La Banque Royale du Canada a annoncé la semaine dernière des bénéfices en hausse, affirmant que de nombreux indicateurs économiques sous-jacents restaient solides malgré le risque accru de récession.
« Nous essayons de présenter une vision équilibrée de l’économie en ce moment et nous nous trouvons au milieu d’un cycle », a affirmé le chef de la direction de la banque, Dave McKay, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
Il a cependant souligné que l’invasion de l’Ukraine par la Russie avait ajouté de la complexité à certaines difficultés, comme les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les pénuries d’énergie, de main-d’œuvre et de logement qui contribuent à l’inflation et aux signaux potentiels de fin de cycle.
Les banques centrales doivent s’attaquer « très vigoureusement » à la demande pour contenir l’inflation, a estimé Dave McKay, ce qui complique la tâche de prédire l’impact de la hausse des taux et de l’inflation sur la demande et le manque de biens et de services pour répondre à cette demande.
« De ce point de vue, les marchés ont du mal à prédire comment l’économie se posera, atterrira-t-elle avec une légère récession? Et notre message aujourd’hui est que la situation pourrait aller dans les deux sens. C’est 50-50. »
Certains éléments sous-jacents de l’économie restent solides, comme la liquidité et le plein emploi, et devraient agir comme de bons amortisseurs pour cette incertitude, a-t-il ajouté.
Pour l’instant, la banque continue de bénéficier de la baisse des inquiétudes liées à la pandémie, car elle a annoncé une reprise de 342 millions de dollars (M$) de provisions pour pertes sur créances, comparativement à une de provisions de 96 M$ au même trimestre l’an dernier.
Les provisions comprenaient une reprise de 504 M$ sur les prêts productifs, essentiellement parce que l’incertitude engendrée par la pandémie de COVID-19 a diminué, ce qui a été contrebalancé par de nouvelles provisions de 174 M$ sur les prêts douteux liés à de nouvelles incertitudes, a expliqué le directeur de la gestion du risque, Graeme Hepworth.
« Bien que notre scénario de base appelle toujours une croissance économique positive, nous avons augmenté à la fois la gravité et la probabilité de nos scénarios baissiers, ce qui a partiellement contrebalancé la libération de réserves liée à la COVID-19. »
Selon lui, les taux d’emploi, les prix de l’immobilier et d’autres variables macroéconomiques étaient plus forts que prévu au deuxième trimestre, et un retour à des niveaux normaux de provision pour pertes sur créances a probablement été repoussé à plus tard en 2023, tandis que tout coût de crédit élevé associé à ces vents contraires macroéconomiques émergents ne devrait pas se concrétiser avant 2024.
Profits et dividendes en hausse
La Banque Royale a affiché des revenus de 11,22 milliards de dollars (G$) pour le deuxième trimestre, en baisse de 3 % par rapport à la même période il y a un an, tandis que son bénéfice net de 4,25 G$ était en hausse de 6 % par rapport à celui de 4,06 G$ de l’an dernier.
Les revenus de sa division des marchés des capitaux ont diminué en grande partie en raison des conditions de marché défavorables, tandis que la rentabilité a été stimulée en partie par le renversement des pertes sur créances.
La Royale a en outre annoncé qu’elle verserait désormais un dividende trimestriel de 1,28 $ par action, alors qu’il était de 1,20 $ par action jusque-là.
Sur une base ajustée, Royale a réalisé un profit de 2,99 $ par action, en hausse par rapport à celui de 2,79 $ par action d’il y a un an.
Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 2,67 $ par action, selon les prévisions compilées par la société de données financières Refinitiv.
« À première vue, la Banque Royale a surpassé les attentes des analystes pour le bénéfice par action de base d’un impressionnant 12 %, mais en éliminant une très importante reprise de provisions liée à la pandémie de 504 M$ (ou 516 M$ en incluant les autres actifs financiers) et un élément fiscal favorable, les résultats reviennent sur terre très rapidement », a observé l’analyste Meny Grauman, de la Banque Scotia, dans une note à ses clients.
Il a tout de même souligné certains points positifs, notamment une expansion impressionnante des marges et une croissance globale des prêts de 9 %.
La Royale a enregistré une croissance de 11 % de ses prêts hypothécaires résidentiels au Canada, mais s’attend à ce que le marché ralentisse en raison de la hausse des taux d’intérêt.
Dave McKay a indiqué s’attendre à ce que le ralentissement du marché hypothécaire soit contrebalancé par une croissance plus élevée des prêts commerciaux et des cartes de crédit à mesure que les dépenses et les soldes des cartes augmenteront.
« Les transactions par carte de crédit et de débit étaient supérieures de 30 % aux niveaux (prépandémiques) en avril, avec un solide élan qui s’est poursuivi jusqu’en mai », a-t-il indiqué.