Selon les mesures de renforcement annoncées au cours du week-end, le Canada emboîtera le pas de nombreux pays européens et d’ailleurs en suivant de plus près de nombreuses offres de transaction jusqu’à ce que l’économie se remette de la pandémie.
« Nous sommes conscients que des pays du monde entier évaluent leur situation et voient que des entreprises qui joueront un rôle important dans notre relance sont peut-être exposées à des achats par des intérêts étrangers pendant une période de vulnérabilité », a dit le premier ministre Justin Trudeau, dimanche.
« Nous allons donc renforcer notre surveillance et porter attention aux investissements étrangers au Canada pour nous assurer que personne ne profite de la crise. »
Les investissements étrangers dans les entreprises canadiennes du milieu de la santé publique ou offrant ce que le gouvernement a défini largement de « services ou biens essentiels » seront suivis d’un peu plus près, selon Innovation, Sciences et Développement économique Canada.
Le gouvernement fédéral aura aussi à l’œil tous les investissements par des entreprises ou filiales avec des liens directs ou soupçonnés avec les gouvernements étrangers. D’autres investissements devront être approuvés par le ministère fédéral de l’Industrie.
Cette hausse de la surveillance survient alors que les pays de partout dans le monde intensifient leur capacité locale de production d’équipement médical et d’équipement de protection personnelle pour les travailleurs de la santé ou les personnes impliquées dans la lutte contre la pandémie de la COVID-19.
« Au moment où nous renforçons notre production intérieure, nous ne voudrions pas voir un investisseur étranger prendre le contrôle de ce qui est produit pour les Canadiens en moment de crise et l’envoyer à l’étranger », a dit Justin Trudeau.
« Nous reconnaissons aussi qu’il y a peut-être des entreprises en démarrage avec des idées brillantes qui ont des problèmes de liquidité présentement et dont nous aurions intérêt à les voir rester canadiennes plutôt que de les laisser être victimes d’intérêts prédateurs étrangers. »
La décision du gouvernement d’ajouter un niveau de sécurité supplémentaire est « prudente » dans le contexte de la pandémie, selon le vice-président des politiques , questions internationales et fiscales au Conseil canadien des affaires, Brian Kingston.
« Étant donné la situation et le fait que la valeur des entreprises est à la baisse, il y a un risque que des entreprises associées à d’autres gouvernements dans le monde tentent de profiter du contexte pour faire des acquisitions », a-t-il dit.
Brian Kingston a toutefois indiqué qu’il espérait que ces nouvelles mesures étaient temporaires, autant au Canada qu’ailleurs, étant donné le besoin du Canada de se fier aux échanges et aux intérêts étrangers pour faire prospérer son économie.
« J’espère que ce n’est pas un ajustement permanent vers un plus haut niveau de protectionnisme », a-t-il ajouté.