloir atteindre ce 150 G$.L’entreprise a changé sa structure qui se divise maintenant en trois axes.
Questionné par l’animateur de la conférence sur l’évolution de son rôle dans l’entreprise, Jean-Guy Desjardins a affirmé que son agenda « est moins rempli qu’il l’a déjà été », mais qu’il était toujours aussi passionné de son métier. Il se consacre d’ailleurs au développement de l’entreprise au sud de la frontière. Sylvain Brosseau a pris en main les opérations de Bel Air Investment Advisors à L.A. et de Fiera Canada, tandis que Jean-Guy Desjardins est dédié à New York, soit Fiera US.
En termes d’acquisitions, le gestionnaire regarde du côté de firmes américaines de 4 à 6 G$ « qui n’attirent pas nécessairement l’attention » et qui arrivent à un stade où elles veulent consolider, car elles se sentent vulnérables dans leur secteur.
Pour le moment, Jean-Guy Desjardins, ne voit aucun de ses concurrents montréalais emboîter le pas de Fiera aux États-Unis. « Pourtant, il pourrait y avoir un autre Fiera Capital. Il faut juste oser prendre le risque », dit-il.
En collaboration avec : Richard Cloutier
Photo : Finance et Investissement