La présidente et chef de la direction de la CSF, Marie Elaine Farley, a indiqué que l’entente «permet aux participants de poursuivre l’accomplissement de leurs missions respectives». Mario Grégoire, président du CDPSF, a pour sa part souligné être «heureux du dénouement du règlement, qui va nous permettre d’assurer la pérennité du CDPSF et de déployer notre mission».
L’entente, dont le contenu demeure confidentiel, met un terme au protocole qui liait le CDPSF et la CSF. La fin des hostilités a été accueillie avec enthousiasme dans l’industrie où bon nombre s’inquiétaient de voir le conflit s’éterniser.
«Je suis bien content ! Je pousse un grand soupir de satisfaction parce que tout le monde peut maintenant se concentrer sur sa mission», s’exclame Daniel Guillemette, président de Diversico et ancien membre du conseil d’administration de la CSF.
Même son de cloche chez Frédéric Perman et Hugo Neveu, tous les deux représentants régionaux du CDPSF.
«Je suis content que cette guerre de clocher se termine, lance Frédéric Perman, vice-président développement des affaires chez Financière S_Entiel. La CSF n’aimait peut-être pas perdre certaines responsabilités face à un organisme indépendant comme le CDPSF. Ça a contribué à créer une certaine insécurité, c’était à la base du conflit. Une fois que la CSF a été sécurisée et que le CDPSF a pu positionner sa mission, le conflit s’est dénoué».
«C’est une très bonne nouvelle», indique pour sa part Hugo Neveu, président du cabinet Hugo Neveu Services financiers, qui estime que la prochaine priorité du CDPSF devrait être de prendre contact avec tous ses membres.
Priorité : recrutement
Bien qu’il n’ait pas encore été informé du contenu de l’entente survenue entre la CSF et le CDPSF, Hugo Neveu croit que le CDPSF aurait obtenu la liste complète des 32 000 professionnels membres de la CSF. En date du 16 décembre 2016, le CDPSF avait 4 400 membres.
«Maintenant, ça prend un communiqué clair, net et précis qui expliquera la mission, le mandat et la vision du CDPSF, dit-il. Ça devrait être fait par vidéo plutôt que par un écrit que les conseillers ne liront pas.»
Frédéric Perman pense aussi que le recrutement des membres a souffert du conflit : «Le CDPSF n’a jamais pu s’épanouir dans des communications efficaces. Pourtant, des choses ont été faites, comme Unité 10 qui est un élément préventif permettant non seulement au conseiller d’être en règle, mais aussi d’utiliser la conformité comme outil de développement des affaires».
Il faudrait ensuite s’attarder à la protection des conseillers indépendants, selon Daniel Guillemette : «Il faut remonter de plusieurs crans le professionnalisme dans l’industrie et aider les conseillers à traverser la tempête technologique. Les plus vulnérables sont les indépendants. Ils n’ont pas les moyens de s’équiper technologiquement, et pourtant, le public a besoin d’eux ! La voie de l’avenir pour le conseil indépendant est une coopérative dont le CDPSF pourrait être un des aidants».
Le CDPSF devrait aussi bien définir son offre de formation, suggère Frédéric Perman : «Le CDPSF devrait donner de la formation sur une culture générale du marché. Des sujets, comme le comportement des consommateurs, l’utilisation de la technologie dans le processus de vente ou encore la meilleure façon d’embaucher d’une adjointe, pourraient être abordés. Le monde a changé, on ne peut plus offrir seulement des formations axées sur les produits que les conseillers peuvent avoir auprès du manufacturier».
Une offre de formation claire et définie permettra au CDPSF de ne pas être perçu comme un concurrent à d’autres organisations : «Avec ses formations, le CDPSF entrait en concurrence avec certains agents généraux et réseaux carrière. Ces entreprises voyaient mal un organisme faire un travail dont elles avaient jusqu’ici le privilège».
Voix discordantes
Le mouvement associatif doit-il miser sur une voix unique pour se faire entendre ? Les intervenants interrogés par Finance et Investissement pensent que non. Selon eux, le CDPSF et l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) ont des missions différentes.
«Je vois ça un peu comme une situation de « bon cop » et de « bad cop », estime Daniel Guillemette. Le « bon cop », c’est le CDPSF, et le « bad cop », c’est l’APCSF. En parlant fort, l’APCSF peut faire des gains que le CDPSF ne pourrait jamais faire, parce qu’ils n’ont absolument pas les mêmes méthodes.»
Frédéric Perman abonde dans le même sens : «L’APCSF va davantage opérer comme un syndicat dans une optique de revendication, tandis que le CDPSF est davantage un mouvement associatif qui vise à apporter un tronc commun efficace pour aider l’industrie à s’orienter afin de mieux faire face au marché d’aujourd’hui et de demain».
«Politiquement parlant, ce serait bien de dire qu’il devrait y avoir unification, mais pour faire cela, on devrait créer un consensus qui diminuerait les forces des deux organismes. L’APCSF et le CDPSF sont des organisations qu’on a tendance à mettre en opposition, alors qu’elles n’ont pas la même mission», ajoute Frédéric Perman.
Hugo Neveu souligne que le CDPSF n’a pas une mission de contestation. Selon lui, l’organisme doit offrir des outils et une certaine protection aux membres de l’industrie.
«Dans une perspective plus large, on souhaite à l’industrie un ordre professionnel ou du moins quelque chose qui s’y apparente beaucoup, soutient-il. Nous voulons une voix qui nous représente et, surtout, y être bien représenté. Ça exige donc une implication des conseillers qui s’y intéressent et qui, le jour du vote, vont élire quelqu’un qui les représente. On veut la réussite du CDPSF et sa survie au cours des prochaines années. Est-ce que j’imposerais une adhésion obligatoire [aux conseillers] ? Des modifications non négligeables doivent être faites à la structure, mais après avoir fait ces changements, je l’imposerais.»