Selon Jeremy Grantham nous serions aujourd’hui dans la quatrième « super-bulle » des cent dernières années. Cet investisseur qui avait prédit avec succès les chutes boursières de 2000, 2007 et 2018, affirme dans sa note d’opinion Let the Wild Rumpus Begin que les caractéristiques des trois dernières bulles se sont déjà produites dans le cycle actuel. Selon lui, l’agitation peut maintenant « commencer à tout moment ».
D’après lui, quatre classes d’actifs sont à surveiller, soit :
- les actions;
- les obligations;
- le logement;
- et dans une moindre mesure les matières premières.
Les bulles qui se sont formées autour de ces classes d’actifs seraient, selon lui, susceptibles d’éclater à tout instant. Les actions et les obligations auraient même déjà commencé à donner des signes de faiblesse.
À noter que Jeremy Grantham calcule une bulle en référence à la tendance à long terme de chaque classe d’actifs. Ainsi une super-bulle voit les prix s’écarter jusqu’à trois fois la tendance.
Ce qui inquiète davantage l’investisseur est l’addition des bulles, une situation que l’on retrouve au Japon dans les années 80. Dès que le pessimisme reviendra, cela aura comme effet : « la plus grande réduction potentielle de richesse perçue de l’histoire des États-Unis », écrit-il.
Il s’attend ainsi à des chutes de près de 50 % dans les trois classes d’actifs citées plus haut. Il ne va pas jusqu’à dire que l’effondrement de chaque classe aura un effet domino, bien qu’il n’exclût pas cette possibilité.
Si les prévisions de Jeremy Grantham sont pour le moins catastrophiques, tous les observateurs du marché ne sont pas aussi pessimistes. Ainsi Anil Passi, directeur, obligations d’entreprises mondiales, chez DBRS Morningstar, n’est pas prêt à parler d’un krach obligataire, bien qu’il admette sur Les Affaires « qu’une ère de marché baissier commence ».
Ed Clissold, stratège en chef du marché américain chez Ned Davis Research a confié à CNBC s’attendre à un marché baissier typique et une baisse autour de 20 %, soit loin des 50 % prédit par Jeremy Grantham.
Craig Basinger, stratège en chef des marchés chez Purpose Investments, souligne quant à lui que l’économie est encore en bonne santé, puisqu’on constate peu de faillites et que les bénéfices sont excellents.
Côté immobilier, Josh Varghese, associé fondateur d’Axia Real Assets, note que les banques sont rationnelles dans leurs prêts, il estime donc qu’un éclatement est peu probable.
En bref, difficile de prévoir si l’on va avoir droit à un krach ou à une simple correction. La seule certitude c’est que l’on entre dans une ère de marché baissier et que l’on peut s’attendre à davantage de volatilité.