Cette abolition survient alors que le Groupe TMX planifie une «revitalisation» de la Bourse de croissance (annoncée par voie de communiqué le 1er décembre), dont les grandes lignes seront bientôt exposées dans un livre blanc.
L’abolition du poste de Louis Doyle survient aussi au moment où le Groupe TMX fait face à une concurrence vive des plateformes alternatives, à l’effondrement des prix des matières premières, sans parler de la faiblesse persistance des nouvelles entrées en Bourse au Canada.
Joint par Les Affaires, Louis Doyle a refusé de nous parler. Selon son profil LinkedIn, il occupait ce poste depuis octobre 1999.
C’est l’année où les Bourses canadiennes – Vancouver, Alberta, Toronto et Montréal – se sont restructurées, et que le parquet montréalais a perdu le négoce des actions pour se concentrer dans les produits dérivés (options, contrats à terme, etc.).
Le Groupe TMX a donné peu d’informations aux questions de Les Affaires à propos de cette suppression de poste.
« Je peux confirmer que M. Louis Doyle n’est plus un employé du Groupe TMX. Nous ne sommes pas en mesure de faire davantage de commentaires sur des questions concernant des employés», écrit dans un courriel le porte-parole Mathieu Labrèche.
Il précise que «plusieurs employés de la Bourse de croissance TSX et de la Bourse de Toronto travaillent à Montréal et continueront à servir la région du Québec avec rapidité et efficacité».
L’abolition du poste de Louis Doyle est vue de manière très différente auprès des sources de l’industrie financière, qui préfèrent garder l’anonymat.
Effritement de la place financière montréalaise?
Pour une source, l’abolition de ce poste de vice-président témoigne de l’effritement de la place financière montréalaise.
« On n’augmente pas les effectifs à Montréal, on les réduit», dit cette source. Selon elle, cette décision du Groupe TMX survient alors que le «sell side» – les émetteurs de valeurs mobilières et les acteurs de l’industrie, comme les courtiers et les analystes – est en train de disparaître graduellement à Montréal.
En revanche, une autre source affirme que la décision du Groupe TMX n’est qu’une décision d’affaires, et qu’il est difficile d’y attribuer une quelconque portée.
«Cette décision montre-t-elle un désintérêt du Groupe TMX pour le Québec? La réponse est non», dit cette source, en précisant que le secteur financier est sous pression aux quatre coins du monde et que les Barclays et HSBC de ce monde suppriment massivement des postes pour demeurer compétitifs.
Pour sa part, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) demeure prudent en ce qui a trait à l’abolition de ce poste, affirmant être «neutre» à ce moment-ci.
«Mais si on assiste à une levée de boucliers d’émetteurs, estimant qu’il est plus difficile d’avoir accès au marché boursier à partir de Montréal, nous ferons des représentations auprès du Groupe TMX», affirme Normand Caron, conseiller spécial au MÉDAC.
Joint par Les Affaires, le cabinet du ministre des Finances, Carlos Leitão, a préféré ne pas commenter «la gestion interne» au Groupe TMX, et sa décision d’abolir le poste de Louis Doyle.
«Pour l’instant, on ne voit pas d’impact, et il n’y aura probablement pas d’impact non plus quant aux services offerts à la clientèle québécoise selon les informations que nous avons», affirme l’attachée de presse du ministre, Nathalie Roberge.
Du côté de l’opposition péquiste, c’est l’inquiétude. «Je suis inquiet. On verra avec le temps. Mais il n’y a aucune raison de croire qu’il s’agit d’une bonne nouvelle», affirme l’ancien ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, aujourd’hui critique en matière de finance au parti québécois.
Selon lui, l’abolition du poste de vice-président de la Bourse de croissance TSX à Montréal «pourrait signaler une perte d’influence» de la place financière montréalaise.