Au Québec, «la proportion d’étudiants étrangers en finance dans les universités québécoises a connu une croissance constante au cours des dix dernières années, passant de 6 % en 2001 à plus de 13 % en 2011.»
Si l’on ajoute à ces chiffres le nombre d’étudiants résidents permanents, on atteint un taux de 28,2 % d’étudiants étrangers dans les universités québécoises.
«Nous avons effectivement remarqué que les étudiants étrangers étaient très nombreux. Des Européens, et surtout des Français, démontrent de l’intérêt. Nous avons aussi beaucoup d’étudiants asiatiques. Il y a un attrait réel pour Montréal», constate Éric Lemieux, directeur général de Centre financier international et de Finance Montréal.
Le rapport le confirme : «Il y a un très fort engouement pour les études en finance chez les étudiants étrangers de toutes origines. […] La seule exception à cette règle est celle des étudiants américains. Même si ces derniers constituent le deuxième contingent le plus important d’étudiants étrangers au Québec, nos programmes de finance ne semblent pas exercer un pouvoir d’attraction sur eux.»
90 % à l’ESG-UQAM
La problématique est encore plus complexe à Montréal, où les étudiants étrangers sont encore plus nombreux.
«Nous assistons à une internationalisation de nos programmes depuis quelques années. De plus en plus d’étudiants étrangers s’inscrivent à l’École des sciences de la gestion (ESG-UQAM). Environ 90 % de nos étudiants étrangers sont inscrits dans des programmes de finance. Ils ont soit un visa d’étudiant, soit leur résidence permanente», explique Stéphane Pallage, doyen de l’ESG-UQAM.
Il précise d’ailleurs que l’ESG-UQAM est l’école de gestion la plus importante du point de vue de la taille dans la francophonie, avec près de 14 000 étudiants. À cet atout, s’ajoute la langue officielle du Québec, qui attire principalement les étudiants d’Afrique du Nord, en plus des Français.
«Nous avons également un peu plus de 100 partenariats internationaux. Nous cultivons les liens avec les universités étrangères ; et l’ESG bénéficie ainsi d’une certaine publicité à l’étranger», ajoute le doyen de l’ESG-UQAM.
«Pour beaucoup de ces étudiants, la finance, c’est l’Amérique du Nord. Ils sont donc attirés par le fait de recevoir une formation assez différente de celle qu’ils peuvent avoir ailleurs, notamment dans les universités européennes ; et surtout proche du marché. En effet, nous sommes plus axés sur la pratique que sur la théorie», renchérit Maher Kooli, professeur et titulaire de la Chaire Caisse de dépôt et placement du Québec de gestion de portefeuille à l’ESG-UQAM.
De hautes études
Au Québec, «la présence des étudiants étrangers est particulièrement marquante dans les baccalauréats en finance, les diplômes d’études supérieures spécialisées (DESS) et les maîtrises en administration des affaires (MBA) en finance, où elle oscille entre 20 % et 27 %. Les étudiants étrangers sont peu présents dans les programmes en actuariat», souligne le rapport sur le portrait de la population étudiante.
À l’ESG-UQAM, on compte environ 200 étudiants du deuxième cycle en finance qui se spécialisent en gestion de portefeuille, en ingénierie financière et en finance d’entreprise. Ceux qui étudient dans ces branches se tournent principalement vers la profession d’analyste financier.
«Nous avons une soixantaine de diplômés sur le marché chaque année», confie Maher Kooli.
Selon lui, «les étudiants étrangers ne restent pas tous à Montréal, entre autres parce que les métiers en finance se font rares depuis la crise financière. Sans compter la concurrence des autres universités, donc les étudiants qui restent sont ceux qui ont le potentiel d’aller très loin dans leur carrière.»
Finance Montréal s’interroge d’ailleurs quant aux moyens d’intégrer davantage cette main-d’oeuvre déjà formée, notamment par l’intermédiaire de stages, mais surtout, de la conserver ici (lire l’article en p. 38).
La rétention des étudiants étrangers représente en effet un enjeu de taille, puisqu’il s’agit de conserver des personnes compétentes qui peuvent jouer un rôle important dans l’industrie financière québécoise.
À noter : il existe un site Internet destiné aux étudiants étrangers : www.maplaceauquebec.ca