« La chose la plus importante et de loin, c’est la réduction graduelle des liquidités par les banques centrales. C’est vraiment fondamental. Depuis la crise, les marchés étaient propulsés par la contribution des banques centrales », a-t-il indiqué, en précisant que les beaux jours étaient terminés.

Il a souligné que la Banque d’Angleterre avait ce jeudi relevé son taux directeur, et dit s’attendre à ce que la Banque centrale européenne fasse de même à l’automne.

M. Sabia a précisé que les banques centrales normalisaient les conditions de crédit pour de bonnes raisons. Plus tôt, il avait expliqué que des conditions monétaires favorables avaient notamment poussé vers le haut plusieurs actifs plus risqués.

À cette importante opération de diminution de la liquidité sur les marchés, s’ajoute la menace du protectionnisme, a fait valoir le président de la Caisse.

« Le problème est plus large que la renégociation de l’ALENA. Ce qui inquiète, c’est ce qui pourrait se passer demain, un conflit entre les deux géants économiques (la Chine et les États-Unis) qui s’aggraverait et pourrait déstabiliser la chaîne d’approvisionnement mondiale ».

M. Sabia a en outre estimé que la progression du PIB (réel) de 4% au deuxième trimestre aux États-Unis était insoutenable. Il a dit s’attendre à un ralentissement, vers la fin 2018, début 2019, alors que le programme de stimulation fiscale de l’administration Trump aura fait un tour de roue et fera face à des comparables plus difficiles.

Il a parlé de la « résilience aberrante » du marché des actions aux États-Unis, alors que, depuis le début de l’année, les autres marchés dans le monde piétinent ou sont dans le rouge. Une résilience qu’il a attribuée aux titres de la technologie, dont il a semblé douté pour la suite des choses. « Il suffit de voir ce qui est arrivé avec Facebook et Twitter la semaine dernière, c’est fragile », a-t-il lancé.

La Caisse dit avoir un positionnement défensif

L’institution, dont les portefeuilles ont progressé de 3,3% dans les premiers six mois de 2018, et de 9,9% à chaque année dans les derniers cinq ans (portefeuille de référence respectivement à 3,5% et 9%), dit s’être positionnée défensivement dans les dernières années pour mieux faire face à une éventuelle volatilité sur les marchés. Tout en continuant de rechercher d’intéressantes occasions.

Appelé à illustrer cette position défensive, M. Sabia a parlé des investissements de la Caisse dans les infrastructures, qui génèrent des rendements courants. Il a aussi parlé de l’investissement dans Bombardier Transport, qui garantit des planchers de rendement. Au passage, il a levé son chapeau à la direction de Bombardier pour ses résultats du dernier trimestre (publiés aujourd’hui). Il a enfin cité le portefeuille Actions Qualité Mondiale, qui investit dans des multinationales, « des sociétés au rendement plus stable et moins volatile ».

Le numéro un de la Caisse a dit croire qu’il faudrait vraisemblablement attendre en première moitié de 2019 avant de mieux apprécier la situation liée aux menaces protectionnistes et de resserrement monétaire.

Il a dit être « personnellement » très à l’aise avec la position de négociation du gouvernement du Canada dans le dossier de l’ALENA. « Ils gèrent ce processus de négociation de très bonne façon. Ils ont une position ferme, c’est la bonne chose à faire avec toutes sortes de demandes. Ils gardent le cap, ce n’est pas une crise, il n’y a pas de panique ».