Le conseil d’administration (CA) de la Chambre de la sécurité financière (CSF) renouvelle sa confiance à l’endroit de la direction de l’organisme d’autoréglementation (OAR) à la suite d’allégations diffusées récemment sur Droit-Inc.
« Nous déplorons la publication de ces articles sur le style de gestion et le climat de travail à la CSF, et nous réfutons les allégations qui y sont rapportées. Le CA est convaincu que le climat de travail à la Chambre est sain et respectueux de tous les employés », ont déclaré M. Georges E. Morin, président du comité des ressources humaines du conseil d’administration, ainsi qu’Anne Côté et Sylvain De Champlain, vice-présidents, dans un communiqué envoyé la semaine dernière à quelques médias, dont Finance et Investissement.
En entrevue, Marie Elaine Farley, présidente et chef de la direction de la CSF, réfute en bloc l’ensemble des allégations de l’article et déplore sa publication. Elle affirme au contraire que le climat est bon et sain.
Un groupe d’une vingtaine d’employés, actuels et anciens, qui se sont confiés au journaliste Gabriel Poirier sous le couvert de l’anonymat, déploreraient « un climat de travail tendu », lit-on dans un article publié le 5 avril dernier. Ce climat de travail expliquerait en partie les quelques 23 départs de membres du personnel de la CSF qu’il a recensés entre janvier 2020 et octobre 2021, selon Droit-inc.
À l’automne 2019, la CSF entamait ce que Marie Elaine Farley qualifie de profonde transformation. L’objectif ? Gagner en agilité et en capacité d’innovation en se centrant davantage sur l’évolution de la profession et sa mission de protection du public, accroître la synergie au sein de l’organisation ainsi que sa souplesse. La CSF révise ainsi sa structure organisationnelle en 2020, créant alors trois postes de vice-président et un regroupement des différentes directions sous les vice-présidences.
En 2020, la transformation à la CSF bouleverse certaines habitudes auprès des employés. Le télétravail complexifie la gestion du changement, admet la CSF. L’OAR connaît du roulement de personnel alors que la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir. « Quelques employés de la Chambre, dont certains occupant des postes clés au niveau des technologies de l’information, ont quitté l’organisation. Cette situation, bien que contrôlée par la Chambre, soulève un risque à considérer », écrit l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans son rapport d’inspection de décembre 2020. Le document ne donne pas davantage de précisions.
En 2020, « on a fait une transformation majeure où on a revu tous les rôles et responsabilités. On a créé de nouveaux postes. On en a aboli. On a dû prendre des décisions qui étaient très difficiles, mais aussi, pour nous, les comportements sont très importants », déclare Marie Elaine Farley.
« On a eu une période de turbulence. Maintenant, on est ailleurs », ajoute-t-elle.
Dans son communiqué, le conseil d’administration de la CSF fait référence à cette période de transformation importante. « Cette opération a entraîné des départs volontaires et parfois involontaires d’employés, mais ils ont tous été traités avec respect. Dans ce processus, la haute direction a fait preuve de détermination en gardant le cap sur les changements essentiels à effectuer », expliquent les représentants du conseil d’administration.
En mai 2021, le conseil d’administration, de concert avec la direction, mandate un expert externe afin de consulter un certain nombre d’employés sur la gestion de changement et sur le climat organisationnel.
« C’est une priorité pour la Chambre de maintenir un climat de travail sain et respectueux et tous les efforts sont déployés en ce sens. C’est d’ailleurs pourquoi, dans ce contexte de grands changements découlant de cette transformation, le conseil d’administration et la direction ont jugé important de consulter les employés ainsi que d’adopter et de mettre en œuvre un plan d’action visant à s’assurer de maintenir un milieu de travail à la fois stimulant et respectueux de tous », lit-on dans le communiqué de la CSF.
En octobre 2021, la CSF présente son plan d’action, qui recommande notamment de « rétablir le canal de communication interne ». Un des défis réside dans le « manque de constance » qui « occasionne des distorsions d’information et de perceptions ».
Parmi les autres défis de la CSF, le plan d’action évoque « l’urgence de certaines opérations » dans un contexte de « limitation de la disponibilité des ressources » et de « manque de ressources opérationnelles ».
La CSF entend prendre diverses mesures afin de bien partager de l’information et « mesurer l’impact de la communication interne en continu grâce à la rétroaction (chiffres, faits, succès et échecs) pour gérer les perceptions et ajuster les plans. »
« On ne peut jamais trop communiquer », dit celle qui se dit fière du travail et de la mobilisation de ses troupes.
Dans son plan d’action, la CSF prévoit entre autres « élaborer un plan d’action incluant les paramètres de gestion de changement » et « mettre en place un comité de travail sur la collaboration transversale ».
« Nous pouvons affirmer que la direction communique avec les employés de façon respectueuse et leur accorde tout le soutien nécessaire afin de maintenir un milieu de travail sain et mobilisant. Le Plan élaboré par la direction de la Chambre a d’ailleurs reçu un accueil chaleureux de la part des employés », ajoutent Georges E. Morin, Anne Côté et Sylvain De Champlain.
En tout, 97 % des 39 employés interrogés sur leur appréciation du plan d’action s’en montraient satisfaits, selon un sondage interne mené le 19 octobre 2021 par la CSF. Le seul commentaire recueilli qui ne soit pas généralement positif ou empreint d’optimisme est le suivant : « Il pourrait être intéressant d’avoir des exemples plus concrets de ce qui sera fait pour mettre en place le plan d’action. C’est très vague comme information et ça ne permet pas vraiment de savoir ce qui sera fait exactement ou les méthodes qui seront utilisées. »
« Nous sommes en contact avec le CA de la CSF afin de nous assurer du suivi des recommandations découlant du rapport produit par un consultant externe sur le climat de travail à la CSF et de comprendre les améliorations qui ont été mises en place ces derniers mois », a dit Sylvain Théberge, directeur des relations médias, Direction des Affaires publiques et des communications, à l’AMF, dans un courriel à Finance et Investissement.
CSF c. Droit-inc
Par ailleurs, dans le communiqué de la CSF, on apprend que celle-ci entend poursuivre Droit-inc pour la diffusion de ces articles.
« Au cours des derniers mois, la direction avait mis en garde Droit-Inc de ne pas diffuser des propos calomnieux qui s’appuient exclusivement sur des témoignages anonymes. Face au refus de ce média numérique de prendre en considération ces mises en garde et en raison de la publication d’un texte qu’elle juge diffamatoire, la Chambre entend exercer les recours que la loi lui octroie en pareilles circonstances », lit-on dans le communiqué.
Selon ce dernier document, la direction et le CA de la CSF ont reçu de nombreux témoignages d’employés qui ont été choqués par les articles de Droit-Inc, car, à leur avis, ils dépeignent injustement une situation qui n’existe tout simplement pas. « Il s’agit vraisemblablement d’une campagne de dénigrement. Nous ne pouvons rester silencieux face à ces allégations vexatoires », ont noté les porte-paroles du CA, dans le communiqué.