On se rappelle qu’en 2008, le fonds avait perdu 22,4 % de sa valeur. Pour être efficace, le Fonds doit réaliser un rendement qui excède celui des emprunts. Avec la chute des taux d’intérêt survenue en 2020, le coût des nouveaux emprunts a chuté à 1,5 %. C’est la première fois que les taux descendent sous la barre du 2 % depuis 2015. De 2011 à 2014, le taux moyen a été de 3,3 %, alors qu’il était environ de 4,4 % de 2007 à 2010. Pour l’ensemble de la période 2007-2020, le document budgétaire indique une moyenne de 3,2 %.
On se rappelle qu’une somme de 10 milliards de dollars (G$) a été retirée du Fonds des générations au printemps 2019 dans le but de réduire la dette du Québec. À ce moment, tout indiquait que le gouvernement atteindrait son objectif et que la dette brute n’excèderait pas 45% du PIB en 2025-2026.
Puis, la crise sanitaire due à la pandémie de COVID-19 est survenue et entraîna une chute sévère sur les marchés en mars 2020. En matière de synchronisation, c’était assez bon comme geste. Toutefois, depuis mars, tout semble s’être replacé. Ainsi, le Fonds a affiché un rendement de 7,0 % en 2020 (le Régime de rentes du Québec a réalisé 7,4 %). Mentionnons que le rendement enregistré en 2019 a été de 9,5 %. Pour l’ensemble de la période 2007-2020, le document budgétaire fait état d’une moyenne de 5,9 %, soit un gain de 2,7 points de pourcentage.
Au 31 mars 2021, la dette brute du gouvernement du Québec s’élève à 49,5 % du PIB. Le graphique ci-dessous illustre le positionnement actuel versus la tendance baissière qui s’observait depuis 2014.
En comparant ces données fournies par le gouvernement avec la mise à jour économique publiée en novembre 2020, le ratio pour 2021, 2022 et 2023 a chuté respectivement de 1,0 %, 0,8 % et 1,1 %, ce qui montre une légère amélioration. Le ratio demeure néanmoins inférieur à ce qui prévalait de 2009 à 2017.
Malgré les déficits prévus, le gouvernement maintient les versements au Fonds des générations dans un esprit d’équité intergénérationnelle.
L’atteinte de la cible de 45% du PIB en 2025-2026 ne sera vraisemblablement pas atteinte, et le gouvernement révisera la Loi sur l’équilibre budgétaire compte tenu des incertitudes planant sur la situation économique du Québec en lien avec l’évolution de la pandémie.
Notons que deux composantes ont un effet sur le ratio, soit la baisse de la dette brute et la croissance du PIB. Le ministre des Finances entrevoit une croissance du PIB réel de 4,2 % en 2021 puis 4 % en 2022. Le recul a été de 5,2 % en 2020. Il semble que cela ne concernera que le 4e trimestre 2021 et que l’on retrouvera l’activité économique observée lors du 4e trimestre 2019.
L’évolution de la crise sanitaire décidera ultimement du chemin que prendra ce ratio. Vivement le déploiement massif du vaccin pour aider à tracer le chemin.
* Daniel Laverdière est directeur principal, Centre d’expertise, Banque Nationale, Gestion privée 1859.