L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) réduit ses prévisions de ventes de maisons cette année et abaisse ses attentes de croissance des prix, alors que certains des marchés les plus en vogue du pays ralentissent après leurs sommets pandémiques.
Dans ses plus récentes perspectives pour le marché de l’habitation, l’association a dit s’attendre à ce que 532 545 propriétés résidentielles changent de mains par l’entremise du service interagence canadien (aussi connu sous l’acronyme anglophone MLS), ce qui représente une baisse de 20 % par rapport au record réalisé en 2021.
Les ventes diminueront encore de 2,3 % en 2023 pour se chiffrer à 520 156, a poursuivi l’ACI.
Le prix national moyen des maisons devrait augmenter de 4,7 % pour atteindre 720 255 $ d’ici la fin de l’année et progresser encore de 0,2 % pour atteindre 721 814 $ en 2023.
Ces prévisions sont en baisse par rapport à celles énoncées en juin, qui visaient un déclin de 14,7 % des ventes de maisons cette année, ainsi qu’une hausse de 10,8 % du prix moyen national.
L’ACI a attribué la révision de ses prévisions à un changement dans la dynamique du marché, qui a vu une grande partie de sa frénésie se dissiper dans les régions du pays où les prix montaient en flèche et où la concurrence pour les maisons était forte.
En outre, l’association a fait état d’une baisse de 1 % des ventes de maisons en août, par rapport au mois de juillet, pour un total désaisonnalisé de 36 914 transactions. Le nombre réel de résidences vendues s’est chiffré à 38 368 unités, enregistrant une baisse de près de 25 % par rapport au mois d’août 2021.
L’économiste Rishi Sondhi, des Services économiques TD, a souligné que les ventes avaient diminué en août pour un sixième mois consécutif, et que celles-ci avaient été inférieures de 17 % à leurs niveaux d’avant la pandémie.
Les ventes ont diminué dans neuf des dix provinces, les plus fortes baisses ayant eu observées au Manitoba, au Québec et en Colombie-Britannique. L’Ontario a été la seule province à « réaliser un gain » qui a été en grande partie alimenté par une augmentation des ventes à Toronto.
« En août, les ventes nationales sont restées constantes d’un mois à l’autre pour la première fois depuis février. Conjugué à la stabilisation de l’offre et de la demande sur de nombreux marchés, ce facteur annonce peut-être la fin de l’essentiel des ajustements importants observés cette année sur les marchés de l’habitation du pays », a souligné dans un communiqué la présidente de l’ACI, Jill Oudil.
Le prix moyen national des habitations a atteint 637 673 $ en août, montrant une baisse de 3,9 % par rapport au même mois l’an dernier.
Ajustements supplémentaires à venir
Plusieurs marchés du logement, dont celui de Toronto, ont vu leurs conditions se relâcher au cours des derniers mois, la hausse des taux d’intérêt et des taux hypothécaires ayant freiné les ventes et commencé à peser sur les prix.
Les hausses de taux ont apaisé les guerres d’enchères indisciplinées observées sur de nombreux marchés pendant l’hiver, et encouragé certains acheteurs potentiels à mettre la main sur une habitation.
« Même au mois d’août, qui n’est pas forcément une période où les acheteurs traditionnels sont prêts à agir, il y avait des acheteurs sur le marché parce qu’ils savaient que les loyers étaient sur le point de recommencer à grimper au début septembre et qu’ils subiraient de vraies conséquences s’ils n’achetaient pas », a estimé Davelle Morrison, une courtière en immobilier de Toronto pour la firme Bosley Real Estate.
Toutefois, d’autres se sont plutôt montrés convaincus que de plus grandes baisses de prix viendraient et ont préféré attendre avant de faire le plus gros achat de leur vie, a constaté Jill Oudil.
« Certains acheteurs décideront peut-être d’attendre des signes plus clairs de stabilisation, autant du côté des coûts d’emprunt que du côté des prix », a-t-elle expliqué.
Avant la publication des données de l’ACI, l’économiste Robert Kavcic, de BMO Marchés des capitaux, a noté que le secteur de l’habitation faisait face à une situation « unique », car de nombreux acheteurs potentiels avaient obtenu des préapprobations avant le resserrement de la Banque du Canada et voyaient maintenant des remises d’entre 10 % et 20 % sur les habitations.
« Si vous pouvez acheter au rabais avec un taux hypothécaire qui n’existe plus, cela peut être attrayant », a-t-il écrit mercredi, dans une note aux investisseurs.
« Mais le tableau d’ensemble est qu’il reste encore un énorme choc de taux d’intérêt à absorber. »
La dernière fois qu’une augmentation annuelle similaire du coût moyen d’acquisition d’une maison a été observée en Ontario, c’était à la fin des années 1980, a-t-il ajouté.
« En d’autres termes, il s’agit du resserrement le plus important des conditions de logement depuis une génération, et il s’accompagnera d’ajustements supplémentaires. »
Les vendeurs ont du mal à s’ajuster au nouveau marché et certains retiennent même l’inscription de leurs propriétés.
« Ils ne semblent pas vraiment comprendre que (…) c’est un marché différent de celui avec lequel leur voisin a fait affaire », a noté Davelle Morrison.
« Ils vont recevoir moins que leur voisin, même si leur maison ou leur copropriété est supérieure à celle de leur voisin. »
Sur une base désaisonnalisée, 67 775 maisons ont été inscrites à la vente le mois dernier, en baisse de 5,4 % par rapport au mois précédent. Le nombre réel de nouvelles inscriptions a atteint 65 776, une augmentation de 3,3 % par rapport à l’année précédente.