Au cours des dernières semaines, les marchés financiers semblaient croire que le coronavirus serait contenu. Toutefois, ils ont déchanté à l’ouverture des marchés le 24 février dernier alors que de nouveaux cas ont été déclarés en Italie, en Corée du Sud et en Iran au cours de la fin de semaine.
Bien que l’Organisation mondiale de la santé ait tenté de rassurer le public en affirmant que la maladie n’était pas encore une pandémie, de nombreux marchés ont réagi. La Bourse de Toronto a reculé de près de 4 % en deux jours. Le Dow Jones a clôturé en baisse de 3,2 % le 25 février dernier et le NASDAQ, à forte coloration technologique, a connu un déclin de 2,8 %, retrace Radio Canada.
Les économistes tentent d’estimer l’impact que ce virus aura sur l’économie, mais il est difficile d’évaluer la gravité de celui-ci, note Rex Nutting dans un article publié sur MarketWatch. Selon lui, les investisseurs commencent maintenant à envisager la possibilité d’une récession mondiale brutale et désastreuse qui serait suivie d’un rebondissement rapide une fois la maladie terminée.
Évidemment, à plus long terme, une pandémie pourrait avoir également des effets plus profonds. Elle pourrait ainsi avoir un impact sur la main-d’œuvre en la diminuant et la rendant moins productive.
Une pandémie pourrait ainsi avoir un impact à court terme sur l’économie mondiale, d’une ampleur et d’une durée similaires à celles d’une récession moyenne d’après-guerre aux États-Unis, évalue le Congressional Budget office (CBO).
Les impacts économiques des pandémies
La plupart des analyses des impacts économiques du coronavirus se fondent sur des pandémies du passé, comme la pandémie de grippe en 1918, la grippe aviaire ou le SRAS. C’est ainsi le cas d’une récente analyse publiée par le Morningstar.
Pour Rex Nutting, ces situations ne seraient toutefois pas comparables. Contrairement à la grippe, personne n’a d’immunité naturelle contre le coronavirus et il n’existe pas de vaccin. Les pandémies récentes n’ont pas été aussi étendues ou mortelles que celle-ci semble l’être, note-t-il encore, surtout que des personnes sans symptôme peuvent transmettre le virus nuisant ainsi aux efforts de contention de la propagation.
Dans une étude réalisée en 2005 et 2006, le CBO avait modélisé l’impact d’une pandémie de grippe de l’ampleur de celle de 1918 sur l’économie et avait constaté qu’une grave pandémie pourrait réduire le produit intérieur brut des États-Unis d’environ 4,5 %, suivie d’un fort rebond.
Dans ses prédictions, une telle pandémie avait des effets sur la demande, avec un déclin de 80 % dans les industries des arts et du divertissement et une baisse de 67 % dans les transports. Le commerce de détail et l’industrie manufacturière chuteraient de 10 %.
Toutefois, la CBO avait alors supposé que 90 millions de personnes aux États-Unis tomberaient malades et que 2 millions en mourraient, ce qui est encore loin des chiffres du coronavirus.
Une mise en quarantaine problématique
Sans aller aussi loin, une grande partie de l’impact économique d’une pandémie est attribuable aux efforts déployés pour la contenir, plutôt qu’aux effets de la maladie elle-même. Pour éviter la propagation, les gouvernements instaurent des mises en quarantaine, arrêtant ainsi une grande partie de l’activité économique.
La mise en quarantaine permet de ralentir la propagation, par contre elle pourrait également entraver les soins en eux-mêmes, prévient Rex Nutting. Le système de soin de santé dépend de médicaments, de fournitures, d’équipements et de produits venant du monde entier, notamment de la Chine. Les mises en quarantaines pourraient ralentir la production et la vente de ces produits retardant les réponses médicales.
Le risque de catastrophe donne à réfléchir. Les économies du monde sont extraordinairement résistantes, mais aussi extraordinairement dépendantes les unes des autres en cas de crise, conclut le journaliste de MarketWatch.