«Ce n’est probablement que la pointe de l’iceberg, puisque la majorité des cas ne sont pas rapportés, ajoute Don Blandin. Et étant donné le vieillissement croissant de la population, la situation n’ira pas en s’améliorant.»
Ces fraudes ne sont pas nécessairement le fait de voleurs professionnels. Selon un autre sondage de l’IPT auprès d’experts du domaine, 79 % d’entre eux considèrent que le vol ou le détournement de fonds ou de propriété par des membres de la famille est la principale forme d’exploitation financière. Ils sont suivis par le vol ou le détournement de fonds par des préposés et des soignants, le vol par de purs étrangers ne venant qu’en troisième place.
Il est certain que cette exploitation financière résulte de la simple naïveté des victimes ou de leurs mauvaises décisions, reconnaît le Dr Robert Roush, professeur au Baylor College of Medecine et chercheur au Huffington Center on Aging, à Houston. Mais dans bien des cas, elle résulte d’un affaiblissement cognitif, car il faut se rappeler «que 35 % des gens de 71 ans souffrent d’un tel affaiblissement, et ce pourcentage passe à plus de 50 % chez les plus de 85 ans», rappelle le spécialiste.
On ne parle pas ici de troubles aussi graves que l’Alzheimer. Un simple diagnostic d’affaiblissement cognitif révèle qu’une personne, qui agit normalement par ailleurs, «va effectuer quatre fois plus d’erreurs de nature financière», note le Dr Roush.
Des signes à surveiller
C’est auprès de cette population que se recrutent les victimes potentielles d’exploitation financière. Quels sont certains des signes les plus évidents qui permettent de les identifier, avons-nous demandé au Dr Roush ? «Une personne qui était toujours soucieuse de sa présentation et qui tout à coup montre qu’elle se néglige est un signal d’alerte», répond-il.
Un autre signe : la perte d’un conjoint, qui peut mener à un deuil profond ou à la dépression.
Si, tout à coup, un client se présente accompagné par un proche, alors qu’il venait vous rencontrer toujours seul auparavant, il faut être vigilant, suggère Dr Roush. «Observez cet accompagnateur. Est-il impatient et brusque avec votre client ? Lui manque-t-il de respect ? Est-il sur la défensive ?»
Tous ces signent indiquent qu’une personne âgée est une victime potentielle, ou même déjà victime d’exploitation financière.
Si un conseiller repère de telles personnes dans sa clientèle, que peut-il faire ? «C’est très difficile d’aborder le sujet directement, reconnaît le Dr Roush. Je crois que la meilleure façon est d’aborder la question d’un point de vue général, en disant par exemple : « Je viens de lire un article qui parle de fraudes s’élevant à 3 G$ auprès des personnes âgées et j’ai décidé de traiter du sujet avec mes clients dans ce groupe d’âge »».