La procrastination est une inclination très répandue et nous en avons tous fait preuve à un moment ou à un autre de notre carrière et/ou de notre vie. Et bien que cela vienne avec un sentiment de culpabilité, beaucoup s’y adonnent encore. Dans un article de Harvard Business Review, Alice Boyes, ancienne psychologue clinicienne devenue écrivaine, cible trois facteurs qui expliquent ce phénomène : l’absence de bonnes habitudes, l’intolérance à certaines émotions et nos schémas de pensée.
L’absence d’habitudes
La procrastination est souvent vue comme un manque de discipline ou de bonnes habitudes. Ces dernières aident à réduire le besoin de maîtrise de soi. Elles permettent de s’en tenir plus facilement à des comportements exigeant des efforts et de résister aux distractions.
Pour savoir si c’est bien cela votre problème, demandez-vous si vous avez mis en place des habitudes pour vous attaquer à des tâches importantes. Si la réponse est non, c’est certainement cela votre problème.
Il n’est pas évident de s’attaquer à des tâches importantes ou un travail en profondeur. Mais adopter un schéma régulier et quotidien rendra cela moins complexe. Les habitudes rendent ainsi les séquences de comportement plus automatiques.
Par exemple, vous pourriez déterminer une heure particulière réservée pour ce type de tâches.
Il est également possible de mettre en place un système pour commencer de nouvelles tâches. En adoptant une telle procédure, il sera moins difficile d’aborder chaque tâche et cela réduira le temps que vous passerez à tenter de trouver comment aborder votre nouvelle tâche.
Pour développer ce système, le meilleur moyen est de penser à un exemple de tâche complexe que vous avez accomplie et d’identifier chaque étape effectuée pour l’accomplir.
L’intolérance à certaines émotions
Nous avons tendance à éviter les tâches qui suscitent des émotions négatives. Les personnes ressentant des doutes ou de l’anxiété au sujet de leur travail, ou qui ne supportent pas le stress de celui-ci, vont vouloir éviter de susciter ce type d’émotion. Sans compter que lorsque l’on se sent dépassé, nous avons tous tendance à remettre les choses à plus tard.
Pour savoir si c’est bien la raison de votre procrastination, questionnez-vous sur votre santé mentale et les émotions que vous inspirent certaines tâches.
En identifiant celles-ci, il sera plus évident de les gérer. En ce qui concerne la procrastination, il est également utile d’analyser dans quelle mesure chaque émotion affecte votre attitude face à une tâche. Évaluez votre niveau d’anxiété, de ressentiment, d’ennui, etc. pour chaque tâche, vous pourrez ainsi plus facilement minimiser les sentiments négatifs.
Ainsi pour contrer l’ennui, prévoyez une récompense après avoir accompli votre tâche ou accomplissez-la peut-être avec un collègue que vous appréciez.
Si une tâche vous irrite, trouvez une compensation d’une autre façon. Vous pouvez ainsi être frustré par la demande d’aide technique d’un coéquipier, mais rappelez-vous que vous aimez vous rendre utile.
Si votre problème c’est l’anxiété, commencez par les éléments de la tâche que vous redoutez le moins et progressez à partir de là. Ce qui vous semblait ingérable au départ vous semblera à portée de main une fois que vous aurez franchi les étapes les plus simples.
Parfois les émotions viennent de souvenirs négatifs. Il est alors important de comprendre à quel élément ces derniers sont liés. Il est ensuite possible de guérir ces blessures émotionnelles grâce à un dialogue avec vous-même. Vous pouvez ainsi accepter d’avoir été déçu par vos performances passées, mais vous rappeler que depuis vous avez évolué et avez gagné en expérience.
Des schémas de pensée problématiques
Si vous êtes relativement discipliné dans de nombreux domaines, mais que vous avez du mal dans d’autres, des schémas de pensée spécifiques peuvent être en cause. Pour savoir si c’est vraiment le cas demandez-vous : la tâche vous semble-t-elle plus difficile que les étapes ne le sont objectivement, compte tenu de vos compétences? Si la réponse est oui, vous avez cerné votre problème.
Une façon de le contrer est le « brainstorming inversé ». Le but étant de réfléchir à ce que vous feriez pour rendre votre tâche incroyablement difficile ou à ce que vous voudriez vraiment éviter de faire. Une fois que vous avez ces réponses, trouvez ensuite leurs opposés, ce qui vous permettra de vous sentir moins bloqué.
Une autre technique est de penser à toutes les façons dont une tâche que vous repoussez est similaire à une autre que vous pouvez faire facilement et bien. Cette comparaison vous permettra d’aborder cette tâche plus sereinement.
Il est également important d’apprendre à accepter un travail plein de frictions. Oui, les tâches familières sont simples et peuvent être accomplies sans heurts, mais les tâches difficiles ont potentiellement une plus grande valeur. Elles ne peuvent donc être remises sans cesse au lendemain.
Évidemment, être confronté à des heurts peut faire peur et vous laisser penser que vous allez dans la mauvaise direction, mais c’est faux. Il est donc important de se rendre compte comment vous réagissez à ce type de tâches pour mieux pouvoir y faire face.
Pour éviter de vous démoraliser avec de nouvelles tâches complexes, vous pourriez vous limiter à de courtes périodes de travail. Il n’est pas nécessaire de passer des heures sur ce type de tâche pour la régler le plus rapidement possible. Le mieux est de réserver des plages horaires dans votre journée pour vous attaquer à cette tâche spécifique et de limiter ces périodes à 90 minutes par exemple. Prenez le reste de votre journée pour vos tâches habituelles et sans prise de tête.
En conclusion, pour ne plus procrastiner, il est important de savoir pourquoi vous remettez sans cesse ces tâches au lendemain et ensuite d’adresser le problème méthodiquement. En mettant à l’œuvre les propositions d’Alice Boyes, nul doute que votre productivité n’en sera que meilleure!