Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé jeudi après-midi qu’Ottawa élimine la TPS sur la construction de nouveaux immeubles destinés à la location.
Il a dévoilé cette mesure au cours d’une allocution clôturant la retraite de son caucus à London, en Ontario.
Il a du même souffle appelé les provinces à aussi supprimer leurs propres taxes pour favoriser plus d’accès au logement.
Un peu avant l’annonce, une source gouvernementale de haut niveau avait indiqué que l’élimination de la TPS entrera en vigueur à compter de jeudi, soit le jour même de l’annonce.
Celle-ci a requis l’anonymat puisqu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement de ces questions.
La mesure vise à réduire les coûts en matériaux et en main-d’œuvre des entreprises de construction. Les libéraux souhaitent ainsi engendrer une baisse des coûts des loyers.
Les libéraux promettaient d’éliminer la TPS dès 2015, année qui les a portés au pouvoir pour le premier de leurs trois mandats consécutifs.
Plus précisément, ils s’engageaient alors à appliquer la mesure aux nouveaux investissements pour des unités de location abordables.
Les troupes de Justin Trudeau s’attendaient alors à ce que les incitatifs fiscaux atteignent 125 millions de dollars (M$) par année, selon leur plateforme électorale de l’époque.
Une « volte-face », dit Poilievre
Le site web gouvernemental qui était auparavant mis à jour pour fournir le suivi des engagements inclus dans les lettres de mandat des ministres indique que cette promesse avait cessé d’être envisagée.
Le chef conservateur Pierre Poilievre tenait un point de presse sur le logement peu de temps après que la nouvelle de l’annonce à venir des libéraux eut fait surface. Il est clair à ses yeux que le gouvernement a « fait volte-face » puisqu’il savait que le leader de l’opposition officielle allait détailler son propre plan à ce chapitre.
Depuis Vancouver, Pierre Poilievre s’est engagé à déposer dès lundi un projet de loi qui viserait notamment à supprimer la TPS « sur la construction de tout nouveau logement dont le prix de location est inférieur à la valeur du marché ».
La pièce législative à être présentée prévoira aussi que les municipalités qui n’augmentent pas d’au moins 15 % le nombre de permis de construction délivrés se feraient couper leur financement fédéral, a précisé le chef conservateur. Celles qui dépasseraient la cible recevraient des bonus.
De son côté, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a rappelé qu’il demande depuis des mois la suppression de la TPS sur la construction de logements abordables. Par communiqué, le parti ayant une entente « de soutien et de confiance » avec le gouvernement minoritaire a déploré que la mesure n’ait pas été prise plus tôt.
« Nous aurions pu bénéficier d’une saison de construction complète pour construire davantage de logements », a déclaré le chef du NPD, Jagmeet Singh.
Il a ajouté qu’il avait l’intention d’examiner en détail ce que Justin Trudeau dévoilera. « Nous voulons nous assurer que cette mesure encourage la construction de logements réellement abordables, et non de condos de luxe », a soutenu le leader néo-démocrate.
L’annonce de Justin Trudeau en matière d’abordabilité survient dans le contexte où une série de récents sondages place les libéraux loin derrière les conservateurs dans les intentions de vote.
Selon un coup de sonde de la firme Nanos mené pour le compte de CTV, les Canadiens sont plus nombreux à faire confiance aux conservateurs (25 qu’aux libéraux (15 croit qu’aucun parti fédéral n’est digne de confiance à ce chapitre.