Trois femmes leaders ont partagé les défis qu’elles ont dû surmonter lors de leur cheminement vers les sommets de l’industrie financière, lors d’un panel donné à l’occasion de la conférence Femmes dans l’industrie financière, à Montréal le 5 juin dernier
Même si elles ont des parcours variés, Geneviève Blouin, Présidente et Fondatrice d’Altervest ; Annie Lapointe, Directrice générale, Services bancaires aux entreprises et investissements, BMO Marchés des capitaux et Maarika Paul, chef de la Direction financière et des Opérations à la Caisse de dépôt et placement du Québec, s’entendent que pour réussir en tant que leader, il faut savoir s’entourer et bien communiquer.
Les trois femmes ne pensaient pas arriver là où elles en sont aujourd’hui et pourtant… Selon elles, ce qui leur a permis d’accéder au poste qu’elles occupent, c’est leur capacité à collaborer. En étant un leader, il faut savoir gérer une équipe et pour cela, rien de mieux que de savoir comment travailler avec d’autres personnes.
« On ne peut pas être expert en tout, il faut savoir déléguer », résume Maarika Paul.
La communication avant tout
Être un leader, ça veut dire gérer une équipe et le secret pour cela n’est autre que l’écoute et la communication affirment les trois panelistes. L’écoute permet de savoir quels sont les besoins de son équipe et de quels outils ses membres ont besoin pour réaliser les tâches qu’on leur a confiées.
« Si on ne communique pas et que notre équipe ne comprend pas pourquoi on décide de faire quelque chose, ou au contraire, de ne pas agir, on ne pourra pas avancer. Même si ce n’est pas toujours facile d’y penser, la communication est essentielle », soutient Maarika Paul.
Communiquer veut aussi dire écouter les membres de son équipe. Un bon leader est quelqu’un qui connaît personnellement ses employés. Maarika Paul estime que si on n’est pas capable de retenir les informations personnelles sur les membres de son équipe, il ne faut pas hésiter à les noter quelque part.
« Créer un climat d’écoute encourage vos employés à venir vers vous s’ils ont besoin d’aide », souligne Geneviève Blouin.
La communication signifie également qu’il ne faut pas avoir peur d’aller chercher de l’aide. Geneviève Blouin se souvient ainsi du moment où elle a créé le Conseil des gestionnaires émergents (CGE). À l’époque, elle avait formé une équipe, mais dès la première réunion, elle s’est rendu compte que cela ne fonctionnait pas. Elle est donc allée chercher un mentor dans l’industrie pour savoir quel était le problème. Celui-ci lui a permis de comprendre que les personnes autour de la table travaillaient pour eux et non pour leur communauté. Plus tard, c’est également lui qui l’a aidée à prendre sa place et s’imposer dans le nouveau groupe qu’elle a formé.
Être résilient et oser créer des précédents
En étant une femme dans une industrie d’hommes, il ne faut pas craindre de créer des précédents. Annie Lapointe se souvient ainsi que lorsqu’elle est tombée enceinte, c’était la première fois que son équipe était confrontée à une telle situation. Ceux-ci s’inquiétaient beaucoup de la façon dont tout allait se dérouler et lui parlait de femmes qu’ils connaissaient qui étaient parties deux mois. Annie Lapointe n’a pas eu peur de dire que ce n’était pas ce qu’elle allait faire car elle-même comptait prendre un an et ses collègues l’ont accepté.
Maarika Paul confirme que si les femmes sont parfois plus réservées, il faut oser prendre sa place et poser ses limites. Il faut aussi comprendre qu’un leader reste un être humain, il ne peut donc pas tout faire et est capable de se tromper.
Afin de concilier leur rôle de leader et leur rôle de mère, les trois expertes estiment qu’il faut faire preuve d’une certaine résilience et surtout savoir bien s’entourer.
« Il faut apprendre à vivre avec la culpabilité. On ne peut pas être partout, souligne Annie Lapointe, il faut donc savoir tourner les coins ronds. Il faut également savoir s’entourer autant au bureau qu’à la maison. »
Geneviève Blouin la rejoint sur ces points et avoue qu’elle n’aurait pas pu s’occuper de ses enfants et travailler sans avoir de l’aide. Elle-même a pris un long congé de travail pour être là pendant les premières années avec ses enfants. Elle avoue cependant que cette situation ne pouvait pas être permanente, car à un moment elle n’avait plus l’impression de s’épanouir.
« Si tes enfants sentent que tu n’es pas heureuse, ça ne fonctionne pas non plus, assure-t-elle. Je suis donc retournée au travail. C’est vrai que maintenant je vois peut-être mes enfants moins souvent que je le voudrais, mais je me sens plus épanouie. »
Si l’on voit qu’être une femme leader dans un milieu masculin implique un certain nombre de difficultés, ces trois femmes prouvent qu’il est possible de faire sa place et de s’épanouir.